La grève à la RATP est-elle finalement une bonne chose pour les usagers ?
POSITIVISME Vous n’avez pas pris le métro ce vendredi à la suite de la grève RATP et cela a ruiné votre journée ? A « 20 Minutes », on a décidé de lister les points positifs que cette grève peut avoir pour les usagers
- C’est la grève de la RATP ce vendredi à Paris. Seules deux lignes de métros fonctionnent.
- Alors que tout le monde parle d’une « journée noire » et « chaotique », ne faut-il pas y voir des effets positifs à cette grève, même pour les usagers ?
Sommes-nous aliénés au point de regretter de ne pas avoir été parqué dans le métro dès 7h00 du matin ? Faut-il vraiment regretter cette grève de la RATP, en se pressant sur les seules lignes ouvertes comme un accro au crack se jetterait sur de la mauvaise poudre ? A 20 Minutes, on a tranché en faisant de mauvaise fortune bon télétravail. Depuis notre home office, nous avons décidé de mettre la plume dans la gaieté et de lister la foule d’avantages et de points positifs que possède cette grève pour les usagers.
La grève, l'anti métro-boulot-dodo
« Une grève, c’est comme un voyage : cela casse la routine et cela permet de s’ouvrir au monde », annonce Ghislaine Gallenga, anthropologue du monde de l’entreprise. Une grève, c’est l’occasion parfaite pour que les travailleurs « réfléchissent aux modalités du travail et se requestionnent sur la société. Cela leur permet de s’ouvrir à d’autres choses, de chercher des alternatives, et finalement, de remettre en question une routine qui semblait jusque-là inscrite dans le marbre », analyse-t-elle.
Ghislaine Gallenga cite également Marcel Mauss, illustre confrère, évoquant dans la grève « un fait social total, qui va tout bousculer et faire bouger les choses, forçant tout le monde à se positionner », notamment avec des rencontres atypiques tranchant avec notre quotidien. « Une grève apporte aussi excès de solidarité. Les véhicules prennent plus de gens en stop, le covoiturage augmente, on est amené à croiser des gens avec qui on ne parlerait pas d’habitude. Le fait d’avoir les mêmes problèmes que les autres nous rapprochent », décrit-elle.
La grève, réveil de la conscience politique
Une grève, c’est comme la saison 8 de Game of Thrones : vous êtes forcé d’avoir un aviss. Autrement dit, votre opinion devient une pensée politique. « La grève a un effet incitatif, avoir des contraintes de déplacement force les gens à réfléchir et à s’engager en étant pour ou contre. En cela, la grève est structurante pour la société car elle empêche la dépolitisation de ses membres, en plus d’avoir un effet boule de neige, à savoir de favoriser la naissance d’autres grèves », explique Ghislaine Gallenga.
Autre exemple cité par l’anthropologue, les « gilets jaunes » : « des personnes à l’origine apolitique ou ne s’engageant plus et qui ont retrouvé une pensée politique ».
La grève, l’occasion du « vélotaf »
On l’a vu, une grève, ça bouleverse notre quotidien, et notamment nos déplacements. Pour Mélanie, trentenaire et militante vélotaf sur le compte Twitter Méli-vélo, sait que ce genre d’événement est l’occasion d’en parler : « Tous n’ont pas encore le réflexe de penser au vélo. En étudiant la question, certains se rendent compte que finalement, le trajet n’est pas si long, qu’il y a des infrastructures sécurisées… C’est au moins l’occasion d’essayer ! » Et elle l’assure : « Essayer le vélotaf, c’est l’adopter ! »
Elle énumère les avantages : « le développement du vélotaff combiné à une amélioration des transports en commun peut permettre de réellement réduire l’impact environnemental de nos trajets quotidiens. » Mais aussi « le fait d’être active sur mon trajet et en extérieur. De plus, je sais précisément le temps que je mets pour aller au travail et c’est beaucoup plus fiable qu’en transport ou en voiture. Fini les messages à mes supérieurs " Panne dans le métro, j’aurai trente minutes de retard ! " »
La réveil, le patrimoine français
Pendant l’heure de pause déjeuner, on s’est rendu à l’office du tourisme de notre arrondissement pour savoir si cette grève gênait les touristes. Mathilde, qui se charge de répondre aux questions des nouveaux arrivants, les trouve étrangement très enthousiastes à l’idée de galérer dans les transports : « La France dans l’imaginaire, c’est le romantisme, Zidane, et les grèves. En visitant Paris alors que le métro est bloqué, les touristes ont l’impression quelque part de découvrir la vraie France, comme s’ils allaient dormir chez l’habitant. Et puis, flâner dans Paris… »
A se demander si on ne ferait pas rentrer la CGT au Panthéon à côté de Hugo et Voltaire. Maxime, un Belge en visite dans notre beau pays, nous le confirme : « Je vais vivre ma première grève française, c’est super ! Ça fait partie de votre patrimoine ». On le vanne, nous, sur son absence de gouvernement et de défense sur corner en demi-finale ?