Coronavirus en Bretagne : La région en appelle à l’Etat et l’Europe pour relancer son usine de masques

EPIDEMIE Dans les Côtes-d’Armor, une usine de production de masques a fermé ses portes il y a deux ans, après la délocalisation du groupe Honeywell en Tunisie

Camille Allain
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L'usine de fabrication de masques de Plaintel, ici photographiée en 2003, a fermé en 2018.
L'usine de fabrication de masques de Plaintel, ici photographiée en 2003, a fermé en 2018. — Maisonneuve / SIPA
  • Une usine de production de masques a fermé il y a deux ans à Plaintel, dans les Côtes-d’Armor en raison de la délocalisation du site.
  • L’ancien directeur de l’usine souhaite relancer la production, ce qui prendra « au moins dix-huit mois ».
  • La région Bretagne et le département des Côtes d’Armor soutiennent l’initiative mais demandent à l’Etat et l’Europe de s’engager sur des commandes pour pérenniser le site.

L’usine de fabrication de masques de Plaintel va-t-elle renaître de ses cendres ? Pas impossible. Moins de deux ans après la fermeture du site des Côtes-d’Armor par le groupe américain Honeywell, de nombreuses personnes se mobilisent pour relancer la production d’un site qui fabriquait plusieurs dizaines de millions de masques par an. A commencer par l’ancien directeur du site Jean-Jacques Fuan, qui réfléchit à monter une nouvelle structure. La région Bretagne et les Côtes d’Armor ont confirmé leur intérêt pour ce projet et « confirment leur disponibilité ». Mais les collectivités demandent « des engagements clairs » de la part de l’État et de l’Europe « pour garantir l’avenir d’un tel site ».



Tout le monde s’accorde pour dire que la fermeture de l’usine de Plaintel est « un gâchis industriel ». La reprise du site par le groupe américain Honeywell est même vécue comme une trahison par les anciens salariés, qui ont vu leurs emplois être délocalisés en Tunisie et leurs machines être démontées et vendues à des ferrailleurs. Moins de deux ans après, la fermeture du site a pris un écho particulier alors que la France peine à se procurer des masques pour se protéger du coronavirus. La volonté affichée du président Emmanuel Macron de « relocaliser » la production en France pour éviter la dépendance au marché chinois n’a fait que renforcer ce sentiment. « Il ne nous appartient pas de refaire le match, quoique nous pensions de ce gâchis industriel », assure Loïg Chesnais-Girard.

« Un beau projet qui parle aux Bretons »

Associé au président du conseil départemental des Côtes-d’Armor Alain Cadec, le président de la région Bretagne dit « partager le souhait » de voir l’industrie se réimplanter sur son territoire et confirme « la disponibilité pour étudier tout projet ». « La fabrication de masques à Plaintel est un beau projet qui parle aux Bretons. Mais notre responsabilité est de nous assurer de la viabilité du projet, au-delà de la crise, pour éviter de conduire les acteurs dans une impasse. »

L’élu socialiste prévient en revanche de la nécessité d’obtenir « des commandes stratégiques de long terme » notamment de la part de l’Union européenne et de l’État. « Des contacts ont été pris ces derniers jours sur ce point », précise la région. La collectivité a par ailleurs nommé l’ancien secrétaire d’État Guy Hascoët comme chef de cette mission de relance. Fortement mobilisé pour produire des masques commandés par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot lors de la grippe H1N1, le site de Plaintel avait tourné le dos à ses clients privés pour répondre à la demande publique. Mais quand l’État s’était désengagé, l’usine avait rapidement décliné jusqu’à fermer en 2018.

D’après l’ancien directeur Jean-Jacques Fuan, relancer une usine prendra « au moins dix-huit mois », le site ayant été vendu et les machines ayant disparu. « On ne peut pas redémarrer une usine qui n’existe plus », rappelait le maire de Plaintel Joseph Le Vée.