Coronavirus : Les familles monoparentales et les personnes âgées isolées touchées de plein fouet par le confinement selon l’Insee
ETUDE Selon des données publiées ce mardi par l’Insee, cinq millions de personnes vivent actuellement dans un logement surpeuplé
- Plus de cinq millions de personnes vivent actuellement dans un logement surpeuplé en France, un phénomène que l’on retrouve majoritairement dans les grandes agglomérations.
- Les familles monoparentales d’enfants de moins de 10 ans sont les plus durement touchées.
- En cette période de confinement, près de 2,4 millions des personnes qui vivent seules sont âgées de 75 ans ou plus.
Jamais les inégalités économiques et sociales n’auront été plus visibles qu’en cette période de confinement. Décrété depuis le 17 mars en France pour endiguer l’épidémie de coronavirus, ce dispositif d’isolement de la population a aussi pour conséquence de dégrader les conditions de vie de millions de ménages.
Dans une étude publiée ce mardi, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) met en lumière les fortes disparités qui traversent aujourd’hui notre société en matière de logement et d’isolement à l’heure de la lutte contre le Covid-19.
Des logements trop petits pour 5 millions de Français
Un chiffre mis en avant dans les données de l’Insee permet de mesurer l’impact du quotidien confiné. En France, l’institut estime que cinq millions de personnes vivent actuellement dans un logement suroccupé. Cela signifie qu’il manque à un ménage au moins une pièce par rapport à une occupation jugée normale (une pièce de séjour, une pièce pour chaque personne) par rapport à la taille de cette famille. À noter toutefois que les personnes habitant seules dans un studio, comme beaucoup d’étudiants ou de jeunes actifs par exemple, n’ont pas été comptabilisées dans cette étude.
Contactée par 20 Minutes, Valérie Darriau, cheffe de la division Statistiques et analyses urbaines de l’Insee, détaille : « Cette suroccupation se concentre dans les grandes agglomérations et touche principalement les ménages les plus modestes, les familles monoparentales et les couples avec enfants âgés de moins de dix ans ». Près de 25 % de ces couples avec des enfants en bas âge sont concernés.
Et cette situation touche davantage d’habitants des quartiers dits « prioritaires » (QPV) d’Ile-de-France avec plus de 25 % des ménages touchés. Ce taux grimpe encore plus dans certaines communes : à Grigny (Essonne) par exemple, la part de familles vivant dans un logement jugé trop petit pour la taille du ménage concerne plus d’un tiers des habitants.
Grand âge, isolement et précarité
Autre point souligné par l’étude : la part importante de personnes âgées parmi les personnes vivant seules en cette période de confinement. Au total, 16 % de la population vie seule, soit 10,5 millions de personnes. Parmi elles, un peu plus de deux millions sont âgées de 75 ans ou plus. Là encore, le phénomène se concentre majoritairement dans les grandes agglomérations.
À cela s’ajoutent parfois d’autres facteurs qui fragilisent davantage. « Parmi ces personnes âgées seules, on a aussi regardé la part de personnes pauvres. C’est un indicateur qui nous semblait important et cela concerne près de 270.000 personnes en Métropole. Dans certaines régions, Corse, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine par exemple, on mesure des taux de pauvreté importants par rapport à la moyenne nationale », poursuit Valérie Darriau.
Le manque d’accès à Internet pour une partie de cette population peut aussi favoriser cet isolement. Dans son étude, l’Insee précise que « 12 % de personnes n’ont toujours pas accès à Internet à leur domicile, quel que soit le type d’appareil (ordinateur, tablette ou téléphone portable) ». Un pourcentage qui varie là aussi selon les territoires et l’âge de la population puisque 53 % des personnes âgées de 75 ans ou plus sont dépourvues de connexion.