Réforme du master: Qu'est ce qui va changer?
UNIVERSITES La ministre de l’Education a annoncé ce lundi dans « Les Echos » que les universités allaient bientôt pouvoir recruter à l’entrée du master...
C’est une réforme que les organisations étudiantes demandent depuis 2002. La ministre l’Education , a annoncé ce lundi dans vouloir engager une réforme du master afin qu’elle soit applicable à la rentrée 2017. 20 minutes fait le point sur le sujet.
Quels problèmes pose le master dans sa version actuelle ?
Le système LMD (licence-master-doctorat), en vigueur depuis 2002, a redéfini les cycles universitaires. Mais la sélection qui existait à bac + 4, à l’entrée des anciens DEA et DESS perdure. Ce qui fait qu’aujourd’hui encore, les étudiants sont sélectionnés à la fin de leur première année de master (M1) sur des critères qui varient : examen du dossier universitaire, tests de sélection ou tirage au sort. Une incohérence qui pénalise en outre fortement les étudiants ne parviennant pas à intégrer le M2 de leur choix. « C’est le parcours du combattant pour eux. Soit ils doivent accepter un M2 qu’ils ne visaient pas , soit ils sont amener à redoubler artificiellement leur M1 pour retenter leur chance ou encore qui pire, à arrêter leurs études en M1 (c’est le cas de 10.000 étudiants actuellement) », indique à 20 minutes Alexandre Leroy, le président de la Fage. Et avec une simple licence, pas évident de trouver un emploi.
Du coup, depuis 2015, les étudiants recalés multiplient et obtiennent souvent gain de cause. En février dernier, le Conseil d’Etat a aussi décrété que la sélection entre le M1 et le M2 en l’absence de texte sur le sujet. Ce qui a poussé le ministère à trouver une solution temporaire, en autorisant par décret en mai dernier 1.300 masters (soit 40 % d’entre eux) à sélectionner les étudiants entre la première et la deuxième année. En réformant le master, le ministère espère donc remettre de la cohérence dans le système universitaire et proscrire le flou juridique qui prédominait.
Quels sont les changements envisagés ?
La ministre souhaite que le recrutement s’opère désormais à l’entrée du master et que tous les étudiants qui y sont inscrits aillent au bout des quatre semestres pour sortir de la fac avec leur diplôme. « Notre objectif c’est de diplômer 25 % d’une génération au niveau master », a d'ailleurs rappelé Najat Vallaud-Belkacem dans . Elle estime que « tout titulaire de licence doit se voit proposer une poursuite d’études en master s’il le souhaite ». Une position défendue de longue date .
Les étudiants de licence seront donc invités à faire plusieurs choix de master et ils se verront forcément proposer une inscription en master. Mais cela pourra être un master un peu différent que celui que l’étudiant visait, ou dans une autre ville que la sienne. Des options auxquelles ne s’oppose pas la Fage : « A partir du moment, ou le master est compatible avec la licence de l’étudiant, cela nous convient. De même, nous ne sommes pas opposés à l’idée de mobilité de l’étudiant, à conditions qu’elle soit accompagnée d’aides financières : par exemple, que l’étudiant qui va suivre un master dans une autre ville, bénéficie d’un accès prioritaire au logement universitaire », explique Alexandre Leroy. Sur le sujet, la ministre a déjà indiqué dans s, que la mobilité géographique devait « passer par un soutien financier pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens ».
Enfin, pour que les étudiants soient à égalité concernant leur niveau d'informations sur les filières, le ministère souhaite aussi créer une plateforme web sur les masters.
Quels blocages restent-ils à lever ?
souhaite finaliser sa proposition de réforme en octobre afin de la soumettre aux présidents d’universités et aux organisations étudiantes. Le but étant d’accoucher d’un texte (loi ou décret) en novembre afin que la réforme soit applicable à la rentrée 2017. Pour la un problème de taille demeure : « La ministre n’a pas utilisé le terme de sélection dans son interview », explique à 20 minutes Jean-Loup Salzmann, le président de la CPU. Concernant les modalités de recrutement en master, elle évoque juste des critères « objectifs, transparents, fondés sur la motivation, le niveau pédagogique et le projet de l’étudiant ». Rien de très clair.
Un flou qui inquiète la CPU : « les tribunaux administratifs vont s’en donner à cœur joie en cas de refus d’un étudiant dans le M1 qu’il visait », redoute Jean-Loup Salzmann. La CPU refuse que les universités soient finalement obligées d'inscrire des étudiants qui n’ont pas le niveau requis pour le master. Du coup, elle plaide clairement pour une sélection des étudiants sur différents critères « ses notes, sa motivation, son projet professionnel... », énumère Jean-Loup Salzmann. De son côté, la Fage est plutôt opposée à une sélection sur les notes, mais souhaite « que la cohérence du parcours de l’étudiant soit évaluée », indique Alexandre Leroy.
Le projet de la ministre ne résout pas non plus le fait que certains étudiants qui n’arriveront pas à intégrer le master de leur choix, s’orienteront par défaut. Les discussions promettent donc d’être houleuses. Ce qui ne semble pas troubler l’optimisme de la ministre qui a réaffirmé dans qu’il était « possible de trouver un consensus ».