Coronavirus : « Ils nous ont dit ne pas avoir entendu parler du confinement parce qu’ils ne regardent que Netflix ! »

CONFINEMENT Les forces de l’ordre sont parfois confrontées à des gens faisant preuve de mauvaise foi pour justifier leur déplacement ou l’absence d’attestation

Thibaut Chevillard
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Une policière contrôle le justificatif d'un automobiliste sur la Promenade des anglais à Nice.
Une policière contrôle le justificatif d'un automobiliste sur la Promenade des anglais à Nice. — AFP
  • Confinés, les Français sont obligés, s’ils veulent sortir de chez eux, de remplir une attestation de déplacement dérogatoire.
  • En cas d’oubli, ils peuvent recevoir une amende de 135 euros.
  • Les forces de l’ordre constatent que certains font preuve d’imagination pour tenter de se justifier, soit parce que leurs déplacements ne sont pas prévus par le décret du 23 mars 2020, soit parce qu’ils ont oublié leur attestation.

De mauvaise foi, les Français ? Certains, en tout cas, ne manquent pas d’imagination pour tenter de justifier leurs déplacements. Aux forces de l’ordre qui contrôlent les attestations légitimant leurs sorties, ils n’hésitent pas à fournir des explications peu crédibles pour échapper à l’amende de 135 euros. « En général, les gens ont bien leur attestation, mais elle n’est pas forcément toujours bien remplie », nous explique le commandant Mathieu Legrand, porte-parole de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) du Nord. Nombreux, dit-il, sont ceux qui essaient aujourd’hui de « prolonger un peu la durée de sortie du domicile ».

Illustration dans l'Essonne. « L’autre jour, nous avons contrôlé une dame au volant de sa voiture, qui nous a affirmé qu’elle continuait de rouler pour recharger sa batterie », sourit un officier de gendarmerie. Et des exemples de ce type, il n’en manque pas. « On a contrôlé un monsieur sur la RN20 qui se trouvait à une quinzaine de kilomètres de chez lui. Il nous a expliqué qu’il avait eu une absence, qu’il n’avait pas fait attention et qu’il avait continué à rouler plein sud ! » Il y a aussi ce couple, contrôlé à Fleury-Mérogis, venu faire des courses depuis Mantes-la-Jolie ( Yvelines), à 80 km de là. Ils ont assuré, sans rire, qu’ils ne connaissaient que ce magasin-là.



Pêche, chicha et barbecue

Mais les militaires ne sont pas dupes et souvent, la sanction tombe. « Nous essayons le plus possible de faire preuve de discernement, mais quand nous sommes face à des gens qui sont clairement de mauvaise foi, c’est compliqué. Il y a des limites ! S’il y avait des championnats de mauvaise foi, certains auraient une belle médaille », ajoute un autre gendarme de ce département francilien. Et de poursuivre : « Lundi, nous avons contrôlé des personnes qui nous ont livré des explications farfelues alors que visiblement, elles rentraient de vacances ! On a aussi eu des gens qui nous ont dit qu’ils n’avaient pas entendu parler à la télé du confinement parce qu’ils ne regardent que Netflix ! »


Les gendarmes de l’Essonne, qui listent sur leur compte Twitter ce genre d’anecdotes, le rappellent : Le charbon à chicha ne fait pas partie des achats de première nécessité, comme le pensaient pourtant quatre jeunes contrôlés alors qu’ils partaient en chercher chez une connaissance. La pêche n’est pas considérée – en ce moment du moins – comme une activité sportive. Il n’est pas possible de remplir à toute vitesse une attestation au moment du contrôle des forces de l’ordre. Et en avoir une n’autorise pas les gens à prendre l’apéro ou à partager un barbecue dans la rue avec des amis, même avec l’arrivée des beaux jours.

Lapin en laisse

Autre exemple, à Nice cette fois. Des policiers de la ville ont eu bien du mal à croire ce garçon qu’ils contrôlaient alors qu’il était seul dans la rue. L’adolescent leur a expliqué qu’il revenait de chez un copain, chez qui il était allé jouer à la console. Les agents lui ont alors rappelé qu’il était pourtant interdit de sortir de son domicile durant le confinement sans motif valable. « Il a répondu qu’il en avait marre de jouer à la console depuis vingt jours et qu’il devait rentrer chez lui ! » nous raconte, amusé, un fonctionnaire.

Il y a quelques semaines, le colonel Laurent Langelier, commandant du groupement de gendarmerie des Landes, confiait à 20 Minutes n’avoir « jamais vu autant de personnes se mettre au sport et promener des animaux qu’en ce moment ». Là encore, certains font preuve d’imagination pour essayer de rentrer dans les clous du décret du 23 mars 2020. Un couple, qui vraisemblablement ne possède pas de chien, a été verbalisé fin mars à Apt (Vaucluse) alors qu’il sortait… Un lapin en laisse. Dans le Doubs, un homme et une femme ont été contrôlés alors qu’ils étaient en plein ébats dans une voiture. Lui avait pris soin de cocher la case « activité physique ».