Meurtre de Sarah Halimi: Les juges d'instruction estiment «plausible» l'irresponsabilité pénale du suspect

JUSTICE Cette sexagénaire juive, aussi appelée Lucie Attal, est morte à Paris en 2017 après avoir été jetée par-dessus le balcon par son voisin

20 Minutes avec AFP
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La balance de Thémis, symbole de la Justice. (Illustration)
La balance de Thémis, symbole de la Justice. (Illustration) — Superstock/Sipa

Les juges d’instruction en charge de l’enquête estiment qu’il y a des « raisons plausibles » de conclure à l’irresponsabilité pénale du suspect du meurtre de Sarah Halimi, a-t-on appris ce vendredi de source judiciaire, confirmant une information du Parisien. Comme le prévoit la procédure, les juges ont saisi la chambre de l’instruction qui devra apprécier les « suites médicales et juridiques » à donner, a expliqué une source proche du dossier.

Cette perspective fait désormais redouter aux parties civiles que l’unique suspect bénéficie d’un non-lieu et ne soit donc pas jugé, alors que le parquet de Paris avait réclamé son renvoi devant une cour d’assises pour « homicide volontaire » à caractère antisémite. « Le parquet analyse cette ordonnance afin de déterminer s’il fait ou non appel », a-t-il fait savoir dans la soirée.

« La circonstance aggravante du caractère antisémite » écartée

Sarah Halimi, sexagénaire juive aussi appelée Lucie Attal, est morte à Paris en 2017 après avoir été jetée par-dessus le balcon par son voisin, Kobili T. Aux cris d'« Allah Akbar », entrecoupés d’insultes et de versets du Coran, ce jeune musulman l’avait rouée de coups avant de la précipiter dans la cour de l’immeuble HLM.

Au terme de leur instruction, les juges ont également écarté « la circonstance aggravante du caractère antisémite » du meurtre dans leur ordonnance rendue vendredi, selon une source proche du dossier. La décision des juges est à rebours des réquisitions du parquet de Paris qui réclamait le renvoi devant une cour d’assises de l’unique suspect du meurtre.

Plusieurs expertises psychiatriques

Plusieurs expertises psychiatriques avaient été menées afin de déterminer si Kobili T. est responsable pénalement. Elles concordent pour dire que le jeune homme, sans antécédent psychiatrique, ne souffre pas de maladie mentale mais qu’il a agi lors d’une « bouffée délirante » provoquée par une forte consommation de cannabis. Elles divergent cependant sur la question de l’abolition ou de l’altération de son discernement.

« Je ne suis nullement étonné par la décision des juges puisque c’est la procédure d’instruction la plus erratique qui m’a été donnée de connaître », a dénoncé auprès de l’AFP l’avocat du beau-frère de la victime, Me Gilles-William Goldnadel. Me Francis Szpiner, avocat avec Me Caroline Toby des enfants de Sarah Halimi, réclame pour sa part un « débat contradictoire » devant la cour d’assises.