Lyon: Pour la première fois depuis 10 ans, les hospices civils sortent du rouge mais à quel prix?
SANTE Si la direction des HCL se félicite d’avoir engrangé 7,6 millions d’euros de bénéfices et promet de réinvestir l’argent pour améliorer les conditions de travail des salariés et la prise en charge des patients, les syndicats s’étranglent…
- Les HCL de Lyon ont enregistré un excédent financier de 7,6 millions d’euros en 2017 ; une première depuis dix ans.
- Accusant un déficit de 94 millions d’euros en 2008, le deuxième CHU a conduit une politique drastique de redressement financier.
- Si la direction promet de réinvestir l’argent gagné pour améliorer les conditions de travail des salariés, les syndicats déplorent « le mal qui a été fait ».
« Une politique volontariste de transformation et de redressement fiscal qui a porté ses fruits ». Pour la première fois depuis dix ans, les Hospices civils de Lyon ont engrangé de l’argent, enregistrant en 2017 un excédent de 7,6 millions d’euros.
La direction de l’établissement, qui avait compté 94 millions d’euros de perte en 2008, s’est félicitée de ses résultats inédits, annonçant vendredi que l’argent serait « immédiatement réinvesti ».
« Le contexte économique reste contraint et l’équilibre fragile mais les gains obtenus pourront permettre d’améliorer le quotidien des hospitaliers et des patients, dès 2018 », indique dans un communiqué Catherine Geindre, directrice générale de l’institution. Des résultats qui s’expliquent en partie selon elle, par une augmentation de l’activité. Le nombre de séjours enregistre une hausse de 3,3 %, contre 1,6 % en moyenne dans les autres centres hospitaliers universitaires français.
« Je mesure le poids des efforts consentis »
« Je mesure le poids des efforts consentis ; je connais aussi les difficultés des réalités quotidiennes à l’hôpital », ajoute-t-elle précisant qu’un million d’euros sera alloué au remplacement des personnels absents « avec un élargissement des rémunérations en heures supplémentaires en cas de retour sur leurs repos ».
Une enveloppe de 3,25 millions d’euros sera dédiée au remplacement de « certains petits matériels » et deux millions au « développement des activités médicales », à savoir l’extension de l’ouverture des urgences de la Croix Rousse et la création d’une offre de chirurgie ambulatoire en urologie à la Croix Rousse.
Plus de 1.100 postes déjà supprimés
« C’est du foutage de gu… » répond Geoffroy Bertholle, membre CGT du conseil de surveillance des HCL pour lequel les plans successifs de retour à l’équilibre financier ont engendré de gros sacrifices humains. Le CHU lyonnais, qui compte 25.000 salariés, a progressivement regroupé ou fusionné les services de ses différents établissements, dégraissant ainsi une importante partie de ses effectifs.
« Entre 2007 et 2012, 1.000 postes ont été supprimés, soit 200 par an. Les objectifs pour le second plan, qui va jusqu’en 2018, sont les mêmes. La direction n’a pas prévu de renoncer aux postes qui seront supprimés cette année alors que l’activité est en augmentation constante sur l’ensemble de la période », rappelle le représentant syndical.
En 10 ans, les HCL ont donc fait l’économie plus de 1.100 postes auxquels il faut ajouter les 1.800 déjà supprimés lors du passage aux 35 heures en 2002, selon le délégué CGT. « Si on veut réparer le mal qui a été fait, il faudrait déjà commencer à payer toutes les heures supplémentaires. Au début de l’année 2017, 1,2 million d’heures ont été effectuées par les personnels et stockées sur un compte-temps en attendant d’être récupérées. Elles ne l’ont jamais été. Ni payées », conclut-il.
« La casse continue »
« Pour nous, le bilan est loin d’être positif, ajoute Hannah, salariée à l’hôpital Edouard Herriot. Le chiffre d’un million évoqué est assez ridicule comparé au montant des heures non payées », souffle la jeune femme.
« Cette annonce ressemble fort à une communication de crise de la part de la direction au vu du contexte de tension », estime-t-elle. Et d’ajouter : « La casse continue. Les bénéfices enregistrés ne seront pas utilisés pour financer la création de nouveaux postes. Tout le monde est épuisé d’être rappelé au travail sur ses jours de repos. Là, on nous dit simplement qu’on sera mieux payé. Mais en réalité, ça signifie qu’on va continuer ainsi d’être pressurisé. Il n’en est en réalité nullement question de renforcer le pool des remplacements ».