Coronavirus à Sète : Une usine flottante fabrique un million de flacons de solution hydroalcoolique par semaine
EPIDEMIE L'« ODeep One », qui mettait de l’eau de mer en bouteilles, a transformé son outil de production pour se mettre au service de la nation en produisant du gel hydroalcoolique
- A Sète, à bord de l’« ODeep One », 39 marins et chimistes fabriquent des flacons de solution hydroalcoolique, une denrée frappée par la pénurie en France.
- Jusqu’ici, dans cet imposant navire usine, était mis en bouteilles de l’eau de mer.
- L’entreprise indique être en mesure de fabriquer un million de flacons par semaine.
« Je ne suis pas réquisitionné, mais je me considère comme tel ! Tant que le pays aura besoin de notre capacité de production, nous serons là. » A Sète, Régis Revilliod s’est lancé dans une course effrénée à la production de solutions hydroalcooliques.
Le capitaine de l’ODeep One, un imposant ferry transformé en « navire usine » et amarré au port de l’Ile singulière, mettait jusqu’ici en bouteilles l’eau de mer, puisée à 300 mètres de profondeur. Une boisson « riche de 78 minéraux », dont l’armateur n’a de cesse de rappeler les bienfaits pour l’organisme. Mais tandis que sévit l’épidémie de Covid-19, Régis Revilliod a mis son usine flottante au service de la nation.
« Porter secours à l’humanité, c’est dans l’ADN des marins »
« L’eau de mer attendra », confie-t-il à 20 Minutes. Depuis le 1er avril, à bord de l’ODeep One, 39 marins et chimistes, confinés à bord, produisent des tonnes et des tonnes de solutions hydroalcooliques, pour contribuer à lutter contre la pénurie. « Porter secours à l’humanité, comme nous le faisons en mer, c’est dans l’ADN des marins, souligne Régis Revilliod. Tandis que l’on entendait parler d’un manque de solutions hydroalcooliques en France, mon fils Carl, notre directeur de flotte, m’a fait remarquer que nous avions à bord trois millions de préformes [les tubes de plastique qui deviennent, une fois soufflés, des bouteilles] à bord. Nous ne pouvions pas rester sans rien faire ! »
Après avoir fait une analyse méticuleuse des risques « pour passer de l’eau à l’alcool », le capitaine a adapté en quelques jours son outil à la fabrication de solutions hydroalcooliques. Avec une force de frappe immense : l’ODeep One fabrique chaque seconde sept flacons de 600 ml de solution hydroalcoolique, dont la recette a été validée par un pharmacien de Sète. Soit un million par semaine dans les prochains jours, espère le capitaine. En réutilisant les bouteilles, qui jusqu’ici, étaient destinées à accueillir l’eau de mer transformée, sur laquelle il faudra visser « n’importe quelle pompe ». « Vous la vissez, et ça fonctionne, un coup de chance, non ? », sourit Régis Revilliod.
Ces précieux flacons seront prioritairement destinés au personnel soignant, aux pompiers, aux forces de l’ordre ou à la protection des employés du secteur privé, notamment dans la grande distribution. « Ça rentre, ça sort, jour et nuit, nous sommes à flux tendu », note Régis Revilliod. Et « ce n’est pas une question d’argent », ajoute le capitaine d’ODeep One, qui rappelle que les prix sont réglementés. Une initiative bienvenue, validée par les services de l’Etat, apprend-on auprès de la préfecture.