«Take your dog at job»: Et si vous veniez avec Medor au travail?

ANIMAUX DE COMPAGNIE Bien plus développé aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, le concept intrigue encore en France. Pourtant, des entreprises privées, petites comme grandes, s’y mettent. A condition de respecter certaines règles, « c’est tout bénef », disent-elles…

Fabrice Pouliquen
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Amener son chien au travail... Une idée pas si farfelue.
Amener son chien au travail... Une idée pas si farfelue. — Paul Brown/Shutterstock/SIPA
  • Aux Etats-Unis surtout, mais aussi en Grande-Bretagne, la pratique est bien plus courante dans les entreprises. Une journée « Take your dog at job » revient même chaque année avec un certain succès.
  • En France, des entreprises autorisent également leurs salariés à amener leurs chiens dans leurs locaux. Des entreprises du secteur animalier surtout, mais pas seulement.
  • A la clé ? "Moins de stress et plus de cohésion entre salariés". Mais pour que ça marche, il faut respecter quelques règles de bonnes conduites.

Lolite s’essaie au baby-foot, s’installe à l’ordinateur pour faire la compta, donne une interview, ou file même livrer un colis… C’est bien simple, Lolite, un golden retriever au poil blanc, est devenu une véritable mascotte à Cadeau Maestro.

Ses aventures sont régulièrement narrées sur le blog et le compte Instagram de la petite entreprise stéphanoise spécialisée dans la vente en ligne de cadeaux originaux. Les siennes comme celles d’ailleurs de Lazuli, Lord et Ioka, trois autres toutous qui partagent régulièrement le quotidien des quinze salariés.

Du frisbee avec un bouledogue sur la pause midi

« Mes deux patrons adorent les animaux et ont pris l’habitude de ramener Lolite et Lazuli, leurs deux golden retriever, depuis trois ans, raconte Nicolas Graillon, responsable web marketing à Cadeau Maestro. Puis, deux collègues [aujourd’hui partis de l’entreprise] ont suivi et voilà comment on s’est retrouvé à cohabiter avec des chiens. »

Nicolas Graillon parle de ce drôle de ménage comme d’un véritable enchantement. Tant pour les animaux - « les prises de bec sont rares entre les chiens », que pour les salariés. « Il y a un côté relaxant et déstressant à caresser un chien mais leur présence facilite aussi la cohésion entre collègues et l’intégration des plus timides, raconte-t-il. C’est tout bête, mais Ioka, une femelle bouledogue, adorait le frisbee si bien qu’on pouvait passer bien vingt minutes à jouer avec elle sur la pause midi. »

Courant aux Etats-Unis, encore très rare en France

Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, Cadeau Maestro ne surprendrait personne. « Amener son animal de compagnie sur son lieu de travail y est beaucoup plus commun, raconte Brigitte His, fondatrice des trophées « Pet Friendly », un tout nouveau concours qui récompense les entreprises qui ouvrent leurs portes aux animaux de leurs salariés. La journée du « Take your dog at work » [« Amenez votre chien au travail »] y fait chaque année un tabac. »

On y est encore loin en France. Pourtant, aucune loi n’interdit la présence d’un animal sur son lieu de travail. A l’exception des bêtes accompagnant les personnes handicapées, les chiens comme les chats sont interdits des établissements de santé, de l’administration publique ou des magasins alimentaires. Mais pour le reste des entreprises privées, le règlement peut prévoir la présence d’un animal de compagnie. « Tout projet de ce type doit au préalable obtenir l’autorisation du directeur général de l’entreprise et/ou du comité de direction et l’inspection du travail doit être informée également », prévient Magali Gavaret, responsable du projet Alliance Pets at work à Nestlé Purina.

Surtout des entreprises du secteur animalier ?

