Le président de la Licra demande à Netanyahou de cesser ses appels à rejoindre Israël

SOCIETE «La vocation d'Israël n'est pas de devenir le dernier village juif de la planète», déclare Alain Jakubowicz...

20 Minutes avec AFP
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Alain Jakubowicz, le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), le 24 mars 2013 à Paris
Alain Jakubowicz, le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), le 24 mars 2013 à Paris — Pierre Verdy AFP

Le président de la Licra, principale association de lutte contre l'antisémitisme en France, demande mercredi «respectueusement mais fermement» au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de cesser d'appeler les juifs d'Europe à rejoindre Israël, soulignant qu'il n'est pas dans la tradition juive de «déserter».

«Certes, un antisémitisme mortifère frappe à nouveau notre vieille Europe», écrit Alain Jakubowicz dans une tribune publiée par Le Monde. «Mais au nom de quoi les juifs européens et particulièrement les juifs français quitteraient leur pays?» «Ce n'est pas à eux de partir, mais aux salauds qui s'attaquent à eux. Il n'est ni dans l'histoire ni dans la tradition juive de déserter», plaide l'avocat.

«Israël ne peut pas prospérer sur le malheur des juifs»

«Je n'accepte pas l'idée que les juifs soient confinés dans un Etat, fût-il le leur. La vocation d'Israël n'est pas de devenir le dernier village juif de la planète», fait valoir le responsable associatif, qui précise s'exprimer ici «à titre personnel». Alain Jakubowicz dit respecter ses «concitoyens qui font le choix de l'aliyah», l'émigration juive vers Israël, qui a plus que triplé entre 2012 et 2014 depuis la France, devenue l'an dernier le premier pays de départs (6.658 migrants contre 1.923 deux ans plus tôt).

Mais «si leur nombre est en forte augmentation, comme les médias se plaisent à le rappeler à satiété, il ne s'agit pas pour autant d'un exode», estime le président de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme. «Israël ne peut pas prospérer sur le malheur des juifs. La peur et le repli ne peuvent être les ingrédients d'une aliyah harmonieuse», poursuit-il.

Actuellement en campagne électorale, Benjamin Netanyahou avait agacé les autorités françaises en janvier en lançant à la première minorité juive d'Europe (un demi-million de membres), choquée par le quadruple assassinat de l'Hyper Cacher, qu'Israël était son «foyer». Malgré la vive réplique du Premier ministre Manuel Valls, le chef du gouvernement israélien a récidivé dimanche en disant aux juifs d'Europe, après l'assassinat d'un homme devant une synagogue à Copenhague, qu'Israël les attendait «à bras ouverts».