Canicule: «Avoir une multitude de modèles météorologiques permet de mieux prévoir»
INTERVIEW « 20 Minutes » a interrogé Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo France, sur la difficulté à anticiper les phénomènes de canicule et à connaître leur durée
- La canicule est de retour cette semaine en France.
- Une canicule dont les données ont longtemps été imprécises du côté de Météo France, tant sur son étendue que sur sa durée.
- Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo France, explique pour « 20 Minutes », les difficultés de telles prévisions.
Cette semaine, c’est le retour de la canicule dans le pays. Un événement dont la venue est longtemps restée incertaine pour Météo France, tout comme sa durée. Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo France, explique à 20 Minutes la difficulté de prévoir ces phénomènes.
Pourquoi est-il si compliqué de faire des prévisions sur la canicule ?
Il n’y a pas une particularité canicule. Comme pour le reste, les modèles météorologiques nous donnent des prévisions jusqu’à 7 à 10 jours, même s’ils sont de moins en moins fiables plus on s’éloigne dans le temps. Dans le cas de la canicule de cette semaine par exemple, tous les modèles nous montraient que l’air chaud commençait à remonter, la canicule se précisait donc, mais il y avait jusqu’à peu une incertitude sur la durée de cette dernière, car les modèles annonçaient une arrivée d’air froid plus ou moins tardive. Actuellement, tous concordent pour dire que cela devrait se calmer dès ce vendredi.
Justement, ces modèles, quels sont-ils ?
On découpe l’atmosphère en plein de petits cubes, et on attribue à chaque petit cube des paramètres : pression, températures, vent, humidité, etc. On y applique ensuite les lois de la physique grâce à des supercalculateurs et cela nous donne une idée de comment va se comporter la météo dans le futur.
Il existe des modèles différents : européen, français, américain… Bien sûr, les lois de la physique sont universelles et ne changent pas selon le modèle. Ce qui varie selon les modèles, c’est comment on paramètre les cubes atmosphères, même leurs tailles peuvent varier, mais aussi les valeurs qu’on leur donne, comment on paramètre la terre. C’est une tâche très complexe et elle diffère selon les pays, il n’y a pas de bonnes options.
Cette diversité des modèles est une chance inouïe. Au lieu de se baser sur un seul, forcément incertain, car l’atmosphère est chaotique et tout peut changer très vite, on peut voir différentes possibilités. Quand la majorité de ces possibilités se rejoignent et indiquent la même chose, on estime que c’est ce qu’il va se produire. De fait, avoir une multitude de modèles permet de mieux prévoir.
La multiplication des canicules permettra-t-elle de mieux les prévoir ?
Non, car nos prévisions ne sont pas basées sur les événements antérieurs mais sur des lois physiques. Nos modèles météorologiques ne se disent pas « il y a telle année, il s’est passé ça, donc là cela va recommencer ». En ce sens, le changement climatique qui se multiplie ne permettra pas de mieux l’anticiper. Les lois de la physique, elles, ne changent pas. Ce qui permet d’améliorer les prévisions, c’est d’avoir des calculateurs de plus en plus puissants qui peuvent faire encore plus d’opérations à la seconde, et les chercheurs qui affinent les modèles. Pas la multiplication des phénomènes.