Admissions post-bac: Quand même les filières dites «libres» mettent les étudiants sur liste d'attente
EDUCATION De nombreux élèves passant le bac ne savent toujours pas dans quelle filière ils pourront poursuivre leurs études l’an prochain…
- Ce lundi, la deuxième phase d’admission post bac (APB) vient de débuter
- Certaines filières sous tension ne peuvent pas accepter parfois jusqu’à la moitié des élèves désireux de faire des études de psychologie ou de droit
- Mais même les filières dites « libres », qui affichent une pastille verte, ont mis sur liste d’attente des milliers d’élèves qui s’inquiètent alors qu’ils passent le bac sans savoir si à la rentrée ils seront acceptés dans une licence
« Il y a en quelque sorte tromperie sur la marchandise », résume Philippe Vincent, secrétaire général adjoint du SNPDEN, principal syndicat des chefs d’établissements du secondaire. Des lycéens qui ont fait leurs vœux pour poursuivre leurs études dans le supérieur ont eu une mauvaise surprise. Aucune filière ne les accepte… même celles qui ne devraient pas être sous tension…
Liste d’attente même pour les filières à pastille verte
Pas évident de comprendre le système d’admission post-bac, plus connu sous l’acronyme APB. Il différencie les études sous tension avec un code couleur : les filières Staps, droit, psychologie et études communes de médecine affichent une pastille orange, car elles sont particulièrement sélectives. Celles qui affichent une pastille verte assurent une place aux lycéens. Pour la première fois cette année, les futurs bacheliers étaient obligés de sélectionner une filière dite « pastille verte ». En clair, si vous rêviez de devenir prof de sport, mais que vous n’avez pas obtenu de place, vous pouvez toujours être sûr d’avoir une place dans une autre licence.
Problème : des milliers d’étudiants se sont retrouvés sur liste d’attente « alors que cette pastille verte leur assurait une affectation en licence dans ces filières dites libres, une forme d’assurance tout risque, s’agace Philippe Vincent. Et ce n’est pas le ministère de l’Enseignement supérieur qui nous a alertés sur ce problème, mais les étudiants ! » En SVT, économie et gestion, sciences du langage par exemple, il y a engorgement.
Stress pour les lycéens en plein bac
Une situation qui désespère bien des lycéens… dont certains partagent les refus répétés sur Twitter.
« Nos lycéens sont déjà inquiets de voir qu’ils ne pourront pas entrer dans la filière de leur choix, quand elle est sélective, alors quand ils se retrouvent sur liste d’attente pour leur deuxième choix dans une filière « libre », ils sont un peu au bout du rouleau, reprend le proviseur d’un lycée à Marseille. D’autant qu’avoir ce genre de nouvelle quand on passe le bac, c’est du stress en plus ! » Une pression dénoncée aussi par la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) qui, dans un communiqué, s’agace : « A l’heure où les lycéens préparent le baccalauréat, ce premier retour d’APB est vécu comme un choc et un bouleversement profond pour ces futurs étudiants qui se projetaient dans l’avenir. Il est primordial d’apporter une réponse urgente aux dizaines de milliers de lycéens qui se retrouvent sans proposition ou orientés dans une filière qui ne leur correspond pas, comme cela a été fait pour 850 futurs étudiants en PACES. »
Une solution rapide ?
A l’issue de la première phase de sélection, 20 % des étudiants n’ont pas obtenu une place dans une filière qu’ils avaient choisie. Mais une seconde étape vient de débuter ce lundi. Et ceux qui seraient à nouveau mécontents peuvent encore compter sur une troisième phase, qui commencera le 14 juillet.
Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, seules 55 filières pastilles vertes sont concernées sur 1 511. Et il a assuré à la fin de la semaine dernière qu’une solution devrait voir le jour pour environ deux tiers de ces étudiants laissés sur le carreau. Le ministère espère que, avec un système de turn-over, les lycéens qui n’ont pas réussi leur bac et ceux qui ont obtenu leur premier vœu à l’APB vont libérer des places dans ces filières « pastille verte ».
« Il est possible que, d’ici quelques semaines, tous les étudiants aient une place dans une licence. Mais savoir le 28 juin ou le 28 août quelles études on va poursuivre, ce n’est pas la même chose, nuance Philippe Vincent, du SNPDEN. Pour trouver un appartement dans une autre ville, préparer la rentrée, demander une bourse, je peux vous dire en tant qu’expert d‘étudiants qu’une entrée dans les études supérieures demande un peu d’organisation familiale et financière… »
Répondre au sureffectif
Mais au-delà de ce qui pourrait être un bug vite oublié, les syndicats de proviseurs comme d’étudiants réclament une vraie réflexion sur l’admission dans les études supérieures. « Ce problème souligne qu’il y a un sureffectif dans beaucoup de filières, reprend Philippe Vincent. Qu’on aurait pu anticiper : au niveau démographie scolaire, l’année 2000 a été une année record. Une génération qui arrive aujourd’hui à l’université. Or, le ministère ne communique pas sur l’ouverture de nouveaux cours et amphis. Une chose est d’assurer à nos jeunes une place dans une licence, une autre qu’ils puissent étudier dans de bonnes conditions. »
Une demande de moyens supplémentaires réclamée également par le syndicat étudiant Fage : « Dans un contexte d’augmentation démographique, il faut faire mieux pour des étudiants toujours plus nombreux. Œuvrer à la spécialisation progressive des lycéens et créer les conditions d’une orientation choisie et non subie requiert une réforme du lycée, du baccalauréat et du premier cycle d’études supérieures. »