«Century 21», «gros kebab»... Jawad Bendaoud dénonce ses conditions de détention pendant son procès
PROCÈS Le « logeur » des terroristes des attentats du 13-Novembre comparaissait ce jeudi pour « menaces et outrage sur personne dépositaire de l’ordre public »…

- Lors d’un précédent procès en janvier 2017, Jawad Bendaoud avait copieusement insulté les policiers qui l’escortaient jusqu’à la salle d’audience
- Le prévenu avait accusé les forces de l’ordre de l’avoir violenté
- En détention depuis dix-neuf mois à Villepinte, il a déjà écopé deux peines, l’une pour trafic de stupéfiants, l’autre pour avoir tenté d’incendier sa cellule et menacé un surveillant
Au tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis),
Ni cri, ni menace n’ont troublé cette fois-ci l’audience de Jawad Bendaoud qui se tenait jeudi au tribunal correctionnel de Bobigny. En janvier dernier, le procès pour trafic de cocaïne du « logeur du 13 novembre » s’était tenu sans lui. Violenté par les policiers de l’escorte, le détenu avait copieusement insulté et menacé les fonctionnaires. Une bordée d’injures qui l’amenaient aujourd’hui pour la 3e fois en six mois à comparaître pour « outrage et menaces sur personne dépositaire de l’ordre public ».
#Jawad: "Ils m'ont mis des coups de matraques. Toi, je vais te niquer. Dehors, quand tu veux, où tu veux." Jawad repart au dépôt.
— Vincent Vantighem (@vvantighem) January 26, 2017
« Gros kebab », « Century 21 »
Placé à l’isolement depuis son interpellation devant les caméras de BFMTV en novembre 2015, Jawad Bendaoud reconnaît avoir « pété les plombs » quelques minutes avant d’entrer dans la salle d’audience le 26 janvier dernier. Placé au dépôt, il explique avoir subi une deuxième palpation de sécurité musclée : « Un policier m’a appelé Century 21 [en référence à sa qualité de « logeur »] et m’a dit 'Ferme ta gueule !'. Ensuite il a mis sa matraque entre mes jambes, et m’a soulevé du sol et m’a dit 'Tu manges bien en prison espèce de gros kebab'. C’est là que je me suis retourné ».
C’est ce geste et le poing levé de Jawad qui ont poussé les policiers à réagir. Deux fonctionnaires frappent le détenu avec leur matraque télescopique, entraînant 5 jours d’ITT et de nombreux hématomes aux jambes, aux bras et sur l’un des pectoraux. Ces gestes, les policiers qui ont déposé plainte contre Jawad les reconnaissent. Une réaction « proportionnée » pour le ministère public qui a requis six mois d’emprisonnement et le maintien en détention.
« On vient le regarder comme si on était au zoo »
Une détention au cœur des maux de Jawad a insisté son avocat, Xavier Nogueras. « Ça fait combien de temps que vous n’êtes pas allé en promenade ? », demande le conseil. « Ça fait six mois, je suis en cellule tout le temps, je sors pas, j’ai pas envie de sortir. De quoi et avec qui je vais parler ? Le mec a côté de moi à l’isolement est en prison pour avoir violé une fillette de six ans », lâche le détenu moulé dans un tee-shirt noir, catogan attaché sur la nuque.
"Je me mange peine sur peine, (....) avant même d’être jugé pour les attentats, j’ai déjà pris 18 mois" #Jawad
— helenesergent (@helenesergent) June 1, 2017
Plaidant la relaxe, Xavier Nogueras a dénoncé le traitement infligé à son client depuis son interpellation le 18 novembre 2015 : « Jawad Bendaoud a été la catharsis qui a fait rire après avoir trop pleuré. On vient le regarder comme si on était au zoo, au cirque (…) c’est un singe à qui on lance des cacahuètes », a-t-il fustigé pendant que des curieux passaient une tête à l’entrée de la salle d’audience pour apercevoir le « logeur du 13 novembre ».
Reconnu coupable, Jawad Bendaoud n’a finalement pas écopé d’une nouvelle peine de prison mais de six mois de mise à l’épreuve pendant deux ans avec une obligation de soin avec un psychologue et l’indemnisation des cinq policiers qui se sont portés parties civiles. Un signe « d’apaisement » supplémentaire salué par son avocat qui a obtenu, il y a quelques semaines, la disjonction du cas de Jawad avec le reste des protagonistes du dossier des attentats du 13 novembre.
Cette ordonnance, rendue le 28 avril pourrait conduire à revoir à la baisse les chefs de mise en examen le visant. Il ne serait alors plus passible des assises spéciales mais du tribunal correctionnel.