Expulsé vers l'Algérie, l'islamiste Djamel Beghal va y être rejugé

DJIHADISME Il avait été condamné en 2003 par contumace à 20 ans de prison pour «appartenance à un groupe terroriste»...

20 Minutes avec AFP
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Djamel Beghal lors de son procès en appel en 2014 à Paris.
Djamel Beghal lors de son procès en appel en 2014 à Paris. — BENOIT PEYRUCQ / AFP

L'islamiste algérien Djamel Beghal, considéré comme le mentor de Chérif Kouachi et d'Amédy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris, a été expulsé lundi vers son pays natal à sa sortie d'une prison française.

Remis à son arrivée à Alger "par les autorités françaises aux autorités algériennes", il va être être rejugé par la justice algérienne qui l'a condamné par contumace en 2003 à 20 ans de prison pour "appartenance à un groupe terroriste", a annoncé lundi soir l'agence de presse d'Etat algérienne APS, citant une "source proche du dossier". Son avocat français, Me Bérenger Tourné, avait récemment affirmé que son client n'avait jamais été condamné en Algérie.

Il a décollé pour l'Algérie à 10h30

Cet Algérien de 52 ans, déchu de la nationalité française, a quitté la prison de Vezin-le-Coquet, près de Rennes «vers 5h30 en vue d'être reconduit à la frontière» selon une source syndicale, et a décollé peu après 10h30 de l'aéroport de Roissy en direction d'Alger, ont indiqué des sources proches du dossier. « Il a adopté un comportement calme et n'a pas été surpris de l'heure de son départ», a indiqué l'administration pénitentiaire à l'AFP.

Dans le viseur des autorités françaises depuis le milieu des années 1990, Djamel Beghal a été déclaré expulsable en 2007, deux ans après avoir été condamné à 10 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. Les autorités françaises, qui souhaitaient voir le retourner en Algérie, discutaient depuis plusieurs semaines avec Alger des conditions de son retour dans son pays natal qu'il avait quitté à l'âge de 21 ans pour venir en France.

Mentor de Kouachi et Coulibaly

Considéré comme le mentor de Chérif Kouachi et d’Amédy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris, Djamel Beghal, 52 ans, est dans le viseur des autorités françaises depuis le milieu des années 1990. Il a été déclaré expulsable en 2007, deux ans après avoir été condamné à 10 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste.

Ce lundi, il a terminé de purger une seconde peine de 10 ans de prison pour un projet d'évasion en 2010 de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA) condamné à perpétuité pour l’attentat à la station RER Musée d’Orsay en 1995 à Paris. Détenu à la prison de Vezin-le-Coquet (Ile-et-Vilaine), il a obtenu une réduction de peine exceptionnelle de 20 jours qui a avancé la date de sa libération, initialement prévue pour le 5 août.

Il a quitté l’Algérie à 21 ans

Depuis plusieurs semaines, les autorités françaises, qui souhaitent voir cet encombrant personnage retourner en Algérie, discutaient avec Alger des conditions de son retour dans son pays natal qu’il avait quitté à l’âge de 21 ans pour venir en France. Beghal est favorable à cette option. « Il y a 10 ans, nous avions bloqué son expulsion vers l’Algérie en raison du risque de torture encouru. Le climat lui apparaît désormais plus apaisé », a expliqué à l’AFP son avocat Bérenger Tourné.

17 ans en prison

Au jour de sa libération, Djamel Beghal aura effectué près de 17 ans de détention dans les prisons françaises. Il est devenu une référence pour trois générations d’apprentis djihadistes. Condamné en 2005, il avait reconnu, avant de se rétracter en expliquant avoir été torturé par les enquêteurs émiratis, avoir été mandaté par un proche de Ben Laden pour préparer un attentat contre l’ambassade et un centre culturel américains.

C’est à la prison de Fleury-Mérogis qu’il fait la connaissance des futurs auteurs des tueries de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher. Selon les enquêteurs, il devient leur « mentor », respecté pour sa « science religieuse ». Libéré en 2009, il est assigné à résidence dans le Cantal, en attendant une possible expulsion - à laquelle s’oppose alors la CEDH. Des photos le montrent au côté d’Amédy Coulibaly, venu lui rendre visite. Il est à nouveau arrêté en 2010, et a passé au total une dizaine d’années à l’isolement.