VIDEO. Les agriculteurs en colère s'apprêtent à manifester à Paris jeudi au volant de leurs tracteurs

SOCIAL Les premiers tracteurs sont partis de Bretagne et une grosse manifestation se tiendra dès 7h jeudi dans la capitale...

O.G. avec AFP
— 
Des agriculteurs en colère partent de Rennes mardi 2 septembre pour rejoindre Paris jeudi.
Des agriculteurs en colère partent de Rennes mardi 2 septembre pour rejoindre Paris jeudi. — SIPA

Ils prévoient « un millier de tracteurs dans Paris » jeudi… au moins. Les premiers tracteurs partis de Bretagne et d’autres régions sont déjà en route vers la capitale pour clore un été de détresse et de colères par une manifestation monstre d’un monde agricole qui se sent coulé par l’effondrement des prix. Après une série de crises qui ont frappé tour à tour les productions laitières, bovine et porcine, la FNSEA, premier syndicat agricole du pays et celui des Jeunes agriculteurs (JA) ont appelé les paysans à crier leur désarroi dans les rues de la capitale « pour éviter que l’agriculture française ne parte en liquidation ».

Bretagne : Malgré la crise, les agriculteurs ont le cœur à la fête

Manifestation dès 7h jeudi

Si 1.000 tracteurs risquent de ralentir la circulation jeudi, les seules fédérations de la région Nord-Picardie assuraient mardi avoir mobilisé 800 tracteurs à elles seules, en plus de « quatre ou cinq bus » pour transporter les agriculteurs, promettant un accès difficile aux portes de Paris vers lesquelles convergeront dès 7h jeudi les différents convois partis de l’Ouest, du Massif central, du Val-de-Loire, de Bourgogne et de Rhône-Alpes, pour se réunir place de la Nation. La préfecture de police de Paris a invité d’ailleurs les habitants d’Ile-de-France à utiliser les transports en commun pour gagner Paris.

Des photos sur Twitter dévoilent le convoi des agriculteurs en colère.

#agriculteurs le convoi des tracteurs bretons est reparti de @Normandie cap sur #Rouen sur l'A13. @JABretagne @FNSEA pic.twitter.com/lFrWp1YdnM
— Bleu Breizh Izel (@Francebleubzh) September 2, 2015
2nd convoi breton part de Bretagne direction Paris @FNSEA @JeunesAgri #AvenirAgri pic.twitter.com/2agkYtIOVo
— Fabienne CombotMadec (@CombotMadec) September 2, 2015

Jeudi une délégation d’une centaine d’agriculteurs se rendra à l’Assemblée nationale puis au Sénat porter les doléances des paysans aux élus - bien que les chambres ne siègent pas en ce moment.

Pourquoi ces difficultés ?

Le contexte mondial est globalement défavorable aux producteurs français, entre l’embargo russe sur les produits agroalimentaires, la fin des quotas laitiers en Europe et le ralentissement économique de la Chine qui réduit ses achats, le tout provoquant une surproduction généralisée de lait, et par ricochet de viande, quand il faut réduire la taille des cheptels. Les éleveurs, les plus touchés par l’effondrement des cours du lait, mais aussi de la viande bovine et du porc et qui subissent la concurrence des voisins européens, ont été rejoints par les céréaliers ou les betteraviers jusqu’alors épargnés, mais dont les revenus plongent à leur tour avec le marché mondial. La tonne de blé tendre, dont la France est la première exportatrice européenne, a perdu plus de 40 euros depuis début juillet en raison d’une surabondance de l’offre mondiale.

Crise des éleveurs : Le gouvernement lance un plan d’urgence de 600 millions d’euros

La responsabilité de la grande distribution ?

Mais les agriculteurs dénoncent aussi la guerre des prix entre les enseignes de la grande distribution, qui tire toute la chaîne de production vers le bas. Les organisations d’agriculteurs réclament donc une aide immédiate pour sauver les exploitations parfois menacées dans leur survie et sortir les paysans du surendettement, qui frappe surtout les plus jeunes : le patron de la FNSEA Xavier Beulin l’a estimée à un milliard d’euros au total.

 

 

 

Trop de normes et de contraintes

Par ailleurs, et c’est l’objet initial de la mobilisation jeudi, le monde agricole dénonce un empilement de normes et de contraintes qui l’usent et l’accablent, tant elles changent rapidement. La FNSEA réclame « une pause réglementaire », un moratoire d’un an sur toute nouvelle mesure d’ordre sociale ou environnementale, jugeant que la France « va au-delà des contraintes européennes » dans sa transposition des textes communautaires.