Nantes : En mars, les bières des hommes moins remplies au bar pour dénoncer les inégalités salariales
JOURNEE DES DROITS DES FEMMES L’opération « Fameuses hours » est menée pendant le mois de mars dans une trentaine de bars de la région nantaise
- Afin de sensibiliser aux inégalités salariales, certains bars nantais, dont le Nid, se mobilisent.
- Ils ont décidé de remplir aux trois quarts seulement le verre des hommes, afin de symboliser le fait que ces derniers gagnent en moyenne 25% de plus que les femmes, en France.
« Deux pintes d’ambrée s’il vous plaît ». Scène banale à l’heure de l’apéro. Mais dans une trentaine de bars de Nantes et du département, cette phrase pourrait donner lieu à des prises de conscience, surtout si les clients sont de sexe différent. Pendant tout le mois de mars, et en écho à la journée des droits des femmes célébrée ce dimanche, se déroule une opération originale appelée « Fameuses hours », dans le cadre du Printemps des Fameuses. Le concept : servir aux hommes un verre rempli aux trois quarts seulement, afin de matérialiser les inégalités salariales. En France, les hommes gagnent en moyenne 25 % de plus que les femmes (et les Pays de la Loire n'échappent pas à la règle).
Au comptoir du Nid, tout en haut de la tour Bretagne, un quarantenaire tique en constatant l’espace entre le mousse et le haut de son verre. Quelques secondes de flottement, et le serveur dévoile le pot aux roses. « Ah, ça surprend, réagit le client. Je me disais que l’hospitalité nantaise, ce n’est plus ce que c’était ! » Un kit de communication (affiches, sous bock) a été créé pour que le message passe le mieux possible. Et pour ne froisser personne, le dispositif prévoit évidemment que le barman ajoute le complètement, après l’explication. « Dans la majorité des cas, ça se passe bien, rapporte une serveuse du Nid, où l’opération a été testée l’an dernier. En fait, ça fait plutôt rire les femmes lorsqu’elles sont avec leur conjoint ! »
Le poids des représentations
Si ça en reste généralement là, c’est tout de même l’occasion pour certains de se livrer un peu plus sur le sujet. Charlotte et Benoît, deux anciens collègues qui travaillent en cabinet d’avocat, rapportent avoir souffert moins des inégalités de salaire que des représentations encore très prégnantes en entreprise, par exemple sur la question des enfants. « D’un côté, il y a encore un plafond de verre pour les femmes. On imagine qu’en tant que mères, elles auront moins de temps à consacrer au travail, donc c’est plus dur pour elles d’avoir accès aux responsabilités », estiment-ils. « D’un autre côté, ce n’est pas évident pour un homme de prendre un congé paternité. Quand je l’ai fait, on m’a bien fait comprendre que ce n’était pas très bien vu », raconte Benoît.
Pour le Printemps des fameuses, dont le temps fort est prévu le 20 mars prochain, l’objectif est de pouvoir parler de ces sujets à l’occasion de « moments plus légers », à l’extérieur de la sphère de l’entreprise. Mais tout le monde ne semble pas encore totalement prêt à recevoir le message… « J’ai cru que ce verre était destiné à ma femme, assure un homme, devant son demi incomplet. Je me suis dit pourquoi pas, vu qu’elle ne tient pas très bien l’alcool ! »
Chacun à sa sauce
Chaque bar partenaire met en place l'opération comme il le souhaite. Au Nid, ça se passe le soir du mercredi au vendredi. Stereolux l'expérimentera à l'occasion de divers concerts et lors des In-visibles, du 12 au 15 mars.