Procès des viols sur mineurs: Face à l'horreur des témoignages des enfants, l'accusé reconnaît les viols

PROCÈS Cinq enfants ont défilé, ce mercredi, à la barre de la cour d’assises des Hauts-de-Seine pour raconter comment Edouard de B. les avait violés et agressés sexuellement dans leurs écoles de Courbevoie...

Vincent Vantighem
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Des enfants entrent dans une école élémentaire (illustration).
Des enfants entrent dans une école élémentaire (illustration). —
  • Edouard de B. est jugé pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.
  • Cinq petites victimes sont venues témoigner aux assises des Hauts-de-Seine.
  • En fin de journée, l’accusé a fini par reconnaître les avoir violées.
  • Il encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle.

Sur la photo projetée à l’écran, Ilan* dévoile toutes ses dents. Comme s’il s’était dépêché de sourire pour pouvoir retourner jouer plus vite. Trois ans plus tard, le petit garçon semble n’avoir pas beaucoup changé au moment de pénétrer dans l’immense salle numéro 1 de la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Sauf qu’il ne sourit pas.

Parvenu à la barre, le bambin prend une grande respiration et balance d’un trait : « J’aimerais dire ce qu’il m’a fait. Ça a commencé au CP. Un jour, on jouait dans la cour. Il m’a dit ‘Viens ! Viens !’ Il m’a attrapé par le bras. Il m’a plaqué au sol dans les toilettes. Il m’a baissé le pantalon. »

Flanqué de deux avocats et de sa mère, l’enfant parvient tout de même à jeter un coup d’œil sur sa droite. Mais dans le box des accusés, Edouard de B. ne cille pas. Impassible. Jugé pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, l’ancien animateur périscolaire de Courbevoie est resté, mercredi, comme léthargique pendant que cinq des quinze petits plaignants défilaient à la barre.


Les enfants se tapent dans la main avant de témoigner

Yoan, Abel, Grégory, Maxence et Ilan donc. Cinq copains, nés en 2007 et 2008, au bronzage estival et aux baskets bien blanches. Serrés sur un petit banc à se soutenir, s’encourager et se taper dans la main comme les remplaçants d’une équipe de foot chaque fois que l’un d’entre eux pénètre sur le terrain judiciaire. Droit au but et dans un discours appris visiblement ensemble et avec leurs avocats, ils ont tous réclamé que l’accusé « reste le plus longtemps possible en prison ».

« Par exemple, si c’est 5 ans [de prison], je serai encore un adolescent, a même justifié Maxence. Il faudrait au moins attendre que je sois [devenu] un adulte [pour qu’il en sorte]. » Des propos si réfléchis qu’on croirait qu’ils le sont déjà, des adultes. Mais non, les voir « daber » et improviser une partie de football sur le faux marbre de la salle des pas perdus du tribunal de Nanterre rappellent qu’ils ne sont encore qu’en classe de CM2 ou de 6e.

A peine quelques années après l’horreur absolue, en somme… Grégory : « Il m’a demandé de montrer mon zizi. Sinon, il a dit qu'il me ferait virer de l’école. » Abel : « Un jour, il m’a dit d’aller sur un site. Ça s’appelait Jacquie et Michel, je crois. C’était horrible. »


Edouard de B. reconnaît les faits de viols à l’audience

A chaque témoignage, les parents, scotchés au fond du prétoire par leur chagrin, ne peuvent s’empêcher de culpabiliser. Telle la maman d’Ilan. Effondrée, elle est venue dire à la barre qu’elle avait un jour offert des chocolats à Edouard de B. car elle le trouvait sympathique. « Je n’avais rien vu… Pardonne-moi », a-t-elle demandé à son fils.

D’une voix blanche, et après une suspension d’audience, l’accusé a reconnu les faits de viols qu’il niait jusqu’alors. Allant même jusqu’à avouer son attirance pour les « 6-8 ans » plutôt que pour les scouts de « 12-14 ans » dont il avait aussi la charge à l’époque. « Je sais le mal que j’ai fait. Je sais qu’ils ne me pardonneront jamais. » Le verdict doit être rendu vendredi soir. Il encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle.

*Les prénoms ont été changés