Coronavirus : Nicole Belloubet opposée à une libération « générale » des détenus non jugés

ENFERMEMENT Ces hommes et femmes, placés en détention provisoire, représentent presque un tiers des détenus dans les prisons françaises

20 Minutes avec AFP
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Nicole Belloubet, le 17 février 2020 à Paris.
Nicole Belloubet, le 17 février 2020 à Paris. — Ludovic Marin / AFP

Pas de sortie de prison envisagée pour les détenus en détention provisoire. La garde des Sceaux Nicole Belloubet s’est dite ce jeudi « opposée » à une mesure « générale » de libération des détenus pas encore jugés, en pleine crise du Covid-19. « Nous procédons, pour des raisons sanitaires, à des libérations anticipées » de personnes condamnées en fin de peine, a en revanche rappelé la ministre de la Justice sur France Inter.

« Je suis opposée à une mesure générale qui viserait à libérer toutes les personnes qui sont en détention provisoire », a-t-elle affirmé. Les prisons françaises, qui souffrent de surpopulation chronique, comptaient au 1er janvier 70.651 détenus pour 61.080 places opérationnelles. Parmi eux, plus de 21.000 (29,8 %) sont des prévenus, incarcérés dans l’attente de leur jugement.

Un risque de passage à l’acte

« La détention provisoire est faite pour des personnes qui sont dangereuses au sens où il y a soit un risque de passage à l’acte à nouveau, soit un risque de pression sur les victimes, soit un risque de destruction de preuves », a relevé Nicole Belloubet.

« Ce principe-là, il me semble difficile de le généraliser », a-t-elle déclaré. Nicole Belloubet a indiqué avoir toutefois « demandé aux procureurs de la République de ne proposer la détention provisoire que pour des détenus qui sont très dangereux », pendant l’état d’urgence sanitaire. Par ailleurs, « du fait d’une activité juridictionnelle réduite, il y a beaucoup moins d’entrées en détention. Depuis le début du confinement, il y a déjà 1.600 détenus en moins par rapport au chiffre précédent », a-t-elle souligné, sans préciser ce chiffre.

450 détenus confinés dans des zones Covid-19

La ministre de la Justice a présenté mercredi en Conseil des ministres quatre ordonnances, dont l’une permet de simplifier la libération de détenus arrivant à la fin de leur peine de prison. « Entre 5.000 et 6.000 » prisonniers pourraient ainsi bénéficier d’une libération anticipée. Nicole Belloubet s’est dite « attentive à prendre toutes les mesures » pour éviter une propagation de l’épidémie dans le huis clos de la détention, notamment dans les maisons d’arrêt où les cellules sont souvent triplées, et où les gestes barrière sont difficiles à mettre en place.

Selon la garde des Sceaux, « 10 détenus ont été testés positifs au Covid-19 et 450 environ » présentant des symptômes sont actuellement « confinés dans des ailes aménagées à cet effet ». Plusieurs mesures de « protection sanitaire » ont été prises, notamment la suspension des parloirs, mais aussi la distribution de quelque « 116.000 » masques aux surveillants pénitentiaires, a rappelé Nicole Belloubet.