Pour leurs animaux, ils passent derrière les fourneaux

CUISINE Pour la santé et le bien-être de leur animal, de plus en plus de propriétaires de chats et de chiens cuisinent eux-mêmes le contenu de la gamelle de leurs fidèles compagnons…

Anissa Boumediene
De plus en plus de maîtres passent derrière les fourneaux pour leurs animaux.
De plus en plus de maîtres passent derrière les fourneaux pour leurs animaux. — ARDEA/MARY EVANS/SIPA
  • Soucieux de l’alimentation de leur animal de compagnie, de plus en plus de maîtres décident de ne plus leur donner de croquettes et autres pâtées industrielles.
  • Pour nourrir sainement leur chat ou leur chien, certains maîtres passent derrière les fourneaux.
  • Ils cuisinent ainsi des menus équilibrés, appelés « rations ménagères ».

Un plat mijoté de bœuf, de riz et de carottes, un sauté de volaille aux courgettes et du bouillon maison. Non, ce n’est pas la carte d’une brasserie ni celle d’un restaurant de cuisine du terroir, mais le contenu de la gamelle d’animaux de compagnie choyés par leurs maîtres. Des maîtres qui ont décidé de passer à la ration ménagère (RM), passant ainsi derrière les fourneaux pour cuisiner de bons petits plats pour leurs animaux. Leur idée : offrir à leurs fidèles compagnons une alimentation plus saine tout en préservant leur budget.

« Mon chien n’est plus malade et prend plaisir à manger »

Manger mieux, prendre soin de sa santé en soignant son assiette : une démarche entreprise par de nombreux Français, bien décidés à se détourner de l’alimentation industrielle, trop riche, trop sucrée, trop grasse et salée et bourrée d’additifs chimiques. Une tendance qui gagne le contenu de la gamelle de nos bêtes. Quitte à cuisiner sainement pour soi et sa famille, pourquoi ne pas cuisiner pour les compagnons à poils, souvent considérés comme des membres de la famille ? « Nous ne mangeons pas tous les jours au fast-food, eh bien il est possible d’adopter la même démarche d’alimentation saine et faite maison pour ses animaux de compagnie, relève le Dr Géraldine Blanchard, vétérinaire spécialiste en nutrition animale et fondatrice du site de conseil en nutrition Cuisine à crocs. Pour cela, il suffit de passer à la ration ménagère, explique-t-elle. Elle se compose d’une portion de viande ou poisson, peu cuite, d’acides gras essentiels (comme l’huile de colza), de légumes cuits, de compléments en vitamines et minéraux et enfin de céréales ou de féculents cuits, détaille la spécialiste en nutrition animale. Certains chiens ne digèrent pas les féculents, ce qui explique qu’ils ne digèrent pas les croquettes. Dans ce cas, si on voit que ça leur donne mal au ventre, on leur prépare une RM sans féculents ».

Une idée qui a séduit Laurette. « Il y a quatre ans et demi, j’ai adopté à la SPA Sunday, un très beau croisé berger lévrier, confie Laurette. Après avoir vu une émission dénonçant les effets néfastes des croquettes – qui par ailleurs sont bourrées de glucides — sur les animaux de compagnie, j’ai décidé de préparer moi-même ses repas avec des produits tels que ceux utilisés par mes grands-parents agriculteurs pour nourrir leurs chiens et chats ». Et la jeune femme apporte un soin tout particulier aux menus de son chien. « Je lui donne de la volaille de Loué, des légumes variés et parfois des pâtes ou du riz avec des potages aux légumes. Et parfois, je lui donne des os de bœuf bouillis à ronger, cela lui permet d’entretenir ses dents ». Une alimentation saine choisie par Laurette et qui a des effets bien visibles sur le bien-être de son chien : « il a un très beau pelage et une super forme. Pas d’embonpoint et une haleine qui n’est plus marquée comme lorsque je lui donnais des croquettes », constate-t-elle. Comme Laurette, Laëtitia a décidé de passer à la RM pour son beau chien de race Akita. « Très vite, elle a montré des signes d’intolérance aux croquettes classiques, j’ai donc décidé de préparer moi-même ses repas. Chaque semaine je prépare des RM composées de viande, de légumes et de riz. Cela me prend environ deux heures par semaine mais cela en vaut la peine : mon chien n’est plus malade et prend plaisir à manger ! », se réjouit sa maîtresse. La ration ménagère « permet de sortir des produits industriels, de contrôler la qualité des aliments avec lesquels on nourrit ses animaux, confirme le Dr Géraldine Blanchard. Pour être faisable au quotidien et à long terme, elle doit être simple à préparer pour le maître et équilibrée pour l’animal, et ainsi couvrir son appétit et tous ses besoins nutritionnels de l’animal ».

Un pari gagnant côté budget

Mais si cuisiner pour son animal favorise son bien-être, lui donner de la viande tous les jours plombe-t-il le porte-monnaie ? Eh bien non. Contre toute attente, passer derrière les fourneaux pour ses animaux est un pari gagnant côté budget. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire cela me coûte moins cher que des croquettes premium », indique Laetitia. Même constat pour Gio, qui cuisine deux fois par semaine pour son berger allemand : « Je prépare à chaque fois 1 kg de viande, 1 kg de carottes surgelées et 1 kg de riz, et je lui donne des extras comme un morceau de beurre ou de fromage, une oreille de porc. Tout cela représente un coût global de 40 euros par mois, soit nettement moins cher que les meilleures croquettes que l’on peut trouver sur le marché ».

Et avec quelques astuces, de nombreux maîtres s’y retrouvent financièrement depuis qu’ils sont passés à la ration ménagère. « Non seulement cela me permet de maîtriser les ingrédients que je donne à mon chien et leur qualité, mais en guettant les promos sur la viande, en achetant en gros, voire en récupérant certains produits gratuitement auprès de son boucher, cuisiner pour mon animal permet de réaliser de belles économies ». Comme Marianne, Chris ne manque aucun bon plan : « mon supermarché solde chaque jour les invendus de viande et poisson, cela permet de préparer des rations ménagères avec des protéines animales de qualité pour un coût modique ».

Heureuse maîtresse de deux chats et deux chiens, Valérie a consulté son vétérinaire, qui « a défini les quantités de nourriture à donner à chaque animal ». Depuis, c’est ration ménagère pour tout le monde, sans impact négatif sur le budget. « J’achète de la viande surgelée en gros chez un fournisseur, et les fruits et légumes, pâtes, huile et œufs viennent du supermarché, détaille-t-elle. Et j’achète des compléments et vitamines chez le vétérinaire. Côté budget, ça ne me revient pas plus cher que des croquettes premium. Cela demande du temps mais ça vaut le coup ! »