Rentrée scolaire : Pourquoi des lycéens vont démarrer les cours plus tard
REVEIL MATIN Cinq lycées d’Ile-de-France testent les horaires décalés dès cette rentrée. Le but : améliorer le sommeil des adolescents, et leurs performances en cours
- Dès ce lundi 2 septembre, 514.096 lycéens font leur rentrée scolaire en Ile-de-France.
- Dans la région, cinq lycées vont tester les horaires décalés. Au lieu de commencer à 8h, les adolescents rentreront en cours à 9h.
- Une expérimentation en laquelle croient les lycées pour améliorer les résultats de leurs élèves.
Eviter les coups de barre en classe, voilà l’objectif de la région Ile-de-France en cette rentrée 2019. Alors que 514.096 lycéens retrouvent les salles de cours ce lundi, certains pourront programmer leur réveil un peu plus tard. La raison : l’expérimentation des horaires décalés. Dès cette semaine, dans cinq lycées franciliens, des centaines d’élèves commenceront les cours à 9h du matin, au lieu des 8h habituels.
Le Lycée des métiers de l’horticulture et du paysage, situé à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, fait partie des établissements qui vont tester ce dispositif. Sur un total de 28 classes, 8 vont désormais commencer les cours à 9h quatre jours par semaine. D’autres élèves expérimenteront également les horaires décalés entre deux et trois jours dans la semaine.
Objectif : améliorer les résultats des élèves
Si le lycée horticole de Montreuil s’est porté volontaire pour ce test, c’est parce que ses chefs d’établissement portent l’espoir de voir augmenter la réussite de leurs élèves. « C’est un pari que nous faisons, quand on voit la fatigabilité des enfants », indique la proviseure Corine Koch, qui voit certains adolescents attendre devant le portail de l’établissement dès 7h30, alors qu’ils ne rentrent en classe qu’une heure plus tard. « On a constaté qu’un élève qui arrive plus tard en cours assimile mieux les connaissances », confirme Axel Balme du Garay, proviseur adjoint de l’établissement.
Interrogée par 20 Minutes en janvier dernier, Claire Leconte, professeure émérite en psychologie de l’Education et chercheuse en chronobiologie, indiquait qu’au moment de la puberté « on assiste à un retard des phases physiologiques. Le soir, les adolescents vont naturellement s’endormir une heure plus tard qu’ils ne le faisaient avant et le matin, ils vont se réveiller plus tard aussi. » Coller au rythme naturel des enfants pour optimiser leur réussite, voilà l’objectif premier de cette mesure.
L’espoir d’une mesure efficace
Après avoir abordé le sujet en conseil d’administration, et à la suite d’une concertation avec les parents d’élèves et les professeurs, le proviseur adjoint du lycée horticole de Montreuil a donc fait tout son possible afin d’optimiser l’emploi du temps de ses adolescents. « C’est la première année de mise en place. Il va de soi qu’on va avoir des indicateurs pour voir le taux de réussite et le taux d’incident, remarque Axel Balme du Garay. Je ne doute pas que le dispositif soit efficace car, que ce soit pour le professeur ou l’élève, il va arriver dans des dispositions autres avec une heure de sommeil en plus. »
Du côté de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), on salue cette initiative de la région Ile-de-France. « Si les élèves finissent les cours à la même heure que d’habitude, et s’ils ont un emploi du temps plus optimisé en évitant les trous, tout en laissant une pause raisonnable à midi pour qu’ils puissent manger, c’est une bonne mesure », affirme Anne Pieter, coprésidente de la FCPE 93. La dirigeante de l’association émet toutefois une réserve : « Si c’est une mesure qui ne tient pas compte des horaires de fin de journée, elle n’a pas grand intérêt car elle ne fait que décaler le problème. » Du côté du lycée horticole de Montreuil, on assure que les élèves quitteront le lycée au maximum à 17h45, l’heure habituelle de fin des cours.
Une « mesurette de rentrée » ?
Si la FCPE valide cette expérimentation, des craintes se font tout de même ressentir. « Pas de raison de s’y opposer mais le sentiment qu’il s’agit d’une mesurette de rentrée qui n’a pas forcément pris en compte les sujets les plus importants en matière de temps scolaire » analyse Anne Pieter. Selon la coprésidente de la FCPE 93, c’est toute une réflexion autour de la durée globale de la journée de classe qui doit être entreprise, pointant du doigt l’abandon du projet des cours étalés sur quatre jours et demi en primaire.
« Permettre aux lycéens de dormir plus », c’est la volonté de la région Ile-de-France, explique Marie-Carole Ciuntu, vice-présidente chargée des lycées et de l’administration générale. Mais un autre objectif est également en ligne de mire : celui du « désengorgement dans les transports. » Les horaires décalés pourraient donc, en plus de l’amélioration de l’apprentissage des élèves, diminuer la fréquentation des transports en commun en heures de pointe. Réponse d’ici quelques mois.
Quels sont les cinq lycées qui décalent leurs horaires ?
Les établissements concernés par cette expérimentation sont le lycée Eugène-Hénaff de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), le lycée Aristide-Briand du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), le lycée horticole de Montreuil (Seine-Saint-Denis), le lycée Jean-Macé de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), et le lycée Gourdou-Leseurre de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).