Attentat déjoué à Fresnes: Les deux détenus étaient en contact avec d’autres prisonniers et devaient être libérés

TERRORISME Les deux détenus sont soupçonnés d'avoir projeté un attentat à leur sortie de détention, prévue ce mardi pour l'un, dans les quinze jours pour l'autre...

Caroline Politi
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Maison d'arrêt de Fresnes. Un projet d'attentat aurait été fomenté par deux détenus. Une enquête a été ouverte.
Maison d'arrêt de Fresnes. Un projet d'attentat aurait été fomenté par deux détenus. Une enquête a été ouverte. — SIPA
  • Deux hommes ont été mis en examen pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle».
  • Tous deux étaient détenus à Fresnes, pour des faits de droit commun.
  • Ils étaient en contact avec d'autres détenus dans différentes prisons.

Charles-Henri M. devait être libéré ce mardi, son complice présumé, Maxime O., sous une quinzaine de jours. Tous deux s’apprêtent pourtant à passer de nouvelles nuits derrière les barreaux. Détenus à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, ils ont été mis en examen vendredi 6 octobre pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » au terme de 96 heures de garde à vue, a-t-on appris de source judiciaire, confirmant une information de LCI. Ils sont soupçonnés d’avoir fomenté un projet d’attentat depuis leur cellule, en tentant notamment de rallier des détenus de plusieurs maisons d’arrêt.

« Leur projet était nébuleux, plusieurs cibles étaient évoquées, rien n’était vraiment arrêté », précise une source proche du dossier. L’enquête démarre à la fin de l’année 2016 à la suite de « plusieurs renseignements concordants » sur une volonté de passer à l’acte à leur sortie. Les deux hommes, âgés de 22 et 28 ans, sont incarcérés pour des faits de droit commun. L'aîné, Charles-Henri M., Camerounais, est détenu depuis 2013 pour un braquage, Maxime O. pour une tentative d’homicide l’année suivante.

« Charles-Henri était un détenu très froid, très calculateur, se remémore Cédric Boyer, agent pénitentiaire à Fresnes et secrétaire local de FO Pénitentiaire. Ils savaient se fondre dans la masse et se faire oublier. » Il garde moins de souvenirs de Maxime O., «très discret». Détenus dans le même quartier, ils ont été signalés pour leur radicalisation auprès de l’administration pénitentiaire.

Des contacts avec un homme en zone irako-syrienne

Dès la fin de l’année, une surveillance discrète est mise en place. Les services de renseignements interceptent notamment des échanges avec plusieurs détenus dans différentes maisons d’arrêt. Selon une source proche de l’enquête, Charles-Henri M., considéré comme le « leader », a également eu des échanges avec un homme en zone irako-syrienne « mais rien n’indique, à l’heure actuelle, qu’il soit le commanditaire du projet », insiste-t-on.

Lors d’une fouille de leur cellule la semaine dernière, plusieurs documents évoquant la possibilité de monter un groupe de combattants et de cibler, à leur sortie, des policiers ou des surveillants de prison ont été découverts, précise une autre source bien informée. Différents modes opératoires sont évoqués : prise d’otage, fusillade… Les deux hommes envisagent également de braquer une bijouterie pour financer leur action.

Un contact à la Réunion intrigue les enquêteurs

Les enquêteurs de la DGSI s’intéressent également à un de leurs contacts, un Réunionnais de 44 ans, récemment mis en examen sur l’île pour « apologie publique d’actes de terrorisme, par le biais de messages adressés sur un compte Twitter entre juin et août 2017 ». L’homme aurait notamment proposé de se rendre en métropole pour « apporter un soutien logistique aux deux suspects », confie cette même source. Il aurait notamment proposé de leur apporter un logement ou une voiture.