VIDEO. Malvoyant, il part randonner, seul et sans GPS, sur un chemin de 200 km semé d'embûches

DEFI Vice-champion paralympique de cécifoot en 2012, David Labarre, malvoyant de naissance, s’est lancé le défi de marcher seul durant quinze jours. Histoire de dire que le handicap n’empêche rien

Béatrice Colin
David Labarre s'est lancé dans une randonnée entre Carcassonne et Aspet en Haute-Garonne.
David Labarre s'est lancé dans une randonnée entre Carcassonne et Aspet en Haute-Garonne. — DR
  • David Labarre, vice-champion paralympique de cécifoot en 2012, s’est lancé en solo dans une randonnée de 213 km.
  • Sans GPS, avec pour seule boussole ses notes en braille et l’aide d’autres randonneurs, il a rallié en 15 jours Carcassonne à Aspet en Haute-Garonne.
  • Après ce défi, David Labarre compte gravir le Mont Blanc au mois de septembre prochain.

Pour toute boussole, des dizaines de notes en braille et des rencontres pour le remettre dans le bon chemin. Vendredi 22 février, David Labarre est parti à pied de Carcassonne avec un sac de 25 kg sur le dos. Son objectif : rallier d’ici ce samedi la petite commune d’Aspet, en Haute-Garonne, en passant par le GR 78 qui sillonne le piémont pyrénéen.

Si pour les randonneurs aguerris, ces 213 km sont presque une promenade de santé, pour David Labarre, malvoyant de naissance, cela relève plus du défi. Pourtant, celui qui a été vice-champion paralympique de cécifoot en 2012 n’en est pas à son premier challenge. Mais lorsqu’il est parti l’an dernier à l’assaut du Pic d’Aneto, il n’était pas seul.

Là, c’est en solo qu’il a décidé d’affronter la nature. Se perdant, souvent, doublant ses temps de parcours. « Dès le départ je suis parti dans le sens contraire », peste le trentenaire qui distingue à peine les formes la journée et ne voit absolument rien la nuit.

Impossible pour lui de situer les balises en bord de chemin ou de se rendre compte qu’il a loupé une bifurcation. « J’ai vécu de grands moments de solitude. Quand je suis arrivé au-dessus de Pamiers, j’arrive en haut d’une crête et je me retrouve au milieu d’un champ. Là, impossible de trouver le chemin annoté sur mon plan en braille », raconte-t-il.



Il a fini par entendre des voix, celles de militaires en stage commando, presque aussi perdus que lui. Mais eux avaient un GPS, contrairement à David Labarre qui se géolocalise uniquement le soir, grâce à son téléphone, pour rassurer ses proches et poster une vidéo sur Facebook.

« Le handicap n’empêche rien »

Des rencontres, depuis son départ, ce natif du village commingeois d’Arbon en a fait plein. Certaines complètement ubuesque. Comme la fois où dans un village au fin fond de l’Ariège un habitant lui a présenté un conteneur rempli de partitions en braille.

« Des gens m’ont prêté leur jardin pour bivouaquer, j’ai mangé à leur table le soir. J’ai fait des rencontres extraordinaires, j’ai complètement déconnecté et vécu des choses belles. Cette randonnée, je la fais essentiellement pour moi, mais si ça peut aider certaines personnes à se dire que le handicap n’empêche rien, ce sera aussi une satisfaction », assure celui qui en septembre prochain va s’attaquer aux pentes du Mont Blanc.

Son expérience pourrait aussi servir à la création d’un GPS en braille pour que tous les malvoyants ou aveugles puissent aussi partir à l’aventure en toute autonomie.