Lutte contre les «fake news»: L’idée d’Emmanuel Macron menace-t-elle la liberté d'expression?
INFORMATION Le président de la République veut une loi sur le sujet en 2018...
- Emmanuel Macron veut lutter contre les « fake news » au moment des élections.
- Il a annoncé son intention de faire voter une loi sur le sujet en 2018.
- Les débats sur cette loi portent sur la place accordée à la liberté d'expression et sur le pouvoir du juge.
Emmanuel Macron est-il encore marqué par les « Macron leaks » de la campagne présidentielle de 2017 ? Lors de ses vœux à la presse prononcés mercredi soir, le chef de l’Etat a révélé qu’il souhaitait une loi pour contrer les «fake news » distillées en période électorale.
Concrètement, Emmanuel Macron souhaite deux choses : d’abord, « des obligations de transparence accrue » sur les contenus sponsorisés postés sur les plateformes (identité des annonceurs, montants investis). Ensuite, la possibilité, « en cas de propagation de fausse nouvelle », d’engager une procédure de référé auprès d’un juge pour « supprimer le contenu mis en cause (…) déréférencer le site (…) fermer le compte utilisateur concerné ».
Equilibre délicat
Pour Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), « on ne récuse pas le principe selon lequel il y a des exceptions à la liberté d’expression ». A partir de là, « il faut se demander qui est le mieux à même de statuer sur ces exceptions. Et nous préférons l’intervention du juge à celle de l’autorité administrative ».
Pour autant, le responsable de RSF reconnaît que la question est délicate. « Nous avons récemment contesté la loi allemande sur les fake news, car elle laissait aux plateformes le soin de distinguer le vrai du faux. L’enjeu principal, pour nous, c’est comment promouvoir le journalisme sans porter atteinte à la liberté d’expression » conclut Christophe Deloire.
Proposition critiquée
Plusieurs responsables politiques ont en effet dénoncé l’idée d’Emmanuel Macron. Outre plusieurs élus du FN, Les Républicains se sont également montrés sceptiques. « Cette proposition est dangereuse pour la liberté de la presse » affirme Lydia Guirous, porte-parole du parti dirigé par Laurent Wauquiez.
Mais il n’y a pas que les adversaires politiques du président de la République qui se montrent réservés. « Emmanuel Macron nous dit que c’est un juge qui va établir la vérité », a expliqué sur France Info Arthur Messaud, juriste de l’association La Quadrature du Net, pour qui la nouvelle proposition de loi semble « complètement excessive ».