Enlèvement de Vicente: Les raisons de la levée du dispositif d'alerte

FAITS DIVERS Le dispositif a été désactivé alors que l'enfant et son père restent introuvables...

Thibaut Chevillard
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Le procureur de la République de Clermont-Ferrand (ici en 2014), a décidé de lever l'Alerte enlèvement.
Le procureur de la République de Clermont-Ferrand (ici en 2014), a décidé de lever l'Alerte enlèvement. — Laurent Cipriani/AP/SIPA

Deux jours après avoir été enlevé par son père, Vicente, 5 ans et demi, n’a toujours pas été retrouvé. Le déclenchement du plan Alerte enlèvement, peu avant 22 heures mercredi, a permis aux enquêteurs de recueillir « de très nombreuses informations qui vont permettre à l’enquête judiciaire de se poursuivre et de s’intensifier dans le cadre de la flagrance », explique le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Eric Maillaud. Pourtant, le magistrat a décidé de mettre fin, jeudi soir, à ce dispositif.

Pourquoi avoir pris cette décision ? L’objectif de ce plan est d’alerter massivement la population en diffusant des messages à la télévision, à la radio et sur internet, notamment via une page Facebook. « Le procureur de Clermont-Ferrand a sans doute considéré qu’il n’était plus nécessaire de diffuser le message d’alerte. L’information était connue et les descriptions de l’enfant et de son ravisseur étaient largement diffusées. Il n’y avait plus de plus-value », explique à 20 Minutes une source judiciaire proche du dossier. « C’est un dispositif extrêmement puissant. Pour qu’il soit efficace, il doit rester exceptionnel », ajoute-t-elle.

Quatre critères pour déclencher l’Alerte enlèvement

C’est le procureur de la République qui décide d’activer le dispositif Alerte enlèvement, en concertation avec les enquêteurs et les parents du mineur recherché, après consultation du ministère de la Justice. Plusieurs éléments doivent être réunis. « L’enlèvement doit être avéré, la personne recherchée doit être mineure, son intégrité physique ou sa vie doit être en danger. Il faut aussi des éléments d’information permettant de le localiser lui ou son ravisseur. Il peut s’agir par exemple d’une photo de l’enfant ou de la description du véhicule du kidnappeur », avance notre source. Le procureur peut aussi décider de ne pas déclencher ce dispositif « s’il estime que cela peut mettre en danger la vie de la victime ».


Est-ce un échec pour ce plan mis en place en France en 2006, inspiré du dispositif « Amber Alert », créé au Texas dix ans plus tôt ? Non, affirme à l’AFP le procureur de Clermont-Ferrand. « Le dispositif alerte enlèvement n’est pas une baguette magique, ce n’est qu’un appel à témoins renforcé. Réussir à chaque fois n’est pas possible statistiquement », explique Eric Maillaud. Il souligne que les recherches se poursuivent et qu’il est toujours possible d’appeler le 17 pour apporter de nouveaux témoignages. Il ajoute que parmi les 1.300 témoignages reçus, quelques-uns « ont été très utiles aux enquêteurs », même s’ils n’ont « pas permis de procéder à une interpellation ».

Un plan déclenché 20 fois depuis 2006

C’est la vingtième fois, depuis sa mise en place en 2006, que ce plan est déclenché. Dans 18 affaires sur 19, l’enfant enlevé avait été retrouvé rapidement. Toutefois, en 2009, une petite fille avait été enlevée à Arles (Bouches-du-Rhône) par sa mère et deux hommes qui l’accompagnaient, originaires de Russie. Elise, 3 ans et demi, avait été retrouvée trois semaines plus tard en Hongrie, alors que l’alerte enlèvement avait, là aussi, été levée.