Lyon: Le compostage des biodéchets débute dans les restos et les épiceries
ENVIRONNEMENT Annie Gauthier ramasse chaque semaine les déchets végétaux de certains commerces de Lyon…
- Après le compostage des particuliers, Annie Gauthier a décidé de démocratiser le compostage auprès des restaurateurs et des commerces d’alimentation.
- Le compostage auprès des professionnels, très développé à Paris ou à Nantes, n’en est qu’à ses prémices à Lyon.
- Grâce à cette « Tournée des chefs », 10 tonnes de déchets verts, aujourd’hui incinérées, devraient disparaître des ordures ménagères.
La première fois qu’ils ont participé à la tournée de ramassage, en décembre, ils ont collecté 40 kg d’épluchures en trois jours. « C’est autant de déchets végétaux qui ne finissent plus dans les ordures ménagères puis dans l’incinérateur », se satisfait Carole Cabanis, propriétaire, avec son mari Bertrand, de l’épicerie de produits locaux Scarole et Marcellin implantée dans le VIIe arrondissement de Lyon.
Comme ce couple, sept autres commerces et restaurants ont accepté de composter leurs biodéchets dans le cadre de la Tournée des chefs lancée par Annie Gauthier. Après s’être impliquée dans la cité pour lancer le compostage auprès des particuliers, dans le cadre de l’association Les Compostiers, cette Lyonnaise a décidé de s’attaquer aux professionnels.
70 % de déchets verts chez les professionnels
« J’ai commencé dans les IIIe et VIIe arrondissements car ils abritent de nombreux commerces et restaurants qui travaillent des produits locaux, bio, de saison. Chez les professionnels, le taux de biodéchets peut atteindre les 70 %, il y a donc beaucoup à faire », indique Annie Gauthier, qui effectue sa tournée au guidon de son vélo équipé d’une grande remorque.
Sur un an, la Lyonnaise compte collecter puis composter dix tonnes de biodéchets, ramassés une à deux fois par semaine auprès des participants. Les épluchures sont ensuite compostées dans le parc de la Villa Monoyer, mis gracieusement à disposition d’Annie Gauthier par les propriétaires des lieux en échange d’un coup de main pour entretenir le site.
Des biodéchets brûlés aujourd’hui en incinérateur
Pour voir leurs déchets compostés, les commerçants doivent s’acquitter d’une petite adhésion annuelle puis payer chaque semaine en fonction des kilos collectés. Une contribution acceptée par Carole Cabanis pour agir « à son niveau » en faveur de l’environnement. « C’est une hérésie de mettre des déchets végétaux dans un incinérateur. Ils sont brûlés, ce qui contribue à polluer, alors qu’ils peuvent être compostés », ajoute la jeune femme.
« Les biodéchets sont composés de 80 % d’eau. Tout ce que nous pourrons collecter, c’est autant de déchets qui ne finiront pas dans les poubelles et qui ne seront pas transportés en camion jusqu’à l’incinérateur », précise Annie Gauthier, en contact avec les services de la métropole pour démocratiser le compostage auprès des professionnels.
Bientôt une coopérative ?
« C’est aux collectivités de financer cela. Pour 2018, je sais que je n’aurai pas de soutien financier. Mais mon projet les intéresse. Aujourd’hui, il y a tout un modèle économique à trouver pour que cela fonctionne et se développe à plus grande échelle, comme à Nantes ou Paris », précise la Lyonnaise.
Aujourd’hui autoentrepreneuse, Annie Gauthier songe à créer une coopérative dans laquelle les commerçants pourraient s’investir. D’ici là, ces derniers devraient pouvoir récupérer dans quelques mois le premier compost, un fertilisant naturel et de grande qualité qui permet de structurer les sols et de mieux faire pousser les plantes.