«On m'a traitée de connasse égoïste parce que je ne veux pas d'enfants»

MATERNITE Les internautes de la page Facebook de 20 Minutes racontent les pressions qu’elles subissent parce qu’elles ne veulent pas fonder de famille…

Charlotte Murat
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Certaines femmes ne voient jamais naître en elles le désir de fonder une famille.
Certaines femmes ne voient jamais naître en elles le désir de fonder une famille. — DELAHAYE CATHERINE/SIPA
  • Garance Doré a publié une tribune dans laquelle elle dénonce les pressions sur les femmes qui ne veulent pas avoir d’enfants.
  • Les internautes de la page Facebook de 20 Minutes témoignent de ces pressions.
  • Ces dernières viennent de leur entourage, mais également des médecins.

Devenir mère, elles n’en ont jamais eu envie. JA-MAIS. Elles se sentent parfaitement heureuses comme ça, mais c’était sans compter sur le regard des autres. Nous avons demandé aux internautes de la page Facebook de 20 Minutes qui ne veulent pas avoir d'enfants de nous raconter ce qu’elles vivent au quotidien. « Parler de pression, c’est un euphémisme », annonce d’entrée Delphine, 29 ans. Les réactions sont au mieux étonnées, au pire complètement déplacées. Je me suis déjà fait traiter de connasse égoïste ! »

« Tu dis ça maintenant, mais tu changeras d’avis plus tard »

Pourquoi elles ne veulent pas d’enfants? Qu’importe, les raisons leur appartiennent, et d’ailleurs nous ne leur avons même pas demandé. Mais il n’empêche, « qu'il faut en permanence se justifier », dénonce Delphine. On me dit souvent « Tu dis ça maintenant, mais tu changeras d’avis plus tard », raconte Isabelle, 36 ans.

« Les gens se considèrent en sauveur de l’humanité en cherchant à nous faire changer d’avis, ajoute Tatiana, 35 ans. Pourtant c’est ancré en nous. » Et ce, depuis très longtemps. Toutes expliquent que leur non-désir de maternité est né très tôt, dès l’enfance pour certaines. « Ça s’est conforté avec le temps. C’est notre choix de vie, mais dès qu’on sort de la norme, on apparaît comme bizarre. Les gens nous considèrent comme cassées et cherchent à nous réparer », rebondit Isabelle.

« C’est limite si on ne m’a pas envoyé voir un psy »

Cette « incompréhension générale » dépasse souvent le cadre amical ou familial. « Lorsque j’ai voulu faire un emprunt immobilier, le banquier m’a demandé pourquoi je voulais une maison alors que je n’avais pas d’enfants, poursuit Isabelle. Même chose chez le concessionnaire qui ne me proposait que des petites citadines alors que je voulais un break. Mais le pire, c’est chez le gynécologue. C’est limite si on ne m’a pas envoyé voir un psy. Et à chaque fois que j’ai changé de médecin, il m’a fait faire un bilan hormonal. »

Une situation également vécue par Delphine : « Dans un cabinet médical, dire qu’on ne veut pas d’enfant, c’est comme demander un avortement. Une gynéco a refusé de me poser un implant contraceptif au prétexte que "ça ne laisse pas assez de place aux surprises de la vie". » La jeune femme s’est fait ligaturer les trompes en juillet de cette année. Une opération autorisée en France dans un cadre autre que thérapeutique depuis 2001 et qui ne peut être réalisée qu’après un délai de réflexion de quatre mois. « Quand j’ai été opérée, ma meilleure amie, mère de deux enfants, s’est réjouie avec moi et pour moi. Parce qu’elle a bien compris que cela ne remettait en aucun cas en cause ses choix à elle. Je ne suis pas pour l’extinction de la race bébés, je ne veux juste pas d’enfants, moi, Delphine. »

« Un tabou sociétal total »

Pourquoi ces réactions ? Pourquoi ne laisse-t-on pas vivre leur choix en paix ? « Parce que c’est un tabou sociétal total, répond Delphine. Parce qu’on considère qu’une fille n’a pas d’autre avenir que de devenir mère. » « On suscite également une certaine jalousie inconsciente de la part de ceux qui doivent assumer les galères de la charge parentale », analyse Tatiana.

La situation est pourtant d’une simplicité extrême, estime Delphine. « On fait bien des enfants parce qu’on les désire, non ? Eh bien, quand on n’en désire pas, on n’en fait pas. » Et n’allez pas lui sortir le « cliché de la vieille folle qui finit seule, bouffée par ses chats ». Les histoires d’amour sont possibles, ces trois femmes en ont vécu. « Je n’ai jamais été avec un homme qui voulait des enfants, précise Isabelle. Je ne me suis jamais cachée sur mes intentions et le sujet des enfants arrive généralement assez vite. Cela avorte donc les relations dans lesquelles cela pourrait poser problème dans le futur. » « La femme n’a pas à imposer son choix, quel qu’il soit », enchérit Delphine. Ni la société à imposer les siens à la femme.