Mortalité routière: L’alcool et les stupéfiants dans le collimateur des associations
SÉCURITÉ Après douze années de baisse, l'année 2014 a vu le nombre de tués sur les routes augmenter...
En 2014, 3.384 personnes ont été tuées sur les routes de France, soit 116 de plus qu’en 2013 (+3,5 %) selon le bilan annuel de la Sécurité routière, tandis que le nombre d’accidents a moins nettement augmenté (+2,4 %). Les chiffres, connus depuis janvier, sont indéniablement décevants. Ils s’inscrivent néanmoins dans une tendance globale de diminution des accidents de la route. D’ici 2020, la France doit passer sous la barre des 2.000 morts par an, selon le cap fixé par la Commission européenne.
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Les piétons et les cyclistes sont les plus touchés
Les associations déplorent évidemment la hausse du nombre de tués, mais toutes ne crient pas au « scandale », comme la Ligue contre la violence routière. Sa présidente, Chantal Perrichon, impute ce bilan mortel à la politique laxiste du gouvernement. Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 Millions d’automobilistes, n’est pas de cet avis. « Etant donné que l’on a observé une forte baisse de la mortalité sur les routes en 2013 (-11 %) – un phénomène que l’on n’a d’ailleurs pas totalement expliqué –, les chiffres de 2014 ne sont pas si catastrophiques », nuance-t-il.
En matière de mortalité routière, 2014 est la deuxième meilleure année depuis 1948. Depuis 1973, le nombre de tués a été divisé par cinq. Reste que les usagers vulnérables que sont les piétons et les cyclistes ont été particulièrement touchés au cours de l’année écoulée. Notons toutefois un point positif : la part des 18-24 ans dans les victimes d’accidents mortels, historiquement élevée, a diminué (-8 %).
L'alcool et les stupéfiants sont les principaux fléaux
Comportement des usagers, météo, état des routes et des véhicules… La mortalité routière est multifactorielle. Pour les associations, il faut mettre l’accent sur le renforcement des contrôles de police, à court terme, et la prévention, à long terme, afin de réduire les comportements à risque. L’alcool est impliqué dans 28 % des accidents mortels et la drogue l’est dans 23 % des cas. Depuis quelques années, la part des accidents mortels avec alcoolémie a peu varié, oscillant autour de 30 %. En revanche, le nombre de conducteurs contrôlés positifs aux stupéfiants est en hausse.
#LT En France, en 2014, 28 % des accidents mortels sont liés à la consommation d’alcool ; 23 % à la consommation de stupéfiants. #Garches
— Sécurité routière (@RoutePlusSure) May 28, 2015
« C’est inacceptable que la France soit l’un des cancres mondiaux de l’alcool au volant », martèle Pierre Chasseray, qui prône une extension des contrôles d’alcoolémie ciblés selon le lieu et l’heure. À ce jour, 10 millions de contrôles sont effectués chaque année. Le déploiement des éthylotests antidémarrage, pour les conducteurs déjà sanctionnés pour conduite en état d’ivresse, fait partie de l’arsenal promis par le gouvernement, rappelle Jean-Yves Salün, de l’association Prévention routière. Le dépistage des stupéfiants pourrait être étendu grâce à un nouveau test salivaire.
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Réduction de la vitesse et amélioration des routes
La réduction de la vitesse autorisée fait moins l’unanimité. « Les autoroutes ont un faible taux d’accident, il faut arrêter de stigmatiser la vitesse », insiste Christiane Bayard, secrétaire général de la Ligue des conducteurs. Pour autant, « la mise en place, peut-être un peu zélée, de ronds-points a permis de réduire le nombre d’accidents aux intersections en obligeant les conducteurs à lever le pied », observe Jean-Yves Salün. La généralisation des doubles glissières de sécurité sur les routes permettrait de renforcer la sécurité des deux-roues. De tels exigent d’importants investissements, dans un contexte de contraction des dépenses publiques.