Marseille: Renforts aux urgences, soignants fatigués et patients inquiets... Comment la Timone gère le début de canicule?

SANTE Les hôpitaux de Marseille assurent à «20 Minutes» que les urgences ne sont plus saturées. Ce qui ne signifie pas qu'en ce début de canicule, tout est rose à l'hôpital public...

Jean Saint-Marc
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Les périodes de canicule sont des périodes sensibles pour les soignants (illustration).
Les périodes de canicule sont des périodes sensibles pour les soignants (illustration). — E. Frisullo / 20 Minutes
  • A Marseille, des renforts ont été mobilisés aux urgences, saturées en raison de nombreuses absences non-remplacées (notamment des arrêts maladies).
  • Le service gériatrie fonctionne normalement, après deux jours de canicule à Marseille.
  • Les patients sont parfois un peu perdus par les différentes recommandations qui peuvent être contradictoires.

A Marseille comme quasiment partout en France, on sue à grosses gouttes et on marche à l’ombre, cette semaine. Pierre, 84 ans, longe les hauts murs de la Timone, canne en main, front humide : « Je souffre plus de la canicule que de mon traitement contre le cancer, lâche-t-il dans un sourire optimiste. A mon âge, ce n’est vraiment pas facile. Mais on fait ce qu’il faut ! De l’eau et du frais ! »

Autour de lui, le ballet des ambulances et des taxis : « Ça n’arrête pas mais bon, c’est du classique », sourit un brancardier.

Huit absents sur trente-cinq

En cette période de congés, les effectifs sont réduits. Notamment aux urgences, dont La Provence révélait en début de semaine qu’elles étaient en « saturation », avec de nombreuses absences non-remplacées. Dans la nuit de lundi à mardi, il y avait huit absents sur un total de 35 aides-soignants prévus au tableau de service, indique une source hospitalière à 20 Minutes.

Le service a reçu le renfort d’une personne dans la nuit de mardi à mercredi, et « l’AP-HM continuera à faire des remplacements au cas par cas », nous explique-t-on. Les plannings sont apparemment « plus favorables » en août.

Au service gériatrie, « nous ne sommes pas submergés », déclare à 20 Minutes le professeur  Patrick Villani. Avant de glisser que « la situation est tout de même difficile pour les soignants, qui ont chaud ! » Il s’agit pourtant d’un service refait à neuf : les chambres sont climatisées. La situation est plus compliquée dans d’autres zones de l’hôpital.


Avec la chaleur, certains traitements doivent être réajustés

Dans une boutique spécialisée, tout près de là, en face de l’hôpital de la Conception, une aide-soignante cherche, sans succès, une tenue moins chaude. Dans les nombreuses pharmacies du boulevard Baille, personnes âgées et malades récemment sortis de l’hôpital se pressent :

Les séniors répètent tout le temps qu’au moins, il fait frais chez nous, sourit Yann, pharmacien adjoint. Il y a un conseil qu’on leur dit, de longue, et même s’ils viennent trois fois par semaine… C’est de boire, car ils ressentent moins bien la sensation de soif ! »
Il n'est pas toujours facile de s'orienter dans son «parcours de soin» (illustration).
Il n'est pas toujours facile de s'orienter dans son «parcours de soin» (illustration). - J. Saint-Marc / 20 Minutes

Un client se présente et évoque, justement, des soucis liés à un médicament qu’il prend depuis longtemps. « Certains traitements, notamment les antipsychotiques ou les traitements pour les problèmes de tension doivent être réajustés par les médecins », reprend Yann.

« Dans ce cas-là, il faut éviter d’aller aux urgences, l’idéal est de téléphoner à son médecin traitant, détaille le professeur Patrick Villani. En particulier pour les personnes hypertendues, qui sont sous diurétiques [des médicaments qui font uriner]… Ce sont des situations pour lesquelles il faut revoir le traitement ! »

Mais attention à ne pas trop jouer, soi-même aux apprentis docteurs : « Si la canicule est surmédiatisée, certains peuvent paniquer, notamment chez les séniors », conclut le professeur Villani.