L214: Où en sont les affaires des abattoirs révélées par l'association ces dernières années ?
MILITANT Avant l'élevage de poules en Vendée le 29 mai, il y a eu les abattoirs de Limoges, Alès, Houdan, Mauléon-Licharre...
- Jusqu'à maintenant, près de huit abattoirs ont été passés au grill par l'association L214.
- Dans les abattoirs ayant fait (ou faisant toujours) l'objet d'une enquête, les structures de l'établissement sont presque toujours mises en cause.
- La plupart des abattoirs pointés du doigt ont fermé leurs portes après la diffusion des images de L214. Pour rouvrir quelques semaines plus tard...
Régulièrement, elle fait l’actualité. L’association L214 poursuit, depuis 2008, son entreprise de dénonciation des conditions d’abattage et d’élevage d’animaux dans l’hexagone. Dernière révélation en date : un élevage de poules en batterie en Vendée épinglé pour maltraitance. Avec, à l’appui, une vidéo « choc ». Avant une nouvelle action dès la semaine prochaine. Un modus operandi déjà très largement utilisé ces dernières années. Efficace. Mais à quel point ? Que sont devenus ces abattoirs pointés par l’objectif de la caméra de l’association ?
En 2008, l'association décide de s’attaquer à un ennemi d’envergure : l’industriel Charal. Les images de ces vaches égorgées encore conscientes font le tour de la toile. L214 porte plainte. Charal riposte. L'affaire sera finalement classée sans suite. En 2012, à la suite du documentaire «l'adieu au steak» diffusé par Arte, Charal porte plainte contre la chaine et, à nouveau, contre des membres de L214. Mais sera finalement débouté et condamné par le Tribunal de Grande Instance de Paris à verser un total de 6.000 euros de dommages et intérêts.
En 2015, c’est vers l’abattoir d’Alès (Cévennes) que les regards se tournent. Au menu cette fois : l’abattage de cochons violemment asphyxiés au Co2 ou égorgés sans étourdissement. Entre autres. Nouveau dépôt de plainte de l’association. Le maire décide alors de fermer l’établissement… puis de le rouvrir deux mois plus tard !
Aujourd'hui. L’enquête préliminaire est terminée. Un procès devrait avoir lieu. Aucune date n’a, pour l’heure, été fixée.
En février 2016, l’abattoir bio du Vigan (Gard) est dénoncé pour maltraitance. Derrière ses portes, des vaches, cochons et moutons sont égorgés sans avoir été, au préalable, étourdis. Une obligation légale, pourtant.
Aujourd’hui. Un ancien employé de l’établissement a été condamné, le 24 mars 2017, à huit mois de prison avec sursis et 600 euros d’amende pour cruauté et sévices envers des animaux. La communauté de communes a, elle aussi, payé les pots cassés et a écopé d’une amende de 3.500 euros.
En mars 2016, c’est au tour de l’abattoir de Mauléon-Licharre (Pyrénées Atlantiques) d’être la cible de l’association. Avec, une fois n’est pas coutume, des problèmes liés à une non-conformité de l’abattage.
Aujourd’hui. L’enquête préliminaire est terminée. Trois employés de l’établissement devraient comparaître devant le tribunal de Pau. Mais quand ?
En novembre 2016, des images prises par l’un des employés de l’abattoir de Limoges montrant des fœtus de bovins agonisants jetés dans des bennes sont diffusées par L214. Comme ses homologues, l’abattoir de Limoges présente des problèmes notamment liés aux lignes d’abattage.
Aujourd’hui. Si l’établissement a réalisé un investissement de 350.000 euros à la suite de la diffusion de ces images, L214 n’a pas souhaité retirer sa plainte. « C’est comme si, lorsque vous faisiez un excès de vitesse, vous argumentiez pour ne pas payer l’amende en disant que vous avez, malgré tout, appuyé sur le frein. Ça ne marche pas ! », s’indigne Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214. L’enquête préliminaire est toujours en cours.
En février 2017, l’association porte plainte contre l’abattoir de Houdan (Yvelines) pour maltraitance envers des animaux. Sur la vidéo diffusée par L214, un employé de l’établissement frappe violemment des porcs pour les faire rentrer dans une ligne d’abattage.
Aujourd’hui. Le dossier est toujours en cours d’instruction. Des membres de L214 avaient été arrêtés alors qu’ils tournaient des images dans l’abattoir. Leur procès se tiendra le 12 juin prochain.
Au total, les pratiques de huit abattoirs ont été dénoncées, en France, par L214.
Le 10 juin se tiendra la marche annuelle de l’association, à Paris, « pour la fermeture des abattoirs et pour promouvoir un autre modèle de société », dixit Brigitte Gothière.