VIDEO. Affaire Grégory: Murielle Bolle a entamé une grève de la faim pour «crier son innocence»

JUSTICE Placé en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur la mort du petit Grégory, ce témoin clé vit un «enfer» en prison, selon l’un de ses avocats…

Vincent Vantighem
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Granges-sur-Vologne (Vosges), le 21 juin 2017. Murielle Bolle chez elle avant son interpellation.
Granges-sur-Vologne (Vosges), le 21 juin 2017. Murielle Bolle chez elle avant son interpellation. — PATRICK HERTZOG / AFP
  • Mise en examen pour enlèvement, Murielle Bolle est en détention provisoire à Dijon.
  • Témoin clé de l’affaire Grégory, elle a été mise en cause par l’un de ses cousins.
  • Elle a entamé une grève de la faim pour demander une confrontation avec ce cousin.

« Elle est effective à compter de 12h, ce jeudi… ». Christophe Ballorin, l’un des avocats de Murielle Bolle, a assuré, ce jeudi à 20 Minutes, que sa cliente avait « entamé une grève de la faim » à la prison de Dijon (Côte-d’Or) où elle a été placée en détention provisoire dans le cadre de l’instruction ouverte sur la mort du petit Grégory.

Confirmant une information du Bien Public, Christophe Ballorin a indiqué que sa cliente avait entamé cette grève de la faim pour « protester contre sa détention qui est un cauchemar et crier son innocence ». Une information qui n’a toutefois pas été confirmée par une source pénitentiaire contactée par 20 Minutes. « Murielle Bolle n’a pas prévenu le chef de détention de cette grève de la faim. Nous l’avons apprise par voie de presse », indique-t-elle de son côté.

Mise en examen pour « enlèvement suivi de la mort du petit Grégory », cette femme avait accusé, en 1984, Bernard Laroche, son beau-frère, d’avoir kidnappé le petit Grégory le 16 octobre 1984, soit le jour où il a été découvert pieds et poings liés dans la Vologne (Vosges). Après avoir passé une soirée en famille, le 5 novembre 1984, elle s’était finalement rendue au Palais de justice pour se rétracter et innocenter son beau-frère. Les enquêteurs ont acquis la conviction que celle que l’on surnommait alors « Bouboule » avait subi un « recadrage en règle » de sa famille avant de changer de version.

Dijon (Côte d'or), le 30 juin 1986. Murielle Bolle (à gauche) arrive au palais de justice pour être entendue.
Dijon (Côte d'or), le 30 juin 1986. Murielle Bolle (à gauche) arrive au palais de justice pour être entendue. - ERIC FEFERBERG / AFP

« Je ne vous cache pas qu’elle a des pensées suicidaires »

Pour accréditer leur thèse, ils s’appuient notamment sur le témoignage d’un cousin de Murielle Bolle qui s’est manifesté le 17 juin dernier. Celui-ci leur a raconté qu’il était présent, le 5 novembre 1984, et qu’il avait assisté au « lynchage » de la jeune fille. Mardi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon a choisi de la maintenir en détention le temps de pouvoir organiser une confrontation avec ce cousin et d’y voir clair.

« Cette grève de la faim vise aussi à faire accélérer l’organisation de cette confrontation, poursuit Christophe Ballorin. Murielle Bolle vit des conditions de détention terribles et je ne vous cache pas qu’elle a des pensées suicidaires. » Placée à l’isolement depuis une semaine, cette femme, aujourd’hui âgée de 48 ans, n’a pas le droit à la promenade et est, toujours selon son avocat, la cible récurrente de menaces et d’insultes de la part de ses codétenues. « Elle ne peut même pas ouvrir sa fenêtre sans que les détenues au-dessus lui balancent de l’eau. Elle doit forcément être protégée pour prendre une douche… »


Pas de confrontation dans les cinq prochains jours

Selon une source proche du dossier, la confrontation avec le cousin devrait intervenir « très prochainement ». Mais sans doute pas dans les cinq prochains jours, soit le délai légal pour qu’une convocation lui soit officiellement adressée, ce qui n’a, selon Christophe Ballorin, pas encore été fait. Agé de 54 ans, le cousin de Murielle Bolle qui l’accuse d’être revenue sur ses déclarations est handicapé et se déplace en fauteuil roulant, ce qui pourrait compliquer l’organisation de cette confrontation.

« Mais pour nous, c’est très important d’aller vite, poursuit Christophe Ballorin. Nous attendons cette confrontation qui va permettre de faire voler en éclats le témoignage de ce cousin. Et dans la foulée, nous déposerons une demande de remise en liberté pour Murielle Bolle afin que ce cauchemar se termine. »