Loi travail: Les étudiants se préparent pour un deuxième tour de chauffe
REPORTAGE Après une première manifestation la semaine dernière, les étudiants opposés au projet de loi travail veulent amplifier le mouvement de contestation jeudi...
« Il ne faut pas faiblir ! » C’est le mot d’ordre des jeunes mobilisés contre la réforme du droit du travail du gouvernement. Après une première manifestation jeudi dernier et les modifications du projet de loi proposées lundi par l’exécutif, les organisations étudiantes et lycéennes savent que les prochaines manifestations, dont une ce jeudi*, seront cruciales. Mais comment inscrire le mouvement de contestation dans la durée ? 20 Minutes a assisté ce mercredi à l’assemblée générale (AG) à l’université Pierre et Marie Curie de Paris.
« Si le gouvernement a reculé, c’est parce qu’il a eu peur ! »
Sur les bancs de l’amphi 25, une centaine d’étudiants et membres du personnel sont réunis ce mercredi midi. C’est nettement moins qu’à Tolbiac et Nanterre-Paris-Ouest, où les AG de mardi se sont tenues dans une ambiance agitée, mais le public semble très déterminé. Loin d’amadouer les étudiants qui contestent le projet de loi El Khomri, les annonces faites lundi par le Premier ministre les ont galvanisés. « Si le gouvernement a reculé, c’est parce qu’il a eu peur ! Peur de notre colère et de notre mobilisation ! », lance un jeune homme sous les applaudissements. « Il ne faut pas se contenter de miettes, on veut le retrait de cette loi ! ». Ces « miettes », ce sont les aménagements concédés par l’exécutif, qui a notamment rendu le barème des indemnités prud’homales indicatif et élargi l’accès à la garantie jeune.
Les annonces de Manuel Valls n’ont pas convaincu l’Union nationale des étudiants de France (Unef), qui a dès lundi soir appelé à poursuivre la mobilisation pour le retrait du texte. En revanche, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), est ouverte au dialogue depuis l’annonce de la nouvelle mouture de la réforme. Le mouvement étudiant parviendra-t-il à trouver un second souffle ? Depuis la manifestation du 9 mars, qui a rassemblé 100.00 jeunes selon l’Unef, « les étudiants ont pris conscience de leur pouvoir », souligne Bouchra, présidente de la section du syndicat étudiant de gauche de Paris-VI.
« Ça ne va pas être facile de faire renoncer le gouvernement »
« Mais ça ne va pas être facile de faire renoncer le gouvernement », reconnaît au micro un étudiant qui arbore un autocollant Lutte ouvrière. « Le 9 mars n’était qu’un tour de chauffe, il faut amplifier la contestation, on ne cédera pas avant le retrait du texte », abonde Nelson, membre de l’Unef.
Mais comment amplifier ce mouvement ? « On reste sur des trucs classiques, tracter, afficher ? », interpelle Antoine, syndiqué chez Solidaires étudiant-e-s, à la tribune de l’AG. Ces moyens sont selon lui peu efficaces, « vu qu’on est le même nombre aujourd’hui que la semaine dernière ». Silence dans l’amphi. Dans l’assistance, on lance des pistes pour sensibiliser les étudiants : installer un point d’information dans l’atrium du campus, passer pendant les cours pour parler du projet de lois aux élèves… Les personnes présentes veulent rallier le plus grand nombre en vue des manifestations des 17 et du 24 mars. Mais certaines le reconnaissent, le sujet ne passionne guère sur le campus.
Pour le directeur de recherche au CNRS Albert Ogien, le mouvement contre la loi El Khomri est « très encadré par les organisations politiques et syndicales, ça fait fuir certains jeunes » qui ne se retrouvent pas dans cette « hyperpolitisation » du débat. Autre facteur qui pourrait freiner la contestation parmi les jeunes, « la crise génère une crainte diffuse et un accablement. Difficile de manifester quand on est surplombé par la menace du chômage ». Dans ces conditions, il n’est pas certain que les étudiants soient plus nombreux dans les rues jeudi…
* A Paris, le cortège partira à 13h30 de la place de la République pour rallier la place d'Italie, en passant par Bastille.