Surpopulation carcérale: Le plan d'action d'Urvoas peut-il «dépasser les échéances électorales»?

JUSTICE Le garde des sceaux estime que le consensus entre les partis est le seul moyen de résoudre le problème de surpopulation carcérale…

Vincent Vanthighem
Fresnes (Val-de-Marne), le 20 septembre 2016. Jean-Jacques a présenté son plan pour «en finir avec la surpopulation pénale».
Fresnes (Val-de-Marne), le 20 septembre 2016. Jean-Jacques a présenté son plan pour «en finir avec la surpopulation pénale». — PATRICK KOVARIK / AFP

En règle générale, il faut six ans pour construire une prison. , en est conscient. Et il sait surtout que c’est plus long que la durée d’un mandat présidentiel. Depuis la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne),   pour régler enfin le problème de la surpopulation carcérale.

Eviter les empoignades politiques sur la question de la sécurité à huit mois d’une élection présidentielle ? Cela paraît aussi improbable que nécessaire à la réalisation du projet du gouvernement actuel. Pour que 80 % des détenus bénéficient d’une cellule individuelle d’au moins 11 m², . Que la fourchette choisie soit basse ou haute, c’est toujours moins que les « 24.000 minimum » que Nicolas Sarkozy projette de faire sortir de terre grâce à des fonds privés s’il retrouve les ors de l’Elysée en 2017. Et plus que les 10.000 que prévoit, de son côté, Alain Juppé…


Il a besoin d’un peu plus d’un milliard d’euros dès 2017

, Jean-Jacques Urvoas a donc présenté ce qu’il appelle « la méthode pour dépasser les échéances électorales ». A savoir, une loi de programmation pluriannuelle comme ses homologues de l’Intérieur ou de la Défense ont l’habitude d’en faire voter.

« D’ici l’élection présidentielle, je propose de bâtir un diagnostic consensuel sur les prisons, précise-t-il. Quelle que soit la majorité qui sortira, le futur garde des sceaux pourra ensuite se baser là-dessus pour agir… »

Si proche, l’échéance présidentielle est surtout trop loin pour permettre aux responsables actuels d’attendre. Raison pour laquelle le ministre de la Justice a d’ores et déjà prévu de lancer la construction de 3.900 cellules dans les trois régions où se trouvent les prisons les plus bondées (Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie). Pour cela et pour (enfin) achever les travaux prévus dans d’autres établissements depuis parfois quinze ans, le ministre a besoin d’un peu plus d’un milliard d’euros rien que pour 2017. « Les arbitrages sont en cours à Matignon », se contente-t-il de répondre à ce propos.

« Droit dans le mur » pour l’Observatoire des prisons

Mais le financement n’est sans doute pas le problème principal du ministre. Outre les partis politiques qui ont déjà commencé à critiquer son plan ambitieux, il devra aussi convaincre les responsables syndicaux et associatifs. Ce mardi matin, devant la maison d’arrêt de Fresnes qui affiche un taux d’occupation de 176 %, Erwan, surveillant pénitentiaire (FO) affichait déjà sa perplexité. « Ce sont surtout des embauches dont on a besoin. Ce n’est plus acceptable de se retrouver seul pour gérer un étage de détenus. Au début de ma carrière, je savais qu’il y avait un risque d’agression. Mais aujourd’hui, j’ai peur pour ma vie. »


Quant à l’Observatoire international des prisons (OIP), il assure, en guise de critique, que « celui qui construit une prison ne la détruira jamais ». Quelques heures après l’annonce du plan de Jean-Jacques Urvoas, l’association s’est même permis d’organiser une conférence de presse pour en décrypter le contenu. Le titre de cette conférence ? « Droit dans le mur ».