VIDEO. Crise en Guyane: Les excuses de la ministre des Outre-mer relancent les négociations

CRISE SOCIALE Les mots prononcés par la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts ont permis de renouer le dialogue avec le collectif guyanais les « 500 frères »…

20 Minutes avec AFP
— 
La ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a présenté ses excuses aux manifestants guyanais, le 30 mars 2017.
La ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a présenté ses excuses aux manifestants guyanais, le 30 mars 2017. — J. Amiet / AFP

Le poids des mots. Les négociations visant à sortir la Guyane de dix jours de conflit social, qui avaient démarré dans une ambiance très lourde, sont reparties du bon pied, jeudi, après que la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a adressé ses « excuses » au peuple guyanais.

« Au bout de tant d’années, c’est à moi que revient l’honneur de dire, au-delà de ma petite personne, au-delà des fonctions, toutes mes excuses au peuple guyanais », a lancé la ministre au mégaphone depuis le perron de la préfecture de la Guyane, en référence à des années de sous-investissement de Paris dans ce territoire. En contrebas, les centaines de personnes qui avaient manifesté leur méfiance à son égard, ainsi qu’à celui du ministre de l’Intérieur Matthias Fekl, ont applaudi et poussé des cris de joie.

« Il s’est passé quelque chose de fort »

Critiquée pour avoir tardé à venir en Guyane, malgré l’importance du mouvement social, elle s’était déjà excusée quelques minutes plus tôt devant une délégation d’une cinquantaine de Guyanais. « Si j’ai blessé la Guyane, je ne sais de quels maux, mais si j’ai blessé la Guyane, alors ça ne sera pas moi, Ultramarine, qui reculera devant des excuses, a-t-elle déclaré. Pour beaucoup de choses, si on s’était excusé, peut-être qu’on aurait avancé beaucoup plus sereinement et qu’on n’en serait pas arrivé là aujourd’hui ».

Ces excuses officielles ont fortement inversé la tendance à Cayenne, où le déplacement des deux ministres, arrivés mercredi soir, s’était fait dans une ambiance électrique. « Madame la ministre de l’Outre-mer, le peuple guyanais vous demande de vous excuser. Nous pouvons pardonner les bêtises mais pas le mépris », avait notamment lancé Gaëlle Lapompe Paironne, membre de la délégation reçue en préfecture, à Ericka Bareigts.

Après qu’elle se fut exécutée, ce qu’elle s’était refusée à faire dans un premier temps, Gaëlle Lapompe Paironne s’est jetée dans les bras d’Ericka Bareigts, d’après une vidéo de la scène qu’a pu voir l’AFP. « Il s’est passé quelque chose de fort. Les conditions de la confiance sont là », s’est félicité le ministre de l’Intérieur, lors d’un entretien avec l’AFP et Le Monde.

Alors que la délégation guyanaise a apporté plus de 400 pages de propositions aux deux membres du gouvernement, une « veille ministérielle » a été mise en place à Paris pour « parvenir à des arbitrages » sur les principaux points, a assuré Matthias Fekl, qui compte apporter des réponses au collectif « samedi » au plus tard, a-t-il déclaré. La Guyane connaît depuis une dizaine de jours un mouvement de contestation d’une ampleur historique, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales.