Calais : Polémique sur le secours aux migrants après un nouveau décès
HUMANITE Associations et partis de gauche dénoncent un nouvel arrêté de la maire LR de Calais qui rend plus difficile le travail des humanitaires
La polémique sur les conditions d’accueil des migrants et migrantes à Calais a enflé samedi après la mort d’un jeune exilé, les associations et la gauche dénonçant une situation « indigne », aggravée par un arrêté municipal pris à l’occasion des festivités culturelles. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un jeune Nigérian âgé d'« environ 22 ans » est décédé en essayant de faire « un petit feu dans une boîte de conserve pour cuisiner et se réchauffer » dans sa tente, rue des Huttes.
« Ce décès est vraiment symbolique au moment où la municipalité a voulu écarter les migrants et les bénévoles qui les aident du centre-ville pour des raisons, entre guillemets, d’ordre public », a déclaré samedi François Guennoc, vice-président de l’Auberge des migrants. Jeudi, une vingtaine d’associations et collectifs d’aide aux migrants et migrantes avaient en effet dénoncé un arrêté municipal pris le 18 octobre par la maire de Calais Natacha Bouchart (LR), ayant pour effet d’interdire, selon elles, les distributions de repas en centre-ville, comme « relevant de l’incitation à la haine ».
« L’arrêté de la honte »
Cette décision – justifiée notamment par « les troubles à l’ordre public (…) générés par les attroupements de migrants » – a été prise pour garantir « la bonne organisation » et la « sécurité » des festivités culturelles à Calais : 300.000 personnes sont en effet attendues ce week-end, pour un spectacle urbain de trois jours autour d’un gigantesque dragon.
Dans un communiqué intitulé « L’arrêté de la honte », plusieurs partis politiques de gauche – Europe-Ecologie – Les Verts, Générations, La France insoumise, le Parti communiste et le Parti socialiste de Calais et du Calaisis – ont dénoncé « un nouvel épisode d’une démarche politique malsaine désormais bien rodée, qui stigmatise et divise au lieu de rassembler et de partager ». Sollicitée, la municipalité n’a pas souhaité communiquer sur le sujet.
« Les manquements criants de l’État »
La polémique intervient alors que plusieurs migrants sont décédés ces dernières semaines en tentant de rejoindre l’Angleterre. Mi-octobre, deux migrants ont été retrouvés morts sur une plage au Touquet, une première dans le Pas-de-Calais. Huit jours plus tard, les corps de 39 migrants et migrantes étaient retrouvés dans un camion frigorifique près de Londres.
A l’approche de l’hiver, les associations déplorent « les manquements criants de l’État face à ses responsabilités en matière de droits des exilés ». « Entre autres, face à la chute des températures, aucune mise à l’abri pérenne n’existe, ce qui expose les personnes exilées à des risques potentiellement mortels », ont-elles insisté. Selon les associations, des maraudes et distributions de repas continuent « en s’adaptant » pour les « 400 à 500 » exilés et exilées se trouvant actuellement à Calais dans l’espoir de rejoindre les côtes britanniques.