Affiches de prévention du sida: Marisol Touraine «saisit la justice» après plusieurs arrêtés d’interdiction municipaux
SOCIETE La ministre des Affaires sociales a réagi ce mardi aux « censures » de la campagne de prévention contre le sida décidées par plusieurs maires Les Républicains…
Le combat contre l’homophobie est loin d’être gagné (en France en 2016). Dernière preuve en date : la décision de plusieurs maires de prendre des arrêtés interdisant des .
Cette campagne de prévention, lancée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, met en avant des couples d’hommes ou de femmes avec des messages tels que « Aimer, s’éclater, s’oublier. Les situations varient. Les modes de protection aussi ».
Depuis son lancement,, la campagne a suscité des critiques sur les réseaux sociaux, notamment de la part de la Manif pour tous. En pleine campagne de la primaire de la droite, la polémique a pris un tour plus politique. Interrogée ce mardi, sur le « message » véhiculé par cette campagne, Isabelle Le Callennec, députée LR et membre du mouvement Les femmes avec Fillon a sous-entendu qu’il incitait à l’homosexualité. Dénonçant une campagne « très suggestive » qui « choque », elle a déclaré qu’elle demanderait des explications sur le choix des affiches et le coût de la campagne au ministère de la Santé, en tant que députée et membre de la Commission des affaires sociales.
Demandes de retrait dans une dizaine de villes
Sur le terrain, plusieurs maires Les Républicains ont également mis leurs menaces à exécution. Une source proche de JC Decaux a expliqué qu’une dizaine de villes sur les 130 où la campagne est diffusée avaient écrit à la société d’affichage pour demander de retirer les affiches. Contractuellement l’entreprise est obligée de le faire à partir du moment où elle reçoit une demande écrite d’une municipalité, a-t-on précisé..
A Angers, les affiches de la campagne, qui étaient placardées dans 70 emplacements de la ville depuis le 16 novembre, ont été retirées lundi, à la demande de la mairie, a indiqué JC Decaux.
Le maire LR de la ville, Christophe Béchu, soutien d’Alain Juppé à la primaire de droite, a a confirmé avoir demandé de retirer les affiches mais « uniquement aux abords des écoles (primaires) et sur le parcours des bus scolaires ».
Cette décision a été prise « à l’unanimité par le bureau municipal [le maire et ses adjoints] lundi matin », à la suite de plusieurs dizaines de plaintes d’habitants., a-t-il dit. « Cette décision a été prise pour protéger les enfants les plus jeunes des visuels et des messages », a-t-il expliqué. « Le contenu et la forme de la campagne peuvent être ressentis comme provocants », a encore déclaré Christophe Béchu, avertissant qu’il allait écrire à la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine pour lui faire part de sa « surprise » et de son « indignation ».
Des affiches « contraires aux bonnes moeurs et à la moralité »
Dans un arrêté signé lundi et dont l’AFP a eu copie, le maire LR d’Aulnay-sous-Bois Bruno Beschizza considère que ces affiches sont « contraires aux bonnes moeurs et à la moralité » et « portent atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l’enfance et de la jeunesse ». L’arrêté précise que ces affiches, diffusées notamment sur les abribus, « devront être retirées ou masquées ». Bruno Beschizza, qui soutient François Fillon au second tour de la primaire de droite face à Alain Juppé, a affirmé avoir été alerté au cours du week-end par des parents inquiets.
Dans un tweet, Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, a condamné l’initiative : « Cette droite pense que l’homosexualité est une maladie dont il faut protéger les enfants. #pathétique. L’homophobie tue !#loveislove »
« L’influence de la Manif pour tous et de Sens commun »
« Ce qui est visé dans la décision de M. Béchu, c’est le couple homosexuel », a estimé Bernard Moreau, président de Quazar, le Centre lesbien, gay, bi et trans d’Angers. « Cette campagne est beaucoup moins suggestive que certaines campagnes publicitaires », a-t-il jugé.
, émanation du mouvement anti-mariage gay au sein de LR, deux adjoints de M. Béchu étant membres de Sens commun. « On entre dans une campagne électorale et certaines pressions se font sentir », a encore estimé Bernard Moreau.
La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a réagi ce mardi en annonçant un recours en justice : « Pour la santé publique et contre l’homophobie, je saisis la justice après la censure par certains maires de la campagne de prévention du VIH », a écrit la ministre sur le réseau social Twitter.