Etat d’urgence: La délicate gestion des perquisitions administratives dans les mosquées

POLICE Les opérations de police dans ces lieux de culte sont jugées « sensibles » et les forces de l’ordre sont particulièrement vigilantes à ne pas susciter d'incompréhension…

William Molinié
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Une perquisition a eu lieu à la mosquée Sunna de Brest, où exerce l'imam salafiste Rachid Abou Houdeyfa
Une perquisition a eu lieu à la mosquée Sunna de Brest, où exerce l'imam salafiste Rachid Abou Houdeyfa — CHARLY TRIBALLEAU AFP

Ne pas attiser le sentiment d’agression. Tout en faisant son travail. Les forces de l’ordre sont confrontées depuis la mise en place de l’état d’urgence après les attentats parisiens du 13 novembre à la délicate gestion des perquisitions dans les mosquées et salles de prière. Certaines d’entre elles ont donné lieu à des interrogations de la part de la communauté musulmane.

Comme celle effectuée à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) dans la nuit du 16 au 17 novembre. L’élu aux seniors de la ville, Sofienne Karoumi, a publié des photos de l’intérieur de la mosquée quelques heures après l’intervention des policiers. Faux plafond défoncé, livres jetés au sol, mobilier renversé… « Je ne comprends pas cet acharnement contre un lieu sacré. […] Ce genre d’agissements est une manière de diviser et de dresser les Français les uns contre les autres », commente-t-il sur Facebook. Selon nos informations, les responsables du lieu de culte ont reçu des excuses de la part des autorités administratives.

Actuellement dans la salle de prière de Félix Faure à Aubervilliers, je suis scandalisé par l’état des lieux après la…

Posté par Sofienne Karroumi sur lundi 16 novembre 2015

Actuellement dans la salle de prière de Félix Faure à Aubervilliers, je suis scandalisé par l’état des lieux après la…

Posté par Sofienne Karroumi sur lundi 16 novembre 2015
Sofienne Karroumi

Actuellement dans la salle de prière de Félix Faure à Aubervilliers, je suis scandalisé par l’état des lieux après la…

Posté par Sofienne Karroumi sur lundi 16 novembre 2015
lundi 16 novembre 2015

Des chiens dans une salle de prière ?

Plus récemment, c’est la perquisition de la mosquée des Mureaux (Yvelines) qui a suscité de nombreux commentaires. Les policiers ont, dans la nuit de lundi à ce mardi, investi le site du centre islamique Tariq ibn Ziyad. Dans une vidéo, on y voit des membres des forces de l’ordre en ressortir avec des chiens. « Sont-ils allés avec dans la salle de prière ? Je ne sais pas, mais cet escalier, d’où on les voit descendre, y mène », indique auprès de 20 Minutes l’imam Zouhair Braik. Ce denier souhaite l’apaisement : « Rien n’a été cassé. Globalement, ça s’est bien passé. » Seule une porte a dû être forcée car personne n’avait la clé de la serrure.

ÉTAT D’URGENCE Actuellement perquisition à la mosquée des Mureaux avec des chiens. Nous vous invitons à rester calmes…

Posté par barakacity sur lundi 23 novembre 2015


ÉTAT D’URGENCE Actuellement perquisition à la mosquée des Mureaux avec des chiens. Nous vous invitons à rester calmes…

Posté par barakacity sur lundi 23 novembre 2015

barakacity

ÉTAT D’URGENCE Actuellement perquisition à la mosquée des Mureaux avec des chiens. Nous vous invitons à rester calmes…

Posté par barakacity sur lundi 23 novembre 2015

lundi 23 novembre 2015

ÉTAT D’URGENCE Actuellement perquisition à la mosquée des Mureaux avec des chiens. Nous vous invitons à rester calmes…

Posté par barakacity sur lundi 23 novembre 2015

Les policiers veillent à être particulièrement vigilants lors des perquisitions dans les lieux de culte musulman. Ce que nous confirme un chef de service de police judiciaire : « Lorsqu’on doit perquisitionner une mosquée ou une salle de prière, nous en référons systématiquement à la direction. C’est évidemment une opération sensible. »

Pas de dérogations

Pour autant, les investigations qui doivent y être menées ne font pas l’objet de mesures ou de dérogations particulières. « Il est évident que si l’on devait utiliser des chiens parce que l’on suspectait la présence de stupéfiants, d’armes ou d’explosifs, il faudrait leur laisser un accès total », poursuit notre source. Et ce, même si la présence de ces animaux dans un lieu de prière est considérée comme « impure » par les fidèles.

A notre connaissance, aucune instruction écrite de la part de la hiérarchie policière n’a été diffusée aux services de police susceptibles de mener des perquisitions dans les lieux de culte. Contacté par 20 Minutes, le ministère de l’Intérieur est resté sans réponse.