Réforme des retraites : Les avocats toujours massivement mobilisés
CONTESTATION Les actions de contestation se multiplient
Rassemblements, robes noires jetées à terre ou accrochées aux grilles des palais : les avocats se sont à nouveau massivement mobilisés ce lundi contre la réforme des retraites, alors que les représentants de la profession étaient reçus à la Chancellerie.
Ils étaient plusieurs dizaines, réunis en silence, sur les marches du palais de Justice de Paris. Signe d’une colère qui dure, à Marseille, les avocats ont couvert de rouge l’épitoge d’ordinaire blanche de leur costume, puis suspendu leurs robes aux grilles. Même image à Lyon, où la « mort de la profession » a été symbolisée par des robes noires pendues aux rambardes des escaliers du tribunal.
Des bâtonniers dans les roues de la réforme
Le projet de réforme prévoit notamment de doubler les cotisations retraite (de 14 à 28 %) pour les avocats gagnant moins de 40.000 euros par an, et les pensions, actuellement au minimum de 1.400 euros net, passeraient à 1.000 euros, selon le Conseil national des barreaux (CNB) qui représente les 70.000 avocats français.
A l’issue d’une réunion de plus de deux heures avec la ministre Nicole Belloubet et Laurent Pietraszewski, le monsieur retraite du gouvernement, la présidente du CNB Christiane Féral-Schuhl, entourée du bâtonnier de Paris Olivier Cousi et la présidente de la Conférence des bâtonniers Hélène Fontaine, a déclaré n’avoir reçu « aucune nouvelle proposition » mais « senti que nos interlocuteurs étaient très préoccupés par la situation de crise ».
Reconduction de la grève pour une semaine
« Nous avons exigé que des garanties soient apportées sur l’autonomie de notre régime (…), pour que les avocats ne perdent pas un euro. Des propositions vont être formulées par écrit dans la semaine », a-t-elle indiqué à la presse. De nombreux barreaux ont voté la reconduction de la grève pour une semaine. Partout des audiences sont renvoyées ou perturbées : à Lyon, le très attendu procès pour agressions sexuelles de l’ex-prêtre Bernard Preynat a été suspendu jusqu’à mardi.
« C’est très lourd pour les avocats deux semaines de grève mais nous n’avons aucune réponse du gouvernement, on ne comprend pas cette réforme, alors que nous ne coûtons rien au contraire », a affirmé le bâtonnier de Clermont-Ferrand, Philippe Gatignol.
Robe à terre et poing en l’air
A Saint-Etienne, les avocats ont jeté leur robe à terre, comme l’avaient fait leurs collègues de Caen devant la garde des Sceaux Nicole Belloubet la semaine dernière. A Chambéry, les avocats envisagent une grève encore plus dure, avec une cessation de toute activité, à l’exception du contentieux de la liberté.
A Grenoble, la poursuite du mouvement a été votée à la quasi-unanimité : « C’est une grève dure des audiences, des désignations d’office et de la défense d’urgence », a déclaré Evelyne Tauleigne, bâtonnier du barreau de Grenoble qui compte près de 600 avocats.