Aux trophées « Pet friendly », le 8 octobre dernier, la filiale de la multinationale suisse, spécialisée dans la nourriture animale, a décroché la première place dans « la catégorie entreprise ». Et pour cause : dans ses bureaux de Noisiel (Seine-et-Marne), Nestlé Purina ouvre facilement les portes de ses bureaux aux chiens de ses salariés. « Une vingtaine en ce moment », précise Magali Gavaret.

Facile, diriez-vous, l’entreprise est forcément sensibilisée aux animaux de part son activité. De fait, sur la vingtaine de sociétés à avoir candidaté aux trophées Pet Friendly, sont dans le domaine animalier. « Il s’agit de Mars (nourriture pour animaux), Animalis (animalerie en ligne), Fidanimo (assurance santé pour animaux), Wamiz (site internet dédié aux animaux) », liste Christine His.

El Toro, petit teckel devenu mascotte d’un espace de coworking

Mais en sollicitant l’aide des internautes sur Twitter, on a fini par dénicher d’autres entreprises de secteurs divers. Comme Cado Maestro donc.Emilie Fléchaire, attachée de presse à son compte travaillant dans un espace de coworking parisien, nous parle aussi d’El Toro, un « petit teckel au poil long rigolo », qu’une coworkeuse amène de temps en temps au bureau depuis un an. « Quand El Toro est là, on passe du temps avec lui, on lui fait des papouilles, raconte-t-elle. Cela permet de décompresser, de parler d’autre chose que du travail. Ce sont de vrais moments de détentes qui ne nuisent pas à la productivité et qui permettent de se replonger plus détendu dans le travail. »

Ce n’est pas Jean-François Marnette, dirigeant et fondateur de Tiz, qui dira le contraire. L’agence web strasbourgeoise compte quinze salariés plus Gribouille [décédé en août] et Ficelle, le chien d’un collaborateur. « Non seulement la présence d’un chien concourt à une bonne ambiance générale, mais il a aussi des conséquences directes sur la qualité du travail et améliore même la perception qu’ont de nous nos clients », estime-t-il.


Des règles à respecter

Mais pour que la cohabitation se passe bien, il y a quelques règles à respecter. « Du bon sens le plus souvent, explique Jean-Franois Marnette. Le chien doit être propre et ne pas aboyer par exemple. » Avec 300 salariés sur le site de Noisiel, Nestlé Purina a dû pousser la réflexion plus loin avant d’ouvrir ses portes aux chiens. « Nous avons commencé par une enquête en interne pour savoir combien de nos salariés avaient un chien, puis un sondage pour savoir s’ils étaient pour que les chiens fassent partie de leur vie au bureau », précise Magali Gavaret.

Puisque les retours étaient positifs, un comité de suivi du projet a été mis en place et une charte d’accueil élaboré. « Les chiens n’ont pas accès aux toilettes, ni à la cantine, illustre Magali Gavaret. Ils peuvent venir en salle de réunion à condition que les participants soient tous d’accord et des stickers collés à la porte des bureaux préviennent de la présence ou non d’un chien à l’intérieur. Pour chaque nouveau chien arrivant, le propriétaire doit venir me présenter le carnet de vaccin à jour de l’animal et est responsable des dégâts que pourrait causer son animal dans l’entreprise. Nous avons décidé enfin de ne pas accepté les chiens de catégories 1 et 2, susceptibles de représenter un danger. »

Le « Pet at work » en quête de promotion

Nestlé Purina veut désormais faire profiter d’autres grandes entreprises de ses outils. Elle a lancé en septembre dernier l’Alliance Pets at work qui ambitionne de convaincre 200 entreprises en Europe, de plus de 250 salariés, d’autoriser leurs salariés à venir avec leur chien. D’autres initiatives similaires voient le jour. Comme celle d’Office Riders, une agence de location de bureaux à Paris, qui organise ce vendredi l’opération « Oh my dog, it’s friday », une journée de coworking, avec son chien, au Pavillon des canaux, le long du bassin de la Villette.