Conférence nationale du handicap : Quelles nouvelles mesures vont être annoncées pour les personnes handicapées ?
INCLUSION Ce mardi, Emmanuel Macron préside à l’Elysée cet évènement, très attendu par les associations
- Emmanuel Macron préside ce mardi à l’Elysée une Conférence nationale du handicap (CNH), très attendue par les associations, qui réclament des avancées.
- La scolarisation des enfants en situation de handicap, mais aussi la manière de favoriser l’emploi et les démarches des personnes handicapées seront abordées, avec des annonces à la clé.
- Le collectif Handicaps, qui regroupe 47 associations sera très attentif aux annonces.
Il y a 15 ans, c’était une petite révolution. Le 11 février 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées était promulguée. Avec de nouveaux droits à la clé.
Des progrès qui seront mesurés lors de la 5e Conférence nationale du handicap, présidée ce mardi par Emmanuel Macron. Sans occulter le chemin qu’il reste à parcourir pour que les personnes handicapées vivent mieux dans notre pays. « Cette conférence tombe à mi-mandat, ce sera donc aussi l’occasion de tirer un bilan de l’action du gouvernement dans le champ du handicap, mais aussi de donner des perspectives », explique l’Elysée. Un rendez-vous très attendu par les associations qui estiment que le compte n’y est pas.
Le gouvernement très attendu sur la question de la scolarisation
Là où le gouvernement est le plus attendu, c’est d’abord sur la question de la scolarisation des enfants handicapés. L’objectif qu'« aucun enfant ne soit sans solution de scolarisation à la rentrée prochaine » sera ainsi annoncé, indique l’Elysée. Pour se faire, il devrait tabler notamment sur la mutualisation des AESH (Accompagnants d’enfants en situation de handicap), c’est-à-dire le fait qu’ils interviennent auprès de plusieurs enfants, voire dans différents établissements.
« Si c’est le moyen pour que les enfants qui ont besoin d’accompagnement suivent davantage d’heures de classe, pourquoi pas. Mais c’est une mesure à encadrer, car il ne faut pas qu’un AESH s’occupe d’un trop grand nombre d’enfants et qui auraient des handicaps trop différents », juge Arnaud de Broca, président du collectif Handicaps, qui regroupe 47 associations.
Pour simplifier la vie des familles, l’exécutif souhaite aussi faire entrer davantage les équipes médico-sociales (kiné, orthophoniste…) dans les écoles. « Les parents n’auront plus à courir d’un rendez-vous à un autre », promet l’Elysée. Un module de formation au handicap sera aussi intégré à la formation initiale des enseignants. « C’est absolument nécessaire, mais il ne faut pas que ce soit un module d’une heure, mais bien une formation complète qui permette d’appréhender différents types de handicaps », estime Arnaud de Broca.
Autre avancée de taille : le diagnostic précoce des enfants entre 0 et 6 ans va être étendu jusqu’à 12 ans inclus. Avec un reste à charge zéro pour les familles. « C’est une mesure positive car certains troubles sont parfois compliqués à dépister. Et cela permettra un meilleur accompagnement derrière », poursuit Arnaud de Broca. Un numéro de téléphone national, le 360 sera aussi ouvert en 2021 pour permettre aux parents de trouver des solutions.
Faciliter et accélérer les démarches
Parallèlement, pour les enfants ou les adultes qui en ont besoin, des places d’hébergement dans des instituts vont voir le jour : « On va en créer 1.000 supplémentaires ainsi que 2.500 places passerelles, qui permettront aux adultes un accompagnement progressif vers l’autonomie. Celles-ci s’ajouteront au 2.500 places déjà prévues », indique l’Elysée. Une urgence quand on sait qu’actuellement 6.500 adultes et 1.500 enfants sont partis vivre en Belgique, faute de places en France et que 500 déménagent chaque année pour cette raison.
« On veut trouver des alternatives pour éviter ces départs forcés », indique le secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées. Des chiffres qui suscitent la prudence chez Arnaud de Broca : « Les annonces de places, il y en a souvent. Mais il faut voir si elles seront concrétisées et dans quel délai », prévient-il.
Autre objectif du gouvernement : faciliter les démarches auprès des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui décident l’ouverture des droits à des prestations (allocations, orientation vers un établissement ou service médico-social…). Actuellement, les délais d’instruction d’un dossier sont en effet très variables d’un territoire à un autre (de deux à dix mois). Dans certaines régions, il faut ainsi attendre plusieurs mois pour toucher l’AAH (allocation pour adulte handicapé).
« On va fixer une garantie de délai à trois mois maximum pour l’octroi de l’’AAH d’ici à 2021 », précise l’Elysée. « Reste à savoir comment le gouvernement réussira à faire respecter ce délai. Cela nécessitera beaucoup de moyens », commente Arnaud de Broca. Une nouvelle aide va aussi être créée : le droit à la parentalité, qui prendra la forme par exemple, d’une aide extérieure pour effectuer certains gestes du quotidien, comme donner le bain à son enfant, le faire dîner…
Booster l’emploi des personnes handicapées
L’un des points noirs de la situation des personnes handicapées est leur taux de chômage qui reste deux fois plus élevé que la moyenne nationale. Et alors que la loi oblige les entreprises de plus de 20 employés à embaucher 6 % de personnes en situation de handicap, sous peine de pénalités financières, les entreprises privées de plus de 20 salariés comptaient 3,5 % de personnes handicapées parmi leur personnel en 2018.
Le gouvernement annoncera ce mardi son souhait de passer de 4.000 apprentis à 10.000 dans les deux ans, ce qui favorisera ensuite les embauches en CDI. Les CDD tremplin qui permettent aux travailleurs handicapés de passer d’une entreprise adaptée à une entreprise classique seront aussi facilités. Et l’exécutif compte inciter davantage d’entreprises à signer le « Manifeste pour l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde économique » (130 l’ont déjà fait). « Mais, cela ne suffit pas, car il faut aussi lutter contre les discriminations à l’embauche », insiste Arnaud de Broca.