Policiers tués dans les Yvelines: En 2011, Larossi Abballa n'était encore que membre d'une bande de «pieds nickelés»

TERRORISME Larossi Abballa avait été condamné en 2013 pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes »…

Florence Floux
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Capture d'écran du compte non-authentifié de Larossi Abballa, le meurtrier présumé du couple de policiers dans les Yvelines.
Capture d'écran du compte non-authentifié de Larossi Abballa, le meurtrier présumé du couple de policiers dans les Yvelines. — Capture Facebook

Le suspect était connu des services de police… et de la justice. Larossi Abballa, le meurtrier présumé d’un commandant de police et de sa compagne lundi soir à Magnanville (Yvelines), a été condamné en 2013 pour sa participation à une filière djihadiste entre la France et le Pakistan.

Cette organisation, dont certains membres se revendiquaient à l’époque d’Al-Qaida, avait été démantelée en 2011. Huit personnes dont Abballa ont été jugées et condamnées en septembre 2013. Mohamed Niaz Abdul Raseed, un Indien considéré comme le chef du réseau, a pour sa part été condamné à huit ans de prison et à une interdiction définitive du territoire français. Larossi Abballa, dont le rôle était moins important, avait écopé de trois ans de prison dont six mois avec sursis pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes ».

« C’étaient plutôt des pieds nickelés »

« A l’audience, il avait une attitude très neutre, en retrait, pas du tout un rôle prépondérant », se souvient Hervé Denis, conseil de Zohab Ifzar, l’un des huit membres de ce qu’il appelle « une équipe pas très organisée, c’étaient même plutôt des pieds nickelés ». Parmi les faits reprochés à l’époque par la justice à Larossi Abballa figure pourtant le recrutement d’un des huit prévenus, parti avec Zohab Ifzar au Pakistan et arrêté à l’aéroport de Lahore.

Au printemps 2010, Mohamed Niaz Abdul Raseed avait commencé à recruter des jeunes sensibles au salafisme via Facebook. Tout en les convertissant au djihad, un devoir selon lui, il leur assurait un entraînement physique qui avait lieu à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et à Argenteuil (Val-d’Oise) toutes les semaines. Le but était à terme d’acheminer ces jeunes dans la zone tribale qui se trouve à cheval entre le Pakistan et l’Afghanistan pour faire le djihad et combattre les Etats-Unis et leurs alliés - dont la France.

« J’avais l’impression d’être quelqu’un »

Au procès, Larossi Abballa apparaissait comme quelqu’un de plutôt modéré. « Il ne s’était pas du tout montré revendicatif. Il a même expliqué qu’il se sentait concerné par ce qui était religieux, mais pas par l’islam radical », explique Hervé Denis. « C’était quelqu’un de très ordinaire, il n’avait pas d’antécédents de violence. C’était un type qui n’avait pas les outils intellectuels pour prendre du recul par rapport à un Mohamed Niaz Abdul Raseed charismatique et qui a trouvé dans le djihad une manière d’exister. Il l’avait dit d’ailleurs à l’audience : "J’avais l’impression d’être quelqu’un". C’était un jeune qui se cherchait. S’il avait été recruté par des extrémistes de droite, ç’aurait été la même chose. »

Larossi Abballa a été abattu par les hommes du Raid lundi soir à Magnanville, au domicile du commandant de police qu’il a poignardé à mort avant de s’en prendre à sa compagne. Seul le fils des deux victimes, âgé de 3 ans, a pu être sauvé. L’attaque a été revendiquée par Daesh peu après.