Affaire Fiona: « Chaque fois que je me promène en forêt, je me demande où est cette petite »
REPORTAGE Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf assurent qu’ils ont enterré la fillette de 5 ans aux abords d’un bois près d’Aydat, en 2013…
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De notre envoyé spécial à Aydat (Puy de Dôme)
Un rayon de soleil fait scintiller les eaux du lac d’Aydat rendant la vue magnifique. Pour autant, Hélène ne lève pas le nez des journaux étalés devant elle. « J’étais malade et alitée cette semaine, confie l’octogénaire. Alors je rattrape le retard. » Lundi, mardi, mercredi… Les éditions de La Montagne ouvertes sur la table du bistrot ramènent toutes à la même actualité : le procès de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf pour les coups mortels ayant entraîné la mort de Fiona, 5 ans.
>> Procès: Cécile Bourgeon, la mère aux deux visages
« A mon avis, elle n’est pas du tout ici, cette petite », souffle-t-elle en achevant sa lecture. En cinq jours d’audience la semaine dernière, la question n’a pas trouvé de réponse. A la barre, les deux accusés ont maintenu qu’ils avaient, un dimanche de mai 2013, enterré la fillette, nue, sans même un doudou, aux abords d’une forêt. Mais ils ne se rappellent plus où exactement. « J’y arrive pas… C’est un trou noir et je le vis mal », a ainsi lâché Cécile Bourgeon, dans une énième formule malheureuse.
#Fiona: "Faudrait que je réussisse à retrouver déjà son corps mais j'y arrive pas. C'est un trou noir. Et je le vis mal."
— Vincent Vantighem (@vvantighem) November 16, 2016
« Ici, la terre est dure, pleine de pierres et de racines »
Tout en servant les habitués de son établissement, Monique relève la tête et avise le lac à travers la porte vitrée. « A gauche, à droite, derrière, ils ont fouillé partout », se désole-t-elle. « Sauf qu’ils n’ont pas envoyé de sous-marin dans l’eau ! », enchaîne Philippe, persuadé qu’il est beaucoup plus simple de « balancer un corps à la flotte » que « de creuser par ici ».
La forêt d’Aydat est située sur une ancienne coulée de lave. « La terre est dure, pleine de pierres et de racines, décrit Jacques qui taquine le sandre et le brochet un peu plus haut. Je pense plutôt qu’ils ont foutu le corps à la poubelle. Essayez de gratter par ici, vous verrez ! »
Le mystère de la pelle toujours inexpliqué
La cour d’assises de Riom a pu le voir, jeudi, quand Berkane Makhlouf a mimé comment il avait creusé jusqu’à 50 cm de profondeur à l’aide d’une pelle « trouvée » sur place pour enfouir le corps sans vie de la fillette. Une pelle qui n’a jamais été découverte mais qui a beaucoup intrigué les enquêteurs.
>> Procès: Quand Berkane Makhlouf mime comment il a creusé la tombe de la petite
« Un jour, ils ont sonné et m’ont demandé si on ne m’avait pas volé une pelle, raconte Bernard, éleveur de moutons dans le hameau limitrophe de Verneuge. A priori, notre secteur correspondait aux indications données par la mère. » A savoir, une route goudronnée qui se transforme en chemin de terre, une maison neuve en contrebas et les abords d’une forêt. Mais, pourquoi ici plus qu’ailleurs ? Parce que Cécile Bourgeon a travaillé quelque temps dans une laiterie voisine…
Comment peut-elle se souvenir de sa pelle et de la croix mais pas de l'endroit où elle a enterrée sa propre fille?! C'est fou...
— Krystof (@tophau42) November 16, 2016
Les médiums ont indiqué une cinquantaine d’endroits différents
« Maintenant, chaque fois que je me promène en forêt, je me demande où est cette petite, lâche Josiane, l’épouse de Bernard. Dans le coin, cette affaire nous a tous traumatisés. » Pas seulement. Depuis les faits, les enquêteurs ont dû creuser à une cinquantaine d’endroits indiqués par des médiums, radiesthésistes et autres magnétiseurs qui assuraient, pendule à la main, avoir retrouvé Fiona.
>> Une médium trouble l'audience en prétendant connaître le lieu de la tombe
Julietta, la dernière en date, s’est même « produite » devant la cour d’assises mercredi soir. Avant de faire un malaise à la barre, cette médium de 47 ans a dévoilé un lieu balisé, selon elle, par « une pierre rectangulaire » et « deux branches formant une croix ». Sur place, il y a bien des pierres. De très, très nombreuses branches aussi. Mais surtout un ruban officiel indiquant que l’endroit a déjà été fouillé, par le passé, sans succès.
Et la cette femme vient de s'effondrer à la barre. Boum. Les pompiers sont là. Grand guignol complet. #Fiona
— corinne audouin (@cocale) November 16, 2016
« Définitivement, il n’y a que [Cécile] Bourgeon et [Berkane] Makhlouf qui peuvent révéler où est cette tombe, et surtout si elle existe », résume logiquement Jacques. La cour d’assises a une semaine pour les convaincre. Ils risquent 30 ans de réclusion criminelle.
Suivez ce lundi la suite du procès aux assises grâce à notre journaliste sur Twitter :@vvantighem