«Gilets jaunes»: L'avocat de Jérôme Rodrigues veut débattre de «l'intention de tuer» des policiers
MANIFESTATION Alors qu'il filmait pacifiquement la manifestation samedi, Jérôme Rodrigues, l'une des figures des «gilets jaunes», a reçu un projectile à l'œil droit...
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- Jérôme Rodrigues, l’une des figures du mouvement des « gilets jaunes », a été grièvement blessé à l’œil samedi à Paris.
- « J’ai des éléments matériels montrant qu’il a été visé par un tir de lanceur de balle de défense (LBD) », assure son avocat.
- Une enquête a été ouverte samedi par le parquet de Paris, selon une source judiciaire.
L’enquête démarre à peine. Mais elle suscite déjà la polémique. Jérôme Rodrigues, l'une des figures du mouvement des « gilets jaunes » gravement blessé à l’œil, samedi à Paris, a été visé par un tir de lanceur de balle de défense (LBD), a assuré, ce dimanche matin à 20 Minutes, Philippe de Veulle, son avocat.
Contacté par nos soins dans la matinée, il a indiqué qu’il réfutait « catégoriquement » la thèse selon laquelle son client aurait été victime d’un éclat de grenade de désencerclement, en marge de la mobilisation sur la place de la Bastille.
« Nous avons déjà recueilli trois éléments concrets démontrant qu'il a été visé délibérement par un LBD à la tête, explique-t-il. D’abord, il y a le témoignage d’une jeune femme, Aurélie, qui était sur place. Ensuite, il y a la vidéo tournée par Jérôme Rodrigues lui-même sur laquelle on entend le bruit caractéristique du LBD. Et surtout, il y a la balle qui a été ramassée sur place. »
« J’ai été doublement attaqué. Une grenade au pied et la balle »
L’avocat confirme à 20 Minutes avoir déposé plainte contre X pour « violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique », samedi, à 22h25. Il attend de savoir aujourd’hui si son client va perdre son œil. Auquel cas, la plainte passerait en « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une infirmité permanente ». Ce qui devient alors un crime et est passible de la cour d’assises. « Nous allons discuter de l’intention de tuer dans la mesure où mon client a été visé à la tête par un tir d’arme… », indique encore l’avocat.
« Tout se passe très vite. On me lance une grenade et je me prends une balle. J’ai été doublement attaqué. Une grenade au pied et la balle », a témoigné Jérôme Rodrigues sur LCI, accusant les autorités d'« abattage dans les règles de l’art ».
EXCLUSIF LCI - Jérôme Rodrigues, le Gilet jaune touché à Bastille revient sur le contexte dans lequel il a été blessé à l’œil et annonce vouloir porter plainte https://t.co/z7s2PaWf1L pic.twitter.com/tDSXXsKRCU
— LCI (@LCI) January 27, 2019
Une enquête a également été ouverte samedi par le parquet de Paris
Cette blessure est intervenue le jour où face à la polémique sur les lésions graves causées par les LBD 40 – qui ont remplacé les Flash-Ball dans l’arsenal policier – le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avait décidé d’équiper pour la première fois de caméras-piétons les forces de l’ordre dotées de ces armes dites « intermédiaires ».
Il a été blessé alors qu’il se trouvait face à des forces de l’ordre, et au moment même où il était en train de filmer en direct sur son compte Facebook l’arrivée du cortège de manifestants « gilets jaunes » sur la place de la Bastille samedi après-midi. Après avoir traité Christophe Castaner de « chien » sur son profil Facebook, Jérôme Rodrigues a finalement corrigé son message : « Tu pourras m’enlever un œil, un bras, une jambe… On lâchera rien ! »
L’enquête a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale.