Lyon : Les antipubs à l’offensive pour limiter les affichages publicitaires dans l’espace public
MOBILISATION Le collectif «Plein la Vue» veut peser sur la concertation sur la publicité engagée récemment par la métropole de Lyon...
- Le collectif «Plein la vue» a été créé récemment à Lyon pour peser sur la concertation sur l'affichage publicitaire dans l'espace public engagée par la métropole.
- Les habitants mobilisés veulent réduire l'affichage massif dans les rues de l'agglomération, «nuisible» pour la population.
En quelques semaines, leur pétition a récolté près de 10.000 signatures. Signe, selon Plein la Vue, que les questions liées à l’affichage publicitaire intéressent les concitoyens. Il y a deux mois, ce collectif, composé d’habitants de la région lyonnaise et soutenu par de nombreuses associations locales, a été créé à Lyon pour peser dans la concertation sur la publicité engagée lundi dernier par la Métropole.
A l’issue de cette étape, le Grand Lyon définira les nouvelles règles qui encadreront la place de la publicité dans l’espace public. « Cela concerne à la fois les panneaux extérieurs JC. Decaux que l’on voit un peu partout, mais également les grandes bâches publicitaires sur les immeubles, les enseignes lumineuses sur les toits des bâtiments ou encore les pubs installées, contre rétribution financière, sur le terrain de certains particuliers », détaille Benjamin Badouard, porte-parole de Plein la vue.
Une minorité d’enseignes concernées par la pub
L’objectif du collectif n’est pas de faire disparaître tous les panneaux et enseignes de l’agglomération mais de réduire la pression publicitaire. « Cela concerne tout le monde. Les écolos, tout d’abord, parce que la publicité est très énergivore. Un panneau numérique de 2 m2 consomme 7 000 KWH/an, soit la consommation d’un couple avec enfant. Mais cela touche aussi les parents d’élèves qui n’ont pas forcément envie de voir, à deux pas de l’entrée de l’école, la pub d’un célèbre fast-food, par exemple », estime Benjamin Badouard, particulièrement opposé à l’arrivée des écrans numériques dans la rue.
« C’est notre plus gros combat. On entend parler d’une centaine d’écrans de ce type pour la métropole. On passe notre temps à dire que les écrans sont dangereux pour les enfants et là, des clips publicitaires seraient diffusés en permanence dans l’espace public, comme c’est déjà le cas dans le métro lyonnais. C’est illogique », s’agace-t-il.
Une perte financière pour les collectivités
Pour se faire entendre, le collectif n’hésite pas à balayer les arguments financiers avancés par les fervents défenseurs de la publicité. Selon lui, seule une minorité d’enseignes françaises monopolise 80 % des publicités. Les petits commerçants seraient donc peu concernés si l’affichage publicitaire venait à être réduit.
Pour la collectivité, les pertes aussi seraient limitées selon le collectif. « La métropole a signé cet automne un contrat avec JC Decaux. Celui-ci verse 57 millions d’euros à la métropole sur 15 ans, soit 3,8 millions d’euros par an. Cela représente 0,17 % du budget de la métropole. S’il y a une volonté politique, la collectivité peut se passer d’une partie de cet argent et trouver des solutions pour compenser », estime le porte-parole.
A Grenoble, où depuis 2015, le maire écologiste Eric Piolle a supprimé du centre-ville les panneaux publicitaires, la ville a perdu l’équivalent de 0,1 % de son budget. Des pertes financières compensées, selon Plein la vue, par la baisse du budget alloué par la ville à la communication.
Des opérations symboliques pour interpeller
Pour peser dans la concertation, Plein la vue a demandé à être reçu par la Métropole. Les citoyens antipubs ont également prévu de multiplier les actions symboliques au cours des prochains mois pour interpeller la population sur les nuisances liées à un affichage massif dans l’espace public. La semaine passée, ils ont ainsi recouvert plusieurs panneaux publicitaires du centre-ville lyonnais et placardé leurs messages militants.
« La pub vous fait dé-penser » pouvait notamment lire sur l’un d’eux. « Le document en préparation à la métropole va être décisif sur notre paysage et notre cadre de vie. Il est essentiel que les habitants se l’approprient et donnent leur avis », ajoute le collectif.