#MystèresEté: Pourquoi les gens se collent à ma serviette sur la plage?
SERIE (1/5) « 20 Minutes » tente d’élucider les plus grands mystères des vacances…
Seul sur le sable, les yeux dans l’eau… C’était VRAIMENT trop beau. A peine arrivé sur la plage, votre serviette soigneusement dépliée, vous pensiez pouvoir piquer un petit roupillon tranquille. Loupé : une famille de quatre enfants, un couple de retraités allemands ou un dragueur du dimanche vient se coller à vous. Oui, la plage fait 500m de long mais c’est à un bras de distance de vous que celui que nous appellerons « le relou », pour simplifier, a choisi de se poser.
Pourquoi pourquoi pourquoi ?
Avant de malencontreusement envoyer une pleine poignée de sable sur la tête du relou, demandons-nous ce qui, dans son cerveau d’humain en vacances (l’humain, pas le cerveau) a bien pu le pousser si près de notre serviette fluo « Ca farte à Palavas ». La première hypothèse à étudier est celle de l’instinct grégaire : à l’instar des manchots sur la banquise ou des gnous traversant le Masai Mara au Kenya, l’homme adopte facilement des comportements de troupeau. Dans la nature, ces rassemblements sont destinés à être plus forts face à un danger : un prédateur, le froid, un changement dans l’environnement… Sur la plage, notre relou aurait-il peur de quelque chose et chercherait-il à se rassurer en s’approchant de nous pour former une meute ? Peut-être est-il stressé par les vacances et cherche-t-il à retrouver la promiscuité du métro aux heures de pointe ? « Sous la plage, les pavés », comme l’écrit le sociologue Jean-Claude Kauffmann dans son analyse des seins nus sur la plage (Corps de femmes, regards d’hommes. Une sociologie des seins nus sur la plage, éd. Pocket).
Une convivialité de bon ton
Une autre explication pourrait venir d’un désir d’égalité : on a tous le droit à la meilleure place sur la plage. Et on suppute que la meilleure, c’est la vôtre, puisque vous l’avez prise alors que vous aviez le choix avec toutes les autres (vous suivez ?). « Sur la plage, les rôles sociaux disparaissent. Plus qu’un lieu d’égalité, la plage est une sorte d’expérience de groupe qu’on doit partager », explique Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d’addictologie.
Car là est bien le problème : vouloir rester tout seul tranquille en vacances, c’est mal vu. « On a beaucoup dit aux gens que les vacances sont un moment de convivialité et ce message a peut-être été trop bien intégré », sourit le psychiatre. « C’est comme s’il était de bon ton et même socialement obligatoire d’être ouvert et d’établir le contact avec les autres vacanciers ». Viens donc à l’apéro-pétanque Gégé, tu vas pas faire la gueule pendant les vacances, non ? Sans excuse considérée valable du style « je peux pas, j’ai réunion jusqu’à 20h », Gégé va devoir se plier au lancer de cochonnet et au rosé tiède. Et sur la plage, Gégé va devoir supporter que sa voisine de serviette parle pendant trois heures au téléphone avec sa meilleure amie de la dernière crasse que lui a fait son mec.
Le coup de la crème solaire
Dernière hypothèse à envisager d’autant plus sérieusement si vous n’êtes pas trop désagréable à regarder : la drague. C’est vieux comme le monde, ça échoue souvent, et pourtant certains tentent encore le coup de la crème solaire dans le dos. « Tout le folklore associant vacances et séduction rend possible des comportements qui seraient inappropriés en dehors des vacances mais qui deviennent courants, voire dans le mood, sur la plage », estime Michel Lejoyeux. Dans ce cas, il ne vous reste plus qu’à aller nager très loin, au large, et à revenir sur les coups de 21h, quand la plage sera désertée. Ça demande un peu d’entrainement mais c’est le prix de la tranquillité.