Laïcité : « Le communautarisme, ça n’est pas le terrorisme »… Macron appelle à renforcer le « vivre-ensemble »

RELIGION Le président s’exprime alors qu’une polémique sur le port du voile a été lancée par un élu du Rassemblement national de Bourgogne-Franche-Comté

20 Minutes avec AFP
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Emmanuel Macron sur l'île de Grande Glorieuse, le 23 octobre 2019.
Emmanuel Macron sur l'île de Grande Glorieuse, le 23 octobre 2019. — JACQUES WITT / POOL / AFP

Emmanuel Macron l’avait déjà dit il y a quelques jours, il le répète : il faut être « intraitable » contre le communautarisme. Le président s’est exprimé lors de son vol au retour de La Réunion vendredi. En parallèle, le chef de l’Etat, qui a rencontré des responsables musulmans ce lundi, a dit vouloir faire avancer la réforme de l’islam.

Dans un entretien diffusé lundi sur RTL, le chef de l’Etat assure ne pas vouloir « céder à la précipitation » sur ce sujet inflammable afin de ne pas participer à une « sorte de confusion collective » entre terrorisme et islam, près d’un mois après la tuerie de la préfecture de police perpétrée par un musulman radicalisé. « A chaque fois, on dit, quand le pays s’embrase : faut que le président parle de laïcité, parce qu’on confond les sujets. On ne me demande pas de parler de laïcité, on veut que je parle d’islam », affirme-t-il dans cet entretien.

Dans certains endroits, « un séparatisme »

Accusé d’inertie ou de complaisance par l’opposition de droite, le chef de l’Etat promet toutefois des mesures « dans les semaines qui suivent » contre le communautarisme musulman. « Le communautarisme ça n’est pas le terrorisme, beaucoup de gens là aussi confondent. Mais c’est le fait que dans certains endroits de notre république il y a un séparatisme qui s’est installé, c’est-à-dire la volonté de ne plus vivre ensemble, de ne plus être dans la république, et au nom d’une religion, l’islam, en la dévoyant », a détaillé le chef de l’Etat, en appelant à renforcer l’action de l’Etat sur ce terrain.

« Ce qui veut dire avoir des mesures d’interdiction ; ce qui veut dire dissoudre parfois certaines associations encore davantage ; ce qui veut dire interdire certaines pratiques qui se sont installées et qui ne sont pas conformes aux lois de la République », et en résumé « être intraitable avec les lois de la République », a-t-il insisté.

Une parole forte du CFCM

Parallèlement, le président rencontrait ce lundi les représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) pour faire avancer la réforme de l’islam menée, selon lui, « à bas bruit » depuis plusieurs mois et récemment mise en suspens. Pour le chef de l’Etat, « il faut que le CFCM ait une parole forte sur la place du voile, les femmes, l’école républicaine. Il faut un discours clair pour ne pas laisser perdurer l’ambiguïté dont s’alimentent les radicaux. »

« Les Français qui croient dans une religion, sans que l’on cherche quel est leur niveau de croyance, doivent respecter les lois de la République », a insisté le président, cité par Christophe Castaner, présent à La Réunion. Le ministre de l’Intérieur a expliqué que sa feuille de route était d’associer le CFCM « à une réflexion sur le renforcement de la lutte contre la radicalisation », afin de proposer d’ici à la fin novembre des mesures au président et au Premier ministre. « Il faut voir comment nos concitoyens dont la religion est l’islam peuvent vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République », a expliqué le chef de l’Etat, après une nouvelle polémique sur le port du voile, relancée par un élu RN de Bourgogne-Franche-Comté.

Manifestation contre l’islamophobie

Le Sénat examinera mardi une proposition de loi des Républicains (LR) visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires. Selon un sondage Ifop-JDD, trois Français sur quatre sont favorables à une telle interdiction.

Les représentants musulmans crient, eux, à l’amalgame et entendent faire part au chef de l’Etat de leur « inquiétude » sur la question du voile devenue, selon eux, « une affaire hystérique menée par certains hommes politiques ». « Nous sommes des citoyens français, nous respectons les valeurs de la République », a expliqué dimanche à l’AFP Abdallah Zekri, délégué général du CFCM et président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, à la veille de la rencontre avec Emmanuel Macron. Dimanche, plusieurs centaines de personnes se sont d’ailleurs rassemblées à Paris pour dire « stop à l’islamophobie » et dénoncer une instrumentalisation politique du débat.