L'Arrondi solidaire prend son envol
GENEROSITE•Le dispositif a permis de récolter un million d'euros en 2014 pour les associations carritatives....Delphine Bancaud
Vous passez à la caisse du Franprix et vous devez 19,80 euros. Au lieu de récupérer vos 20 centimes, vous décidez de les donner à une association. C’est le principe de l’Arrondi, un petit geste solidaire, qui sera l’objet d’une campagne de publicité dans les médias dès ce lundi. Car bien qu’encore trop peu connu du grand public, ce dispositif est en pleine croissance en France.
MicroDON, l’entreprise qui a mis en place l’Arrondi à la caisse, a aussi décliné le concept et propose désormais l’Arrondi sur salaire, sur le paiement en ligne et sur le relevé bancaire. « En 2014, 1.000.000 euros ont été collectés sur l’ensemble de ces dispositifs. Soit le double de 2013 », explique Olivier Cueille, directeur général de MicroDON.
Une démarche spontanée
En tête de peloton, l’Arrondi à la caisse est désormais proposé dans 405 supermarchés Franprix, 75 magasins Nature et Découvertes et 12 supermarchés Géant. Et MicroDON est en pourparlers avec cinq autres enseignes pour continuer à tisser la toile de ce dispositif. Chez Nature et Découvertes, le concept a d’ores et déjà séduit : « en six mois 600.000 dons d’en moyenne 20 centimes ont été effectués, ce qui nous a permis de récolter 100.000 euros », détaille Olivier Cueille.
Raison de cet engouement : « Les clients trouvent la démarche spontanée, rapide et simple et ont envie de participer à une bonne action », affirme-t-il. Un avis partagé par Jacques Malet, président de l’Institut Recherches et Solidarités : « l’Arrondi permet de raccourcir le temps entre le coup de cœur pour une association et le passage à l’acte. Et si les clients acceptent de faire ce geste c’est aussi que leur don est indolore ».
Un premier acte citoyen
Moins développé, mais tout aussi prometteur, l’Arrondi en ligne est désormais proposé par une douzaine de sites marchands. Et il semblerait que les Français aient tendance à être plus généreux quand le don est virtuel car le montant des arrondis est plus important avec ce dispositif. Quant à l’Arrondi sur salaire, créé en 2009, il concerne les salariés désireux de donner une certaine somme à une association chaque mois. L’intérêt pour eux, outre le fait de participer à une bonne action est de pouvoir déduire fiscalement le montant total de leurs dons effectués sur une année. En moyenne, chaque salarié participant verse trois ou quatre euros chaque mois.
Cerise sur le gâteau : leur entreprise s’engage à doubler le montant de leur don. Plus complexe à mettre en place que l’Arrondi en caisse, le dispositif séduit désormais 40 entreprises. « Mais comme nous avons davantage communiqué sur le sujet cette année, une à deux entreprises adhèrent désormais chaque mois au dispositif », annonce Olivier Cueille. Un succès qu’il explique aussi par « l’envie pour ces entreprises de faire vivre leur responsabilité sociale », selon lui. Quant à l’Arrondi sur relevé bancaire, il a plus de mal à décoller, puisqu’il n’a séduit que 1.000 clients de la BNP qui versent entre 2 et 4 euros par mois.
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« Mais ce qui compte surtout avec ces différents dispositifs, c’est que nous parvenions à faire venir des gens au don avec ce premier acte citoyen », estime Olivier Cueille. Même son de cloche chez Jacques Malet : « c’est une excellente sensibilisation pour ceux qui n’avaient pas encore l’habitude de partager, sachant que seul un Français sur quatre donne régulièrement à une association ». Sa seule inquiétude : « que les donateurs de l’Arrondi considèrent qu’ils ont fait le job et qu’ils ne fassent pas de dons plus significatifs à des associations. Il ne faudrait pas que le développement de ce système de générosité nuise aux autres », explique-t-il.
Reste que le champ des possibles semble encore très vaste pour l’Arrondi, car en Grande Bretagne, ce système de microdon permet de collecter 200 millions de livres par an et aux Etats-Unis plus de 400 millions de dollars.