L'IGPN dévoile pour la première fois le nombre de personnes tuées ou blessées par la police en un an

POLICE La publication d’un tel recensement constitue une première pour la police des polices…

20 Minutes avec AFP
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Les locaux parisiens de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Les locaux parisiens de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). — Philippe Huguen afp.com

C’est une première en France. La police des polices s’est lancée mardi dans un exercice inédit de transparence en avançant un chiffre des personnes tuées ou blessés lors d’interventions policières, soit 14 tués et une centaine de blessés depuis juillet 2017.

« Ce recensement n’est pas le recensement des bavures policières », a prévenu d’emblée la chef de l’IGPN, Marie-France Monéger-Guyomarc’h lors d’une conférence de presse consacrée au bilan 2017 de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Une collecte de données parcellaires

Selon des chiffres provisoires, 14 personnes ont trouvé la mort lors d’interventions policières et une centaine de personnes ont été blessées avec plus de huit jours d’incapacité de travail, depuis juillet 2017.

Ces chiffres s’appuient sur une collecte de données parcellaires puisque, de juillet 2017 à janvier 2018, elle a été réalisée avec les seules données de l’IGPN et celles de deux directions départementales de sécurité publique (Gironde et Yvelines). La collecte de données s’est ensuite généralisée à partir de janvier. Ces chiffres sont toutefois « pratiquement exhaustifs », souligne l’IGPN.

« C’est la première fois que sont donnés de tels chiffres »

La publication d’un tel recensement constitue une première pour l’institution qui a pu longtemps percevoir la diffusion de telles données comme « un risque », observe Sebastian Roché, directeur de recherches au CNRS et auteur de La police en démocratie. « C’est indéniablement un progrès », salue-t-il. « C’est la première fois que sont donnés de tels chiffres. Ce n’est pas une révolution mais une évolution », assure Marie-France Monéger-Guyomarc’h qui quittera prochainement ses fonctions.

« Cela ne préjuge pas de l’illégitimité de ces blessures et de ces morts », a aussi souligné Marie-France Monéger-Guyomarc’h. « Mais dans une démocratie, il n’est pas anormal que l’on puisse savoir combien de tués sont recensés en intervention de police. »

Quatorze décès et une centaine de blessés

Dans le détail, sur les 14 décès constatés depuis le 1er juillet 2017, quatre concernent des personnes s’étant suicidées ou étant décédées en ayant pris la fuite lors d’une intervention de police. D’autres cas concernent des personnes tuées alors qu’elles venaient de commettre une action terroriste, comme l’assaillant de la gare Saint-Charles en octobre à Marseille ou celui du quartier de l’Opéra à Paris en mai.

S’agissant des blessés, l’IGPN a recensé une centaine de blessés dont l’incapacité temporaire de travail (ITT) dépasse les huit jours, un seuil assumé par l’IGPN, « à partir duquel il est intéressant de commencer à travailler ». Les deux-tiers d’entre eux se sont vus délivrer des ITT comprises en 10 et 29 jours, détaille encore la patronne de l’IGPN, soulignant la faiblesse du nombre de blessés survenus lors d’opérations de maintien de l’ordre, pourtant souvent les plus médiatisés.