«Devoirs faits» au collège: A quoi va ressembler cette aide?
RENTREE SCOLAIRE Pour le gouvernement, les devoirs à la maison sont une source d’inégalités, qu’il faut combattre…
- La mesure entrera en vigueur après les vacances de la Toussaint.
- Le ministère pense que 30 % des collégiens pourraient être intéressés.
- Mais les syndicats s’inquiètent du nombre d’encadrants prévus et de leur formation.
C’est une des nouvelles mesures qui va être inaugurée à cette rentrée : le programme « devoirs faits » au collège. Un dispositif qu’évoquait déjà Emmanuel Macron dans son programme électoral. 20 Minutes détaille la manière dont il sera mis en œuvre et les questions qu’il pose.
Quelle est l’ambition de cette mesure ?
Dans son programme électoral, Emmanuel Macron faisait ce constat : « Une part importante des inégalités scolaires se joue en effet en dehors de la salle de classe. Le risque du développement d’une école à deux vitesses bafoue les fondements de nos principes républicains ». D’où son intention de remettre « des études dirigées partout dans les établissements ». Une aide proposée gratuitement aux élèves. « C’est à la fois une mesure d’équité sociale et de prévention du décrochage », explique à 20 Minutes l’entourage du ministre de l’Education.
Quand sera-t-elle déployée ?
La mesure entrera en vigueur après les vacances de la Toussaint, histoire de laisser aux équipes éducatives le temps de s’organiser. Et le ministère espère pouvoir la mettre en œuvre dans les écoles primaires dès la rentrée 2018.
A qui s’adresse-t-elle ?
Aux élèves des 5.300 collèges publics de tous les niveaux. Enfin, à ceux qui le désirent car ces sessions de devoirs ne seront pas obligatoires. « On pense qu’environ 30 % des élèves pourraient être intéressés », avance l’entourage de Jean-Michel Blanquer. « Avant les vacances de la Toussaint, les enseignants interpelleront les familles dont les enfants sont les plus en difficultés, afin de leur présenter cette aide », indique la rue de Grenelle.
Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du Snes insiste sur l’importance de ce travail en amont auprès des familles, « car le risque avec une telle mesure, c’est que les élèves qui fonctionnent bien au collège s’en saisissent, mais qu’elle passe à côté de ceux qui en ont le plus besoin », déclare-t-elle. D’autant que convaincre les élèves en difficulté de rallonger encore leur journée de classe sera difficile. « Cette mesure peut être utile à ceux qui n’ont pas d’espace pour travailler chez eux ou qui ont du mal à s’y mettre seuls. A condition que cette aide soit bien pensée par les équipes en amont », estime de son côté Claire Krepper, secrétaire nationale du Se-Unsa.
Quand aura-t-elle lieu dans la journée ?
Dans la plupart des collèges, cette aide sera proposée après la classe en fin de journée. « Mais il y aura des déclinaisons différentes. Dans les communes rurales, comme il existe des contraintes relatives au transport scolaire, les chefs d’établissements l’organiseront plutôt lors des heures de permanence ou sur la pause méridienne », précise la rue de Grenelle. Chaque établissement pourra donc décider des modalités de mise en œuvre du programme. Autre certitude : ce temps d’études accompagné « aura une durée minimale de quatre heures hebdomadaires », précise le ministère de l’Education.
Par qui seront encadrés les élèves ?
Par des enseignants volontaires payés en heures supplémentaires, des assistants d’éducation (surveillants), des volontaires du service civique, des membres d’associations de soutien scolaire agrées par le ministère de l’Education nationale. Une campagne pour recruter 10.000 jeunes en service civique à cet effet a été lancée cet été. « Nous privilégions les profils d’étudiants en année de césure », indique le ministère.
Les encadrants seront-ils assez nombreux ?
« A minima, il y aura deux accompagnants pour 30 élèves », indique le ministère. Concernant le recrutement de volontaires du service civique, la rue de Grenelle indique qu’il démarre bien, sans donner de chiffres. Mais Valérie Sipahimalani craint que les moyens humains ne soient pas assez nombreux dans les collèges : « Les chefs d’établissements disposeront-ils de suffisamment d’heures supplémentaires pour avoir recours aux enseignants ? Idem pour les assistants d’éducation : on en manque déjà, comment les déployer sur ce dispositif en plus ? », s’inquiète-t-elle. Quant au vivier de profs qui se porteront volontaires pour le dispositif, Claire Krepper pense qu’il sera suffisant : « cela pourra intéresser les jeunes enseignants qui ont du mal à boucler les fins de mois », indique-t-elle.
Les encadrants seront-ils formés à leurs missions ?
Le ministère évoque une petite formation pour les volontaires du service civique et insiste surtout sur la désignation d’un enseignant référent qui sera l’orchestre de la mesure dans son établissement. Ce qui ne rassure pas Valérie Sipahimalani : « On ne sait pas en quoi consistera la formation des encadrants. Or, ces derniers doivent apprendre à piloter un groupe, à comprendre les attendus pédagogiques vis-à-vis des élèves… Sinon, l’aide aux devoirs peut devenir contre-productive », lance-t-elle. « Il ne faut surtout pas que les encadrants finissent par faire les devoirs à la place des élèves. Ce qui aggraverait encore les inégalités scolaires », insiste aussi Claire Krepper. « Pour que cette aide soit efficace, il faut que les encadrants fassent un travail collectif sur ce qu’on attend des élèves lors de leurs devoirs et comment les accompagner au mieux en les autonomisant et comment les aider à améliorer leurs méthodes de travail », ajoute-t-elle.
Combien cette mesure va-t-elle coûter ?
En juillet, Jean-Michel Blanquer avait indiqué que la mesure pourrait nécessiter d’un budget de 150 millions par an. « Ce sera sous doute un peu en dessous », précise le ministère.