Coronavirus en Nouvelle-Aquitaine : « Tuer dans l’œuf le début de toute épidémie, pour éviter tout cluster »
Covid-19 Les autorités sanitaires en Nouvelle-Aquitaine annoncent que 9.000 tests par jour pour dépister le coronavirus, seront réalisables à partir du 11 mai, ceci afin d'éviter la naissance de cluster
- La préfète de Nouvelle-Aquitaine, ne nie pas qu’un risque de déconfinement mal maîtrisé existe, mais estime que les habitants ont suffisamment pris conscience de la dangerosité de la maladie.
- Pour le Dr Daniel Habold, il faudra rester très prudent, d’autant plus que de nouveaux foyers en milieux professionnels ont été identifiés ces derniers jours.
- La vie de tous les jours après le 11 mai, ne sera pas la même que celle d’avant le confinement, insistent les autorités.
- La préfecture indique par ailleurs que la région sera en capacité de réaliser 9.000 tests du coronavirus par jour à partir du 11 mai, ceci afin de tuer dans l’œuf les clusters.
Avec 838 personnes hospitalisées (+ 13 par rapport à la veille) recensées ce mercredi, et moins de 300 dècès depuis le début de l’épidémie, la Nouvelle-Aquitaine reste relativement épargnée par le coronavirus en France. « Nous connaissons aussi une baisse des patients en réanimation, avec 191 patients hospitalisés dans nos services, soit cinq de moins par rapport à la veille, ce qui nous laisse de manière stable un tiers de lits disponibles », analyse ce mercredi le directeur de la santé publique à l’ARS de Nouvelle-Aquitaine, le Dr Daniel Habold.
Cette situation privilégiée de la Nouvelle-Aquitaine, va-t-elle inciter ses habitants à se « lâcher » davantage au moment du déconfinement progressif, le 11 mai ? « On peut le craindre mais je n’y crois pas trop, estime la préfète de la région, Fabienne Buccio. Le citoyen a bien suivi ce qu’il se passait ailleurs en France, et il y a une vraie prise de conscience par rapport à la dangerosité de cette maladie. Nous sommes un peu privilégiés par rapport à cette épidémie c’est vrai, mais aussi plus fragile car le taux d’immunité qui est déjà faible au niveau national est encore plus faible chez nous. Il faut au contraire que l’on soit très prudent. »
« Il ne faut rien lâcher »
Le Dr Daniel Habold estime également qu’il y a un risque, mais considère aussi que « tout le monde a pris la dimension de ce qu’était cette affaire, et est à l’écoute des bonnes pratiques. » Il insiste : « Il ne faut rien lâcher, et ne pas croire que l’on va essayer d’avoir une immunité collective », d’autant plus que « d’un point de vue scientifique on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une fausse bonne idée : les pays qui se sont engagés dans cette voie ont rebroussé chemin, notamment parce que la connaissance de ce virus ne permet pas de dire s’il est protecteur. Donc il prévaut de rester le plus prudent possible, en étant hyperresponsable. »
D’autant plus que l’ARS a vu des foyers inquiétants émerger ces derniers jours, « que ce soit en entreprise autour du week-end de Pâques, ou avec des travailleurs saisonniers qui ramassaient des asperges cette semaine » relève le Dr Daniel Habold. Chaque fois, l’épidémie s’est déclarée « dans les lieux d’hébergement, de restauration collective ou de rassemblement à la pause », et « cela va forcément se répéter. » « Il faut donc que nous soyons en capacité de prévenir ces foyers, de les identifier et de les traiter, au fur et à mesure que le déconfinement aura lieu, pour éviter de créer des clusters. »
9.000 tests par jour pour tuer dans l’œuf les clusters
« Le ramassage de fraises, d’asperges, le travail dans les vignes est très important en ce moment, mais le logement des travailleurs saisonniers en promiscuité ne peut plus avoir lieu, insiste le directeur de la santé publique. Ça ne peut plus être comme avant. » Idem dans les entreprises où des « mesures de distanciation physique devront être prises, quand le télétravail n’est pas possible. »
« Il faut tuer dans l’œuf les clusters, martèle le préfet délégué à la défense et à la sécurité, Martin Guespereau. Il faut dire à nos concitoyens qui se projettent sur l’après 11 mai, qu’on ne sera plus du tout dans le même univers qu’il y a un mois. » Mais la préfecture se veut aussi rassurante auprès des travailleurs : « Il y a un mois le CHU de Bordeaux effectuait 200 tests par jour, on sera à 9.000 tests par jour pour la région Nouvelle-Aquitaine au 11 mai. Cela veut dire que toute personne qui va rentrer dans une entreprise, a l’assurance que si un premier cas apparaît dans un groupe, elle aura accès à des tests pour tuer dans l’œuf le début de toute épidémie, et éviter tout cluster. »
« Les plages ont un effet attractif, or nous luttons contre les attroupements »
Quant aux loisirs, il y a des risques qu’ils restent restreints. Les restaurants ne rouvriront pas tout de suite. Et il est possible que l’on n’ait pas encore accès aux plages de la région dès le 11 mai. « L’accès aux plages reste formellement interdit jusqu’au 11 mai, souligne Fabienne Buccio. On attend le cadrage général pour voir si l’on commence à rouvrir à partir du 11 mai, ou si pendant un temps on continue à interdire ces lieux. » La préfète rappelle que cette décision, « nous l’avons prise de façon coordonnée, car on risquait de se retrouver avec un afflux de personnes sur les plages. Les plages ont un effet attractif, c’est-à-dire que l’on pousse les gens à sortir de chez eux, or, nous luttons précisément contre les rassemblements. »
C’est aussi pour cette raison que le gouvernement devrait se prononcer pour le maintien, dans un premier temps, de la limitation des déplacements interrégionaux. « On ne veut pas 300.000 personnes sur les plages », explique une source gouvernementale à France Télévisions. Une restriction qui pourrait durer jusqu’à mi-juin, date à laquelle un premier bilan du déconfinement sera effectué.