Radicalisation: Un «régime spécial» pour les détenus les plus violents, ça veut dire quoi?

PRISON Le ministre de la Justice a détaillé ce mardi son plan d’action contre la radicalisation en détention…

Florence Floux
Maison d'arrêt de Fresnes (Sud de Paris, France).
Maison d'arrêt de Fresnes (Sud de Paris, France). — SIPA

Neuf mois de gestation. Le garde des Sceaux a enterré ce mardi  créées en janvier dernier. Pour  , l’expérimentation, entachée par   en septembre dernier à Osny (Val-d’Oise), n’est pourtant pas un échec. D’après lui, les unités dédiées ont permis de tirer des enseignements pour la prise en charge des 349 détenus qui se trouvent actuellement en prison sous l’incrimination « malfaiteurs terroristes » et les 1.336 identifiés comme radicalisés. « Une catégorie qui augmente de manière inexorable, de semaine en semaine », selon le ministre de la Justice.

Aux UD succède la mise en place d’un régime spécial, qui sera décidé en fonction du profil du détenu et/ou de son évaluation.  vont être remplacées par des quartiers d’évaluation de radicalisation. Deux autres vont être créées à Bordeaux (Gironde) et à Marseille (Bouches-du-Rhône). L’évaluation de la dangerosité et du niveau d’embrigadement des détenus y sera effectuée au cours de quatre mois, contre 6 à 8 semaines jusqu’ici.

Trois cents places pour les séparer des autres

« Il est nécessaire d’accroître les capacités d’évaluation des détenus. C’est de la qualité de l’évaluation que dépend ensuite la prise en charge », a observé Jean-Jacques Urvoas, qui a également indiqué que certains détenus n’avaient pas forcément été bien orientés au cours des derniers mois. En septembre dernier, certains syndicats dénonçaient l’arrivée de deux détenus « plus durs » dans l’UD d’Osny peu avant l’attaque de surveillants, et un basculement collectif.

Les détenus les plus violents ou avec une propension au prosélytisme, seront orientés vers une centaine de places en maisons centrales. Environ 200 places en isolement seront également mises à disposition pour les détenus jugés un peu moins violents mais dangereux ou prosélytes. Ce qui porte le tout à un peu moins de 300 places, avec une prise en charge individualisée et deux évaluations par an. Pour ces détenus, les conditions de sécurité seront particulièrement sévères, avec fouille régulière, changement de cellule, limitation des effets personnels.

Une radicalisation moins aboutie

« On comprend la logique et le mécanisme, explique Jean-François Forget, de l’Ufap-Unsa Pénitentiaire, mais on voudrait que le ministre aille encore plus loin, en plaçant les détenus les plus radicalisés dans des bâtiments de haute sécurité, isolés du reste de la population carcérale. Aujourd’hui, on parle de massification de détenus radicalisés, on est passé de 700 à 1.336 en moins d’un an. Bientôt, nous n’aurons plus le choix, les places qui leur sont réservées, qui ne suffisent déjà pas aujourd’hui, suffiront encore moins demain. » Un avis que la CGT Pénitentiaire ne partage pas. « Ce qui est proposé semble correspondre à ce qu’on demandait, c’est-à-dire de ne pas regrouper ces détenus, mais les dispatcher en fonction de leur niveau de radicalisation. Les UD telles qu’elles existaient étaient des poudrières », note Alexis Grandhaie.

Les détenus dont la radicalisation est « moins prononcée » seront effectivement accueillis dans les 27 établissements pénitentiaires disposant des conditions de sécurité élevées pour une prise en charge individualisée. « Je ne parle pas de déradicalisation, mais de désengagement de la violence », a rappelé Jean-Jacques Urvoas, qui a également tenu à revendiquer le statut d’expérimentation pour ce nouveau dispositif. Ces nouveaux dispositifs devraient commencer à être mis en place dans les mois qui viennent.