Var: Les questions que pose la reprise des recherches du sous-marin «La Minerve»
REPRISE DES RECHERCHES La marine a détaillé les opérations de reprise de recherche du sous-marin La Minerve, disparu au large de Toulon il y a 50 ans
- Les recherches de La Minerve, un sous-marin qui a disparu au large de Toulon il y a 50 ans, ont repris.
- Elles s’étaleront en trois étapes, jusqu’au mois de novembre.
- Le recours à des nouvelles technologies permet à la marine de croire à une localisation du sous-marin.
L’un des plus grands mystères de l’histoire de la marine française. Le 27 janvier 1968 disparaissait le sous-marin La Minerve au large de Toulon dans le Var avec à son bord 52 marins. Plus de 50 ans après ce drame, l’épave n’a jamais été localisée, tout comme l’origine de la disparition reste floue malgré trois ans de recherches. La ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé le 5 février le lancement d’une nouvelle campagne pour localiser l’épave.
Pourquoi les recherches reprennent-elles ? La reprise des recherches annoncée par la ministre est un grand soulagement pour les familles des marins. Ils la réclament depuis de nombreuses années afin de pouvoir achever leur deuil. « Lors de l’anniversaire de la disparition notamment, les familles ont demandé avec insistance la reprise de ces recherches », a expliqué Olivier Bouzemane, capitaine de Corvette.
L’amélioration des technologies explique aussi le lancement de cette campagne de localisation. « Il existe de nouveaux moyens qui permettent de mener ces recherches depuis une dizaine d’années », a-t-il avancé. C’est notamment le cas pour les drones sous-marins qui apportent plus d’autonomie, mais surtout plus de précision.
Comment vont se dérouler les recherches ? Trois phases sont prévues. La première consiste à quadriller la zone de recherche grâce au Pourquoi Pas, un navire de l’Ifremer équipé de faisceaux, dotés d’une précision de plusieurs mètres. « Il s’agit de préparer la modélisation du relief afin que le drone puisse travailler par la suite », explique Olivier Bouzemane. L’engin sera mis à l’eau dans un second temps. Il peut travailler jusqu’à 10 heures avec une précision au mètre près grâce à des faisceaux. « Là est l’intérêt technologique », considère le capitaine de Corvette. « Si des échos caractéristiques sont identifiés, alors nous enverrons Le Nautile pour identifier l’objet », ajoute-t-il. Seul ce sous-marin habitable permet cette identification formelle.
Quel est le calendrier des recherches ? La première phase de modélisation a déjà eu lieu le 7 février dernier. Le drone sera quant à lui opérationnel dans le courant du mois de juillet, avant que Le Nautile ne vienne vérifier les échos repérés durant le mois de novembre. Mais la localisation de l’épave pourrait intervenir plus rapidement. « Le Nautile sort d’une phase de grand carénage, il devait passer une série de tests. Nous avons profité de cette opportunité pour l’envoyer sur zone », explique Olivier Bouzemane. Des recherches seront donc opérées dans la seconde quinzaine de février, si les conditions le permettent.
Quelles sont les principales difficultés ? La première difficulté est bien évidemment l’étendue de la zone de recherche. Trois zones ont été identifiées. Celle dans laquelle il est le plus probable de trouver La Minerve fait pas moins de 153 milles nautiques carrés, soit près de 300 km2. Le temps influencera également les recherches. « Au mois d’août 1969, lors de précédentes recherches, le mistral avait énormément soufflé ce qui avait considérablement compliqué les recherches », relate Olivier Bouzemane. Le drone sous-marin ne peut pas être utilisé dans une mer supérieure à force 4. Un vent supérieur à 25 nœuds peut également empêcher la bonne réception des sondeurs.
Pourquoi la Marine peut y croire ? « Prudence » est le maître mot de cette campagne. Mais la marine a de bonnes raisons d’y croire, notamment grâce aux avancées technologiques. « Le drone sous-marin que nous utilisons a permis de localiser le San Juan », explique le capitaine de Corvette. Le San Juan est un sous-marin argentin disparu en novembre 2017, avant de finalement être localisé un an plus tard grâce à cette technologie. « Des gros faisceaux étaient déjà passés au-dessus du San Juan, sans parvenir à localiser l’épave qui était en plusieurs morceaux », a détaillé Olivier Bouzemane. Rappelons que près de trois ans de recherche avaient eu lieu après la disparition de La Minerve, sans parvenir à localiser l’épave. Mais avec la magie des nouvelles technologies